DS 5 Présidentielle : la voiture win/win !
Après les tragiques attentats de vendredi soir dernier, j’ai passé un certain temps devant la télévision, incapable de réagir ou d’écrire véritablement. J’ai pu donc voir notre président de la République se déplacer à droite à gauche, dans sa DS 5 présidentielle. Malgré l’abattement, mon œil d’amateur d’automobile a tout de suite repéré la voiture, d’autant que je venais de rendre mon modèle d’essai le vendredi matin : on ne se refait pas, et puis la vie DOIT continuer.
Aussi avant de vous parler plus précisément de la DS 5 (patience, cela vient), j’ai décidé de vous parler de celle du président. Oh pas celle qu’il utilise actuellement, qui n’est qu’une version « de série » blindée, mais celle qu’il utilisa le jour de son investiture en tant que nouveau président de la République.
Il est loin le temps où l’Elysée passait commande de coûteuse voitures modifiées auprès de carrossiers comme Chapron (lire aussi : Citroën SM Présidentielle). L’heure est aujourd’hui à l’économie, et si le parc automobile de la présidence dispose évidemment de véhicules blindés pour des raisons de protection évidentes (DS 5, Citröen C6 et Renault Vel Satis aujourd’hui), il n’est plus question d’investir dans des véhicules d’apparat qui grèveraient les comptes tout en faisant hurler les chantres de l’exemplarité et de l’économat !
La DS 5 Décapotable, propriété de Citroën, exposée au C-42 !C’est donc une nouvelle formule (que l’on dirait « win/win » dans le sabir marketing d’aujourd’hui) qu’ont choisi les présidents Sarkozy et Hollande : un partenariat avec un constructeur pour la mise à disposition d’un véhicule spécifique en échange de visibilité. Nicolas Sarkozy avait choisi la Peugeot 607 Paladine (lire aussi : Peugeot 607 Paladine), François Hollande a quant à lui opté pour une DS 5 un peu spéciale, réalisée pour l’occasion. Le choix des véhicules n’est pas forcément anodin (lire aussi : Ta berline est politique camarade !).
La capote préfigure celle de la DS 3 CabrioTout comme la 607 restait la propriété de Peugeot, la DS 5 restait celle de Citroën (à l’époque, DS n’était pas une marque à part). Pour Hollande, rouler en DS 5, voiture française fabriquée à Sochaux, dans sa version Hybrid4, relevait du message politique : simplicité, made in France, écologie. Pour Citroën, cela relevait de la communication : mettre en avant son navire amiral, et présenter en avant première un toit rétractable en toile qui apparaîtrait quelques temps plus tard sur la DS 3 Cabrio. Win/win on vous dit.
La performance de Citroën et du carrossier qui l’aida dans ce projet est assez folle : il aura fallu modifier et créer cette DS en quelques jours, entre l’élection et l’investiture. 80 heures de travail auront été nécessaires pour découper le toit et ajouter la capote en toile, et modifier quelques détails (porte-fanions, poignée sur l’appui-tête, éléments de sécurité et blindage aux spécificités tenues secrètes).
Après avoir descendu les Champs-Elysées et déposé le président dans sa nouvelle résidence, la DS 5 présidentielle est allée s’exposer au C-42, le show room de la marque (puis rejoindre le patrimoine Citroën). Profitant de l’ignorance d’un certain public, certains opposants à François Hollande ont diffusé par mail un édifiant compte d’apothicaire, dont pas une seule ligne n’est fondée, calculant (on ne sait comment) que le « caprice » du président aurait coûté près de 900 000 euros au contribuable. La crédulité (et la flemme de vérifier sans doute?) a fait tourner ce mail pendant de long mois (A lire, c’est édifiant de bêtises : http://www.debunkersdehoax.org/les-fachos-fantasment-sur-les-voitures-de-fonction-presidentielles).
Pour ceux qui voudrait en savoir un peu plus, voici la petite vidéo sur les voitures présidentielles et cette DS5 en particulier :