Fiat 130 Maremma: pour le bon plaisir d'Agnelli !
Hier, j’ai re-publié sur Facebook mon article sur la Peugeot 504 Riviera (lire aussi : Peugeot 504 Riviera) avec une accroche provocatrice : « la voiture française la plus sexy ? ». Il faut dire que j’ai un faible pour les breaks de chasse (ou « shooting brake » en anglais, lire aussi : Aston Martin DB5 Shooting Brake), délicieusement inutiles et donc absolument indispensables. En fait, ils sont souvent pour moi signe de classe absolue. Il faut dire aussi qu’ils sont rares, souvent fabriqués à l’unité (Riviera), ou en petites séries (Aston Martin), même s’il en existe des plus diffusés (Lancia Beta HPE, Volvo 480 entre autres, lire aussi: Volvo 480).
Dans les années 70, c’est Pininfarina qui s’entiche de ce type de carrosserie : une manière aussi pour lui de proposer des petites séries aux constructeurs, pas toujours avec succès. Ainsi en 1971, il proposait la Riviera à Peugeot, qui se contenta pourtant des seuls coupés et cabriolets 504. C’est aussi en 1971 qu’est lancé le coupé Fiat 130, dessiné lui aussi par Pininfarina. Mais si les 504 se vendent bien, ce n’est pas le cas du Coupé 130 (seuls 4491 exemplaires seront fabriqués entre 1971 et 1977). Pininfarina décide donc de donner des idées au constructeur italien, en présentant en 1974 deux « dérivés » de son Coupé 130 : la berline Opéra (dont je reparlerais plus tard), et le break de Chasse Maremma.
Maremma ? Il s’agit du nom d’une région agréable de Toscane, couverte d’Oliviers, de vignes, et surtout réputée pour la chasse : vous suivez ? Un nom idéal pour un break de Chasse (un peu comme si la 504 Riviera s’était appelée « Sologne »). Pour être sûr de séduire Gianni Agnelli, Pininfarina présente une voiture totalement fonctionnelle, à l’intérieur luxueux (en gros velours moelleux, c’est la mode dans les années 70 plus que le cuir) et dotée du V6 3,2 litres de 165 ch équipant déjà le coupé : une puissance respectable à l’époque.
La ligne est très équilibrée, et ressemble assez à la proposition faite à Peugeot en 1971, sauf pour le hayon arrière, légèrement boursouflé à sa base, plus travaillé, mais à mon sens moins réussi. Malgré tout, la Maremma reste extrêmement séduisante, apte à dynamiser la gamme 130 à la peine sur le marché.
Comme l’espérait Pininfarina, la Maremma tape dans l’oeil d’Agnelli. Mais contrairement à ce qu’il attendait, ce ne sera pas pour le produire en série, mais pour s’en réserver un exemplaire. Car Fiat a déjà fait une croix sur le haut de gamme : il faut bien se l’avouer (et ce dès 1974), la 130 est un échec total. Bon, le rachat de Lancia en 1969 (année de sortie de la 130) n’a pas arrangé les choses, avec son positionnement plus haut de gamme que Fiat. Cela dit, la Gamma fera à peine mieux (22 076 exemplaires entre 1975 et 1984, lire aussi : Lancia Gamma Coupé). Et de toute façon, l’Italie semble avoir perdu le match du haut de gamme contre l’Allemagne en ces années 70 (lire aussi : Alfa Romeo 6).
Bref, c’est acté, il n’y aura pas de dérivé Maremma, sauf pour le bon plaisir de Gianni Agnelli, qu’on verra pourtant rarement à son volant (la voiture sera enregistrée à son nom en avril 1975). Cela dit, le Fiat 130 Owner’s club d’Italie (http://www.fiat130.it) confirme qu’il n’y eut pas 1 mais 3 exemplaires fabriqués, et qu’aujourd’hui, 2 de ces exemplaires sont identifiés : l’un est visible au musée Pininfarina, tandis que l’autre appartient au Président du Club Lancia. Reste à retrouver le 3ème.
Cela vous laisse une chance de devenir propriétaire de l’un des plus désirable break de chasse de son époque. En vous mettant en chasse, peut-être arriverez-vous à trouver cette perle ultra-rare qui hante votre esprit depuis le début de cet article ? C’est tout le mal que je vous souhaite !