Jaguar F-Type : la brute civilisée
Long capot avant, cul rebondi, puissance évidente, un petit côté « swinging London », tout dans la F-Type rappelle la Type E des sixties, sans être un avatar néo-rétro type « années 2000 » (VW Beetle, Mini, Fiat 500 ou autres). Cette simple performance mérite d’être soulignée. Avec Ian Callum, cette Jag’ est toute en subtilité, évocatrice sans être imitatrice. Rares sont ceux qui ont réussi l’exercice auparavant, mais la F-Type tire son épingle du jeu dans ce domaine. A les voir descendant l’avenue de la Grande Armée, et s’engageant vers le palais des Congrès Porte Maillot, on sait d’entrée qu’il s’agit d’un animal racé. A entendre le bruit, on est conforté dans cette idée….
Rien que le nom de la F-Type (nom de code X152) rappelle celle qu’en France on appellait Type E, mais qu’ailleurs on appellait E-Type. La filiation est explicite à moins d’être bouché. D’ailleurs, détail amusant, la E-Type succèdait à la XK 150 en 1961, tandis que la F-Type succèdait à la XK « tout court » en 2013. D’ailleurs la F-Type de série dérive du concept car CX-16 dévoilé en 2011 à Francfort, 50 ans après la sortie officielle de la E-Type : il n’y a pas de hasard dans l’industrie automobile !
La CX16 qui préfigurait la F-TypeAprès des années à flirter avec le Grand Tourisme avec la XJ-S (lire aussi : Jaguar XJ-S) ou la XK, Jaguar, désormais sous l’égide de l’indien Tata, revient aux origines avec un roadster (en 2013) puis un coupé (en 2014) dignes de succéder à la E-Type mais revus à la sauce moderne. Pour cet opus, les fondamentaux sont donc respectés, mais adaptés au monde d’aujourd’hui : deux carrosseries (cabriolet puis coupé), deux types de transmission (propulsion ou AWD), deux moteurs (V6 ou V8). A la baguette et aux crayons, Ian Callum évidemment !
Concernant les puissances, tout commence avec la F-Type « normale », équipée du V6 3 litres turbo délivrant tranquillement ses 340 chevaux. Il suffit de passer à la version « S » pour atteindre 380 chevaux. Pour ce qui est de la « R » on passe à un V8 délivrant 550 chevaux. Ce n’est pas la plus puissante des voitures existante aujourd’hui, mais pour le commun des mortels, avoir un tel engin entre les mains est proprement prodigieux.
D’ailleurs, pour avoir conduit la F-Type « S » Cab’ sur 250 km, elle est largement suffisante sur route ouverte. Mais sur la piste, les 170 ch de différence s’apprécient autrement. La vraie différence pour une utilisation quotidienne sera certainement quelques options et surtout, le bruit du moteur, plus discret sur le V6, envoûtant sur le V8! Je vous passe les considérations bassement matérielles de la consommation, qui, à ce niveau de prix, n’entrent plus en ligne de compte !
Mais si l’on rentre dans les questions de tarifs, force est de constater qu’avec un tarif d’attaque de 65 000 euros environ, la F-Type, même en simple propulsion et en V6 340 ch, est très bien placée. Reste à savoir si vous avez besoin de 550 ch pour vous faire plaisir. Si sur la route la différence n’est pas flagrante, sur la piste, c’est tout autre chose.
Parlons-en de la piste : aux mains d’Anthony Beltoise, ambassadeur de la marque, le V8 associé à la simple propulsion est un régal. Sans effort, le bougre arrive à doubler tout ce qui roule à Magny-Cours, le tout en glissant dans les virages, en accélérant fort, et en discutant comme si de rien n’était. Dans mes mains, mais en AWD, tout semble plus dur, plus brutal, voire bestial, et j’ai toutes les peines du monde à rester dans le rythme. C’est bien la preuve qu’il ne suffit pas d’avoir des watts pour être en tête. Mes acolytes bien meilleurs pilotes que moi diront la même chose.
Ce qui est sûr en tout cas, c’est que l’assistance, pourtant propriétaire de nombreuses GT ou supercars, salua le design de ces 4 fauves. Et que bien conduites, ils ne redoutaient pas grand monde. Et surtout, sur route ouverte, ils procuraient un énorme plaisir (ne serait-ce que celui d’être regardé avec envie, certes, mais aussi sympathie).
Reste à savoir si la F-Type rencontrera le même succès que l’E-Type (qui fut produite à 72 584 exemplaires) ? Quoi qu’il en soit, la F-Type aura atteint son objectif : changer l’image de Jaguar et relancer la marque dans le domaine du sport, pour mieux vendre ses berlines et notamment sa petite XE qui sortira prochainement. La XE « R » disposera d’ailleurs du V6 3 litres Turbo de la F-Type « S » (380 bourrins) et l’on sait combien l’image compte dans le domaine du « premium » où Jaguar lutte contre des adversaires pour la plupart germaniques plutôt bien installés. Mais pour moi, la F-Type peut-être une bonne alternative à des GT d’outre-rhin bien plus chères et plus « convenues ». Chacun ses goûts !
Merci à Alberico (Pirelli) et Laurent (Jaguar) pour leur disponibilité, et à Anthony pour sa zénitude
Merci à Sab, Pierre, Pierre, Charles, et Saad pour leur gentillesse