Ferrari F50 : démonstrateur technologique en série limitée
La Ferrari F50 est une voiture paradoxale : chef d’œuvre et point d’orgue de la gamme Ferrari de l’époque, objet de spéculation en série limitée, elle inaugurait pourtant un nouveau design entièrement tourné vers l’efficacité au détriment de la pure beauté – un design moins évident que le reste de la gamme à l’époque (F355, F512 M, ou 456 GT) et que l’on retrouvera un peu sur la F360 Modena de 1999. Petite histoire de cette Ferrari mythique, héritière de la F40 !
Depuis 1992, la F40 n’était plus produite à Maranello. Après 1 311 exemplaires produits depuis 1987, au lieu des 400 initialement prévus, Ferrari ne disposait plus de « supercar » dans sa gamme. Sous l’impulsion de Luca di Montezemolo, président de l’entreprise, on décida donc d’offrir une héritière à la dernière Ferrari développée sous l’égide d’Enzo Ferrari, une sorte d’hommage dont le nom sonnerait comme une résonance à cette première F40, et pourrait presque faire croire à une référence aux 50 ans de la marque. C’est ainsi qu’est lancé le projet F130, alors que la F40 est encore sur les chaînes de production, mais avec l’idée d’une voiture vitrine du savoir-faire technologique et sportif de Ferrari.
La Ferrari F50 n’est pas la plus belle des supercars, mais elle dérive directement d’une voiture de course, la 333 SPContrairement à la F40 dont on avait augmenté les volumes de production pour répondre à l’énorme demande (pour ce type de marché) et profiter de la spéculation, la F50 devait rester exclusive : seuls 349 exemplaires seraient vendus, pas un de plus. Pour « préserver » l’exclusivité, il y avait déjà le prix : avec un chèque de 2,7 millions de francs à signer, il fallait avoir de solides réserves financières. Mais en outre, il fallait, pour pouvoir prétendre à cette F50, être déjà propriétaire d’une Ferrari à moteur V12. La F50 est en quelque sorte la première Ferrari issue de la politique de rareté instaurée par di Montezemolo, privilégiant la cote sur le long terme, protégeant l’image de marque par une rareté savamment entretenue : une politique encore d’actualité aujourd’hui.
Vous l’aurez compris, s’il fallait déjà rouler en V12 de la marque pour s’acheter une F50, c’est que cette dernière contrairement à la 288 GTO ou la F40 qui lui succéda, n’optait pas pour le V8 suralimenté, mais bel et bien pour un 12 cylindres en V atmosphérique ! Adieu la brutalité et le côté alternatif du turbo, place à la puissance naturelle et progressive jusque très haut dans les tours, avec 520 chevaux pour une cylindrée de 4.7 litres et 60 soupapes.
Autre différence avec ses ancêtres, la F50 n’est pas le fruit de choix de circonstances. La 288 devait être une Groupe B, une discipline que Ferrari ne connaissait pas bien, et dont la F40 reprenait la base, adaptée à la piste. La F50, elle, se voulait issue du meilleur de Ferrari, sa discipline de prédilection : la Formule 1. Elle espérait d’ailleurs permettre à ses clients de tutoyer l’expérience d’une F1, mais sur route, d’où le choix d’une carrosserie découverte (même si un toit hard top permettait d’en avoir une utilisation un peu plus polyvalente).
Ce n’est pourtant pas une Formule 1 qui servira de base de travail aux équipes de Maranello, trop compliquée à adapter à un usage routier, mais la barquette 333 SP qui courait en IMSA en 1994. Cela assurait au projet F130 les gènes de la course, du circuit et de la compétition en règle générale. Comme en F1, le design n’était pas le fruit du hasard, mais d’un travail en soufflerie pour la meilleure aérodynamique et la meilleure efficacité possibles. Le dessin était signé Lorenzo Ramaciotti pour le compte de Pininfarina, et tranchait franchement avec la production Ferrari de l’époque, à laquelle il ne se rattachait pas. Mais à voiture extrême, design extrême !
La F50 disposait d’une carrosserie monocoque en matériaux composites (kevlar et carbone), à la manière des monoplaces reines, tandis que le moteur était lui aussi porteur. Légèreté, équilibre, tenue de route et puissance, tels étaient les maîtres mots de la F50. Et force est de constater qu’à défaut d’être beau, le résultat est époustouflant ! Avec 325 km/h en vitesse de pointe, et un 0 à 100 en moins de 4s (3,8 pour être précis), la F50 offrait des performances de tout premier plan. Et c’était bien le but de la manœuvre : affronter la concurrence sur le domaine des performances et de la technologie, notamment McLaren et sa F1 (lire aussi : McLaren F1), ou Bugatti et son EB110 (lire aussi : Bugatti EB110). En revanche, étrangement, la F50 disposait d’une transmission classique, manuelle à 6 vitesses, avec la fameuse grille Ferrari.
La F50 ne sera produite que durant deux ans, arrivant à faire coïncider sa fin de carrière avec le réel cinquantenaire de Ferrari, entre 1995 et 1997. Les 349 exemplaires trouvèrent tous preneurs, comme l’avait prédit Montezemolo, laissant quelques amateurs sur le carreaux, obligés d’attendre qu’un propriétaire se sépare de sa bête pour en obtenir une, et entretenant effectivement la cote jusqu’à des sommets (environ 1,5 millions d’euros aujourd’hui). Il fallut en outre attendre 2003, soit 6 ans, pour voir apparaître une héritière dans la catégorie supercar, avec la fameuse Enzo (lire aussi : Ferrari Enzo). Evidemment, seule une petite catégorie de personnes particulièrement fortunées et passionnées pourront un jour s’offrir un tel jouet, même s’il est toujours permis de rêver.
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES | |
Motorisation | |
Moteur | V12 à 60°, 60 soupapes, longitudinal Central AR |
Cylindrée | 4698 cm3 |
Alimentation | Gestion électronique Bosch Motronic 2.7 |
Puissance | 520 chevaux |
Couple | 471 Nm à 6500 tours |
Transmission | |
Roues motrices | Propulsion |
Boîte de vitesses | Manuelle 6 vitesses |
Roues / Pneus | |
Pneumatiques | Avant 245/45 ZR18, Arrière 335/30 ZR18 |
Dimensions | |
Longueur | 4480 mm |
Largeur | 1986 mm |
Hauteur | 1120 mm |
Poids à vide | 1350 kg |
Performances | |
Vitesse maxi | 325 km/h |
Production | 349 exemplaires (1995-1997) |
Tarif | |
Cote moyenne 2018 | 1,5 millions d’euros |