Ferrari 365/400/412 : divine diva !
On pourrait croire que si je ne parle pas d’une voiture, c’est qu’elle ne me plaît pas. Il n’en est rien. Parfois, il s’agit juste d’un refus d’obstacle, devant l’ampleur de la tâche, ou de la stature iconique de la belle ! C’est le cas du trio de Ferrari 365/400/412 qui fait sans doute partie de mon panthéon automobile. J’adore le style de cette bagnole, j’adore sa philosophie, et surtout, j’aime son décalage dans la gamme Ferrari. D’ailleurs, vous aurez remarqué mon affection certaines pour les Ferrari 4 places, comme la 456 GT (lire aussi : Ferrari 456 GT) ou même la Mondial (lire aussi : Ferrari Mondial), sans parler de la sublime 308 GT4 (lire aussi : Ferrari-Dino 308 GT4).
Et puis j’avais été marqué par la 400i de Charlie Babbitt (Tom Cruise dans Rain Man), lui qui semblait faire un métier de rêve : importateur de voitures de luxe et de collection (on ne se refait pas). Détail rigolo, malgré la présence d’une boîte automatique (à partir de la 400) et le respect des normes américaines, les 400 et 412 ne furent jamais importées officiellement aux USA, mais bel et bien par des importateurs « parallèles » à la manière de Charlie Babbitt ! Bref, j’aimais la 400, puis la 412, voitures de mon adolescence, et par extension la 365 GT4, leur prédécesseur à la carrosserie quasi identique (mais reconnaissable à ses 6 feux arrières).
La 365 GT4 2+2 est apparue en 1972, prenant la succession de la 365 GTC/4 (lire aussi : Ferrari 365 GTC/4). Avec cette dernière, on était dans le sublime façon sixties, mais avec la nouvelle 2+2 dessinée elle aussi par Pininfarina, on touche au sublime des seventies qui aura su évoluer par toute petite touche pour atteindre … le sublime des eighties ! Rien de plus difficile de rester intemporelle, et la 365/400/412 aura su rester relativement à la page stylistiquement durant toute sa longue carrière (1972-1989) ! Encore aujourd’hui, sa ligne frise la perfection, à l’heure où les carrosserie se plissent, se courbent, se couvrent de vagues, de calandres façon coupe frites et de tout un tas d’artifices parfois malheureux.
Avec cette nouvelle « grande Ferrari » à moteur V12 à l’avant, tout n’est que simplicité, pour une fois en 3 volumes (ce qui n’arrivera plus vraiment chez Ferrari), et il faut avouer que tout fonctionne. Elle nous paraît classique aujourd’hui, mais à l’époque, elle était en rupture avec le style en vogue chez Ferrari jusque là. Le carré se fait plus présent, et on sent que la marque de Maranello cherchait à se renouveler en ce début des années 70 (la 308 GT4 en est la preuve, même s’il s’agissait au début d’une Dino).
La dernière fois que je suis venu là (Florence), c’était en Renault Talisman: pas le même charme !La première génération, produite de 1972 à 1976 n’était disponible qu’en boîte manuelle, avec un V12 de 4,4 litres de cylindrée développant ses 350 chevaux tout de même, ce qui, à l’époque et sur une 4 places, n’était pas banal ! Elle se vendra à 524 exemplaires avant d’être remplacée par la 400, qui n’en est qu’une évolution stylistique mais aussi mécanique puisque son moteur, gardant la même puissance, gagne en cylindrée avec 4,8 litres. Grande nouveauté, la boîte automatique est introduite. L’Automatic, disposant d’une boîte à 3 vitesses Borg-Warner, se vendra désormais mieux que la version manuelle dite GT (avec 355 exemplaires vendus pour la première, et 147 pour la deuxième). Pas étonnant, car finalement, cette voiture n’était pas faite pour le sport, mais pour le Grand Tourisme : la philosophie de la boîte auto (une première chez Ferrari) lui allait plutôt bien.
En 1979, c’est au tour de la 400i de faire son apparition. La vraie différence ? L’adoption de l’injection et le respect des normes de pollution américaine, faisant chuter la puissance du V12 à 310 chevaux ! Malgré cela, elle sera la série la plus vendue du trio, avec 855 Automatic et 422 GT jusqu’en 1985. Vient alors, pour assurer la fin de carrière du modèle, la 412, qui vient corriger le défaut essentiel de la 400i : sa perte de puissance. Désormais, le V12 cube 4,9 litres (4943 cm3) et retrouve ses 340 chevaux tout en recevant un très léger coup de cosmétique (avec notamment des clignos blancs). 270 GT et 306 Automatic seront vendus jusqu’en 1989, cloturant la longue carrière du modèle sur un total de 2879 exemplaires (524 pour la 365, 502 pour la 400, 1277 pour la 400i et 576 pour la 412… Le tout réparti entre 1516 Automatic et 1363 GT. La 412 restera quelques temps sans descendance puisqu’il faudra attendre 1992 pour que la 456 GT fasse son apparition, dans un autre style mais tout aussi séduisante !
Aujourd’hui, l’un ou l’autre de ces modèles sont bien entendu recherchés, mais reste encore dans des zones tarifaires raisonnables ! Si l’envie vous prend de rouler avec une 365, une 400, une 400i ou une 412, je vous conseille de vous décider rapidement, la cote montant un peu plus à chaque vente aux enchères. Moi j’avoue que, dans un monde idéal, je roulerais probablement avec un tel modèle (sans doute une 412 si je devais choisir). Si vous recherchez l’originalité, vous pouvez toujours vous mettre en chasse d’un break de chasse Felber (lire aussi : Felber) ou bien d’une version cabriolet (notamment Straman, mais je reviendrais un peu plus tard dessus). En attendant, vous pouvez toujours vous repasser Rain Man !