Dacia Lodgy : la fausse roumaine !
Certains lecteurs doivent se rappeler avoir vu passer sur la page Facebook de Boîtier Rouge des photos d’un Dacia Lodgy en essai dans ma campagne berrichonne. Je me souviens même que beaucoup s’en étaient étonnés, pensant que BR perdait son âme en essayant une cariole roumaine. Ils avaient pourtant tort. D’abord, il ne s’agit pas d’une roumaine, mais d’une marocaine, nuance ! Ensuite, moi qui n’était baigné que dans l’imaginaire Dacia des années 70 à 90, il me semblait opportun de monter au moins une fois dans une Dacia « moderne ». Enfin, s’agissant d’un relatif échec (pour l’instant), je me suis dit qu’il fallait d’ores et déjà préparer le BR de 2030 ! Enfin, je fais ce que je veux et puis c’est tout.
Le Dacia Lodgy en terre berrichonne !
En fait, pour ne rien vous cacher, cet essai s’est fait par hasard. Alors que j’essayais la Renault Talisman à l’autre bout du spectre et de l’Europe (lire aussi : Renault Talisman), la discussion avec le staff Renault m’amena à la Laguna Coupé, voiture qu’il m’aurait bien plu d’essayer avant sa disparition du parc presse. L’occasion faisant le larron, j’appelle dare-dare le parc de retour à Paris : manque de bol, la Laguna n’est pas disponible avant deux jours, le temps de la préparer. Mais on me propose le Lodgy, disponible à la minute ou presque. Ni une ni deux, je saisis une occasion que je n’avais pas planifiée, et me voilà reparti avec ma fausse Roumaine !
C’est en 1999 que Renault prend le contrôle de la marque Dacia, mettant un point final à des années de partenariat. Car c’est en 1966 qu’est signé le premier contrat liant Renault à Dacia, amenant d’abord à la fabrication de la 1100 (lire aussi : Dacia 1100) puis de la 1300 (en fait une Renault 12, qui deviendra le best-seller de la marque). Mais peu de gens savent que les deux marques se brouilleront en 1979, laissant Dacia se débrouiller seul avec pour seule base l’héritage du losange qu’elle va décliner à toutes les sauces (lire aussi : Dacia 1410). Il faudra 20 années pour que la firme française regarde à nouveau du côté des Carpates et de la Mer Noire. L’idée de Louis Schweitzer à l’époque : développer une marque low cost aux côtés de la maison mère, destinée aux marchés émergents. Contre toute attente, Dacia réussira au delà des espérances, permettant de développer une gamme autour du premier modèle Logan : la Sandero, le Duster et enfin ce Lodgy (en attendant peut-être la Kwid, qui réussira peut-être là où la Lastun avait échoué dans les années 80, lire aussi : Dacia Lastun).
Quand on parle de Dacia, il faut cependant se rappeler que toutes les voitures fabriquées à Pitesti ne sortent pas avec le même logo : la gamme porte parfois le losange dans certains pays. De même, toutes les Dacia ne viennet pas de Roumanie, la preuve avec ce Lodgy fabriqué à Tanger, au Maroc, dans une usine ultra-moderne. Dacia, c’est un concept mondial qui permet d’investir des marchés en fonction des besoins : en Europe, sous sa marque ; et dans le reste du monde sous la marque Renault. C’est presque par accident que les voitures roumaines se sont retrouvées en vente en France, et d’une certaine manière, le succès de la Logan dans l’hexagone en surprendra plus d’un, y compris chez Renault.
Passé l’effet Logan, Dacia va s’atteler à développer sa gamme pour l’Europe mais aussi pour le reste du monde : la Sandero puis le « génial » Duster (oui, c’est une vraie bonne idée marketing, et donc commerciale, le tout-chemin devenant la nouvelle locomotive de la gamme, permettant en outre d’engranger de confortables bénéfices ; comme quoi on peut gagner de l’argent avec du low cost). Bref, le projet J92 qui doit offrir à Dacia son premier monospace (et réitérer le succès du Duster) est lancé à la fin des années 2000, et le Lodgy présenté au salon de Genève 2012.
Mais contrairement au Duster, le Lodgy va se casser les dents face à un marché plus compliqué que prévu. Le Duster est suffisamment sexy pour séduire sur le marché du VN, tandis que le Lodgy se rate un peu niveau style. Il entre surtout en concurrence avec un marché du VO très développé sur les monospaces. Bien des acheteurs préféreront des occasions mieux équipées et plus valorisantes que ce Lodgy à la drôle de bouille, quelles que soient ses qualités. Quand il propose en haut de gamme (si l’on peut dire) un 1.2 Tce 115 ou un 1.5 Dci 110 (mon enthousiasme, ou l’abus de Sancerre, m’aura fait parler dans un premier temps de 1.6, honte à moi), les monospaces d’occasion proposent au même prix des motorisations et des équipements bien plus intéressants avec des kilométrages corrects, le tout sans craindre une énorme décote ! Le coup de la Logan ne se fera qu’une fois, pas deux !
C’est d’une certaine manière dommage, car j’ai aimé rouler avec mon Lodgy Steepway 1.6 Dci. Correctement équipé (même si la descente était rude en terme de qualité par rapport à la Talisman que je venais d’essayer), pas désagréable à conduire, disposant de 7 places, et dont les 110 ch permettaient de maintenir une certaine cadence. Mais débutant à partir de 15 200 euros. Pas cher par rapport à la concurrence « neuve », mais si l’on se place par rapport à l’occasion, cela change la donne. D’ailleurs, le Lodgy n’a toujours pas réussi à sortir de l’ornière malgré son côté couteau suisse (enfin, plutôt roumain… ah non pardon, marocain, on s’y perd). Environ 30 000 exemplaires seulement sortent des chaînes par an, on est loin du succès du Duster !