Dacia Denem: une roumaine chez les Rosbifs !
Aujourd’hui, un lecteur me suggérait de parler de la Dacia Denem. Elle était dans les cartons de BR, mais mis au défi, je n’ai pas pu m’empêcher de la faire paraître le jour même. Je suis comme ça, que voulez-vous ! Et puis, il faut bien s’occuper (vous ou moi) en ce dimanche pluvieux et venteux de janvier. Remarquez, le temps d’aujourd’hui se prête bien à cette Denem, puisqu’elle se réservait à une chanceuse clientèle d’outre manche, habituée à un tel climat !
J’en vois déjà s’étonner de cette Dacia inconnue… Denem ? « c’est quoi donc » cette roumaine qu’on ne connait point ? En fait, elle est relativement connue, puisqu’il ne s’agit, ni plus ni moins, que d’une 1310, mais qui avait l’outrecuidance d’imaginer qu’elle pourrait séduire une clientèle britannique juste en changeant de nom. Avouez que c’est cocasse !
Car Dacia, à la fin des années 70 et au début des années 80, débarrassée du contrat qui la liait à Renault, se pique de rapporter des devises au Conducator, l’ami Ceaucescu, qui en a bien besoin pour mener ses projets pharaoniques. En outre, il convient d’offrir au monde entier la fabuleuse technologie roumaine, qui n’a pourtant pas gagné en qualité depuis la fin du partenariat avec la marque au losange.
Le premier marché qui se vit offrir cette belle voiture fut la Belgique, entre 1978 et 1980. Pourtant, avec 631 exemplaires vendus chez nos amis d’outre Quiévrain, les dirigeants de Dacia auraient du avoir la puce à l’oreille. Mais non, persuadée qu’il existait un marché pour sa déjà dépassée 1310, la marque de Pitesti décidait en 1980, alors même que la R12 disparaissait de la gamme Renault, d’exporter vers la perfide Albion ses beaux modèles rebaptisés Denem, bénéficiant du coup de jeune du relifting de 1979.
Ce ne sera qu’à partir de 1982 que l’importation commencera, en version Sedan, Estate, et pick up (qui restera en vente jusqu’en 1990), et en 4 finitions : L Base, L, GL et GLX, le tout avec le 4 cylindres de 1,4 litres de cylindrées et 58 ch (il semblerait que quelques versions diesels furent importées en pick up, d’origine Volkswagen). La version coupé 1410 ne sera malheureusement (ou heureusement ?) jamais proposé en Angleterre (lire aussi: Dacia 1410). Mais s’il existait bel et bien un marché pour des berines abordables venues de l’Est en Grande Bretagne, cela n’empêcha pas l’échec de la Denem. Si abordable qu’elle soit, elle n’en offrait pas beaucoup plus que ses concurrentes bien mieux placées en terme de prix : la Denem s’offrait à 3190 £ quand la Yugo se vendait 2849 £ (lire aussi : Yugo), la Lada 1200 à 2499 £, la FSO 1300 à 2599 £ et la Skoda Estelle à 2449 £ (une version cabriolet était aussi disponible, lire aussi : Skoda Rapid Cabriolet).
Bref, la Denem ne risquait pas de bouleverser le marché britannique, malgré quelques timides campagnes de publicité qui illustrent cette page. Le chiffre de vente le plus optimiste que j’ai pu trouver s’élève à 700 exemplaires. Autant dire peanuts ! Mais aujourd’hui, la Denem n’est plus seulement rare, elle est aussi en voie de disparition, un seul exemplaire roulant étant encore recensé ! Si vous comptiez vraiment vous la jouer original avec une Denem, bien plus chic qu’une vulgaire 1310 vue et revue, c’est raté. Enfin presque, puisqu’il doit bien en rester quelques exemplaires cachés dans des granges du Sussex ou d’ailleurs. Voilà une chasse au trésor qui pourrait occuper vos dimanches pluvieux !