Alpina B10 Biturbo E34: le goût du luxe et de la performance !
Au début des années 90, j’habitais dans le très chic XVIème arrondissement, rue de la Tour, et les BMW n’étaient pas rares dans le quartier. Aussi fallait-il pouvoir se démarquer tout en profitant de l’excellence bavaroise. Heureusement pour les parisiens épris de distinction et au portefeuille bien garni sévissait dans le populaire « 9-4 » une concession BMW peu ordinaire, capable de vous proposer de quoi rester discret tout en titillant le spécialiste : le Garage du Bac !
Il n’était donc pas si rare de croiser dans mon si chic quartier de drôles de BMW e34 aux jupes excentriques, aux « dekoset » dorés, aux jantes spécifiques et aux (pas si) discrets logos B10 Biturbo en rouge et noir (comme dirait Jeanne Mas) ! Sur le volant, point d’hélices, mais le discret et héraldique logo d’Alpina. Pour l’oeil averti que je commençais à avoir, c’était le signe que j’avais à faire là non pas à un bourgeois parvenu, mais bien à un authentique spécialiste.
Ah Alpina ! Je vous avais déjà raconté rapidement l’histoire de cette petite marque sise à Buchloe (lire aussi : Alpina) et présenté quelques modèles comme la B7 Turbo (lire aussi : Alpina B7) ou la Z8 (lire aussi : Alpina Z8), mais c’est la B10 qui m’avait vraiment fait découvrir la petite marque allemande. Il faut dire que c’est elle que j’ai le plus croisée dans ma vie au hasard des rues parisiennes.
Attention, il existe deux B10 qui se différencient essentiellement à leurs logos. La B10 3,5 litres « atmo » est sortie la première, en 1988. Dérivée de la 535i, mais au moteur et aux suspensions (notamment) retravaillés, elle proposait 254 ch au lieu des 211 de la Béhème d’origine. Mais entre temps, la marque bavaroise avait réagi, et lancé la M5 et ses 315 ch. Même si les B10 se défendent d’être des concurrentes de la M5 (il s’agit, on le verra, d’une autre philosophie), il fallait réagir, et dès 1989, Alpina proposa donc une version encore plus performante en greffant deux turbo au 6 cylindres en ligne, boostant la puissance à 360 ch. De quoi laisser la M5 loin derrière.
Le développement d’une telle machine demanda plus de 3 millions de $ de l’époque, ce qui était considérable (et expliquera le prix prohibitif de l’engin). Mais attention ! La B10 Biturbo n’était pas une M5. Plus performante (près de 300 km/h en vitesse de pointe), elle était cependant moins « sportive ». Afin de distinguer la production de Buchloe de celle de Munich, l’accent était mis sur le confort et la performance plutôt que sur le sport. Dévoreuse d’autoroutes (allemandes de préférences) à des vitesses inavouables dans un confort royal, elle proposait finalement une alternative sportive aux anglaises au sang noble !
La B10 Atmo fut construite de 1988 à 1992 à 572 exemplaires, tandis que la Biturbo sera produite à 507 exemplaires de 1989 à 1994. Certains considèrent la Biturbo comme la meilleure des Alpina, voire la meilleure des BMW ! Moi, je crois qu’à l’époque se développait déjà chez moi le goût des berlines cachant bien leur jeu, dont les détails distinctifs ne sautaient qu’aux yeux du spécialistes et surtout pas ceux du quidam. Le vrai luxe, c’est de ne le montrer qu’à ceux qui savent l’apprécier à sa juste valeur. Même si à Buchloe, on a toujours eu le goût des détails un peu voyant, cette B10 Biturbo est un vrai bijou de luxe et de technologie.
Autant vous dire qu’aujourd’hui elle ne courre pas les rues, et qu’il sera dur de vous en procurer une, mais elle garde une côte relativement faible eut égard à ses performances. On peut en trouver à 25 000 euros en bon état, mais c’est côté entretien qu’il faudra assurer, car tout coûte cher sur cette auto spécifique. Sachez que les photos qui illustrent cette article présentent un modèle à vendre… mais aux Etats-Unis. Quand on aime on ne compte pas !
Photos : copyright Splendid Automobiles, Inc.