6 “shooting brake” pour partir à la chasse
Vous rêvez d’une voiture originale, rare, un poil sportive mais disposant tout de même d’une capacité d’emport supérieure à celle d’un coupé pour emmener vos chiens à la chasse, votre sac de golf sur le green ou bien tout bêtement une étagère Ikea pour votre nouvel intérieur ? Il vous faut alors un “shooting brake”, ou “break de chasse” en français.
Au 19ème siècle, en Angleterre, un “brake” désigne une chariot ouvert destiné au dressage des chevaux ou aux travaux des champs. Petit à petit, le brake trouve une nouvelle utilisation : le transport des chasseurs et de leurs chiens, devenant shooting brake. L’idée d’un véhicule de chasse se perpétue avec l’automobile. Petit à petit, le terme “shooting brake” va s’appliquer à des berlines ou coupés transformés en utilitaires, puis se limiter aux coupés dans les années 60. En France, la proximité du mot “brake” et du mot “break (une carrosserie plus utilitaire) va donner la traduction approximative break de chasse. A vous de choisir.
Aston Martin Virage Shooting Brake
L’histoire d’Aston Martin avec la carrosserie shooting brake débute par hasard. David Brown, joueur de golf, trouve sa DB5 fort peu pratique pour transporter ses clubs. Il se fera réaliser sur mesure par Tickford un Shooting Brake dont la présence dans la cour de Newport Pagnell conduira quelques clients à passer commande d’une telle transformation : 12 exemplaires seront alors produits. Des années plus tard, la petite marque encore à la peine malgré la présence de Ford dans son capital, décide de réitérer la proposition sur son coupé Virage.
En bas, on reconnaît bien, à l’arrière, les feux de Renault 21.En cette année 1992, Aston Martin est en manque de nouveauté, attendant la relève de la DB7 prévue pour l’année suivante. Avec la Virage Shooting Brake, Aston Martin espère séduire de nouveaux (ou d’anciens) clients pour son gros coupé et faire tourner ses ateliers historiques. La Virage se voit donc greffer un large coffre à hayon et récupère au passage des feux de Renault 21 Nevada : pas forcément jolie mais terriblement désirable.
La version V8 Sportsman.Désirable ? Certes, mais à condition d’avoir un solide portefeuille, puisque la transformation coûtait 800 000 francs, à rajouter aux 1,2 millions de francs d’un coupé Virage. Au total, 2 prototypes seront réalisés, et 3 à 4 transformations réellement effectuées (soit 5 à 6 voitures seulement). Roos Engineering, spécialiste Aston Martin basé en Suisse, réalisera de son côté 3 exemplaires récupérant la nouvelle calandre, et perdant les feux arrière de Nevada pour des doubles feux ronds. Enfin, à la fin des 90’s, Aston Martin Works réalisera 2 exemplaires de Sportsman Shooting Brake sur base V8 (évolution de la Virage).
Avec seulement 10 ou 11 modèles de Virage ou V8 en carrosserie Shooting Brake, il sera donc difficile de trouver votre bonheur, d’autant que les tarifs sont souvent très élevés. Il faudra s’armer de patience, économiser sou après sou, mais une fois la perle rare trouvée et le banquier convaincu, vous pourrez être sûr que vous (et vos chiens) n’êtes pas le commun des mortels (il existe aussi des versions berlines et breaks à découvrir).
Reliant Scimitar GTE
Si l’Aston Martin Virage Shooting Brake semble inaccessible, une autre anglaise pourrait mieux s’accorder à vos capacités financières : la Reliant Scimitar GTE. La Princesse Anne en était une fan inconditionnelle (elle en possèdera 8 en tout), autant dire que la Scimitar GTE n’est pas si roturière que cela, même si Reliant n’a pas le pedigree d’Aston Martin.
Lancée en 1964 par la petite firme Reliant plutôt habituées aux voitures à 3 roues, la Scimitar s’offre une déclinaison “shooting brake” appelée GTE 4 ans plus tard. Dans l’Angleterre excentrique des années 60, la carrosserie break de chasse semble faire mouche auprès d’une clientèle désireuse de se distinguer.
Reliant va s’engouffrer dans la brèche avec la GTE : plutôt haut de gamme sans prétendre au luxe, relativement performante avec son V6 Ford “Essex” de 3 litres de 140 chevaux, plutôt bien placée en terme de prix (elle vaut cependant autant qu’une Rover P6 3 500), la GTE rencontrera un certain succès : produite entre 1968 et 1986, elle trouvera 13 969 clients.
Une petite entreprise, Middlebridge, décide de relancer la GTE en 1987 après avoir racheté les droits et l’outillage à Reliant. Modernisée la nouvelle GTE espère trouver 300 clients par an. Malheureusement, l’aventure tournera court après seulement 77 modèles produits. La Scimitar GTE est aujourd’hui relativement accessible, du moins en Angleterre, son principal marché. On peut aujourd’hui s’offrir ce petit bout d’Angleterre à partir de 10 000 euros.
Volvo 1800 ES
La Volvo 1800 ES est l’un des “shooting brake” les plus connus, bien qu’il ne soit pas d’origine anglaise. Cette déclinaison fut lancée en 1972, près de 10 ans après le lancement du coupé P1800 (qui. à ses débuts, était fabriqué en Angleterre chez Jensen). Quelle mouche a donc piqué Volvo pour sortir une carrosserie aussi excentrique pour les deux dernières années de production des 1800 ? C’était sans doute l’occasion d’offrir un peu de nouveauté à un modèle en fin de carrière sans dépenser trop.
Une chose est sûre : le dessin original de la P1800 se marie particulièrement au style “break de chasse”. Mieux, la 1800 ES semble plus équilibrée que le coupé 1800 S dont elle dérive, au point d’être presque plus connue du grand public malgré une courte période de production.
La 1800 ES ne restera en effet au catalogue que durant deux millésimes mais marquera durablement les esprits. En tout, 8 077 breaks de chasse trouveront preneurs entre 1972 et 1973. Aujourd’hui, ces voitures sont encore très prisées et cotent autant que les premiers modèles P1800 fabriqués chez Jensen, frôlant les 30 000 euros.
Pour ceux qui n’auraient pas forcément le budget adéquat, Volvo lança dans les années 80 une petite citadine s’inspirant fortement de la 1800 ES notamment à l’arrière : la 480. Avec ses phares escamotables, sa lunette arrière vitrée et ouvrante, elle possède en outre un charme très 80’s tout en faisant un clin d’oeil à sa devancière. A vous de voir.
Citroën BX Dyana
Contrairement aux apparences, la Citroën BX Dyana est la plus rare des breaks de chasse de cette liste : malgré 2 ou 3 prototypes construits, il n’aura pas le droit au passage à la série. Avouez tout d’abord que le nom est bien choisi : très Citroën certes (Acadiane, Dyane) mais faisant référence à Diane, déesse de la chasse (normal, pour un “shooting brake” non ?).
Il s’agit donc d’un exemplaire unique, proposition du carrossier français Heuliez pour son grand donneur d’ordre Citroën. A Cerizay, on fabrique déjà les BX Break et on se verrait bien s’offrir un peu d’activité supplémentaire avec cette nouvelle version déclinée pour les particuliers ou pour les professionnels.
Présentée en 1986 au Salon de Paris, elle ne séduira pas les dirigeants de Citroën, et le prototype rouge (le plus connu) sera finalement remisé dans les réserves d’Heuliez. Le carrossier gagnera cependant un nouveau contrat : celui de la BX Service, un break commercial dont les portes arrières étaient soudées.
N’allez pourtant pas croire qu’il ne sera jamais possible pour vous d’acquérir un tel modèle : lors de la vente des “bijoux de familles” d’Heuliez par Artcurial en 2012, la BX Dyana trouva preneur pour un peu plus de 10 000 euros avec seulement 35 kilomètres au compteur. Nul doute qu’un fanatique de la BX et des breaks de chasse saura la retrouver et peut-être la racheter ?
BMW Z3 Coupé
Plus récente et largement diffusée, la BMW Z3 Coupé peut être une bonne alternative. Certes, elle aura connu moins de succès que la version roadster lancée 3 ans plus tôt (en 1995), mais il faut bien l’avouer : son look démentiel ne pouvait pas plaire à tout le monde. Pourtant, certains aujourd’hui lui trouve plus de charme que sa soeur découverte, sûrement à cause de son étrange silhouette tirant vers le break de chasse.
Bien entendu, n’attendez pas autant de place à l’arrière de la Z3 Coupé que dans une Aston Martin Virage Shooting Brake : le petit gabarit de l’engin ne lui permet pas de se transformer en camion de déménagement mais c’est tout même largement mieux que la Z3 Roadster qu’on voit parfois équipée d’un porte bagage sur le coffre, c’est dire.
Plus intéressant : les Coupés ne s’équipent que des motorisations hautes de la Z3, le 2.8 litres de 193 chevaux, le 3 litres de 231 chevaux et le démoniaque 3.2 litres de la M développant 321 puis 325 chevaux. Largement de quoi satisfaire les envies de sport sans pour autant sacrifier les côtés pratiques. Avec 17 815 exemplaires vendus entre 1998 et 2002, vous trouverez sûrement votre bonheur. On en trouve à tous les prix, à partir de 17 000 euros.
Lancia Beta HPE
Il n’y a pas que les anglais qui s’intéressent au “shooting brake”. Pour proposer une gamme répondant à tous les besoins, Lancia décida de décliner sa Beta en une multitude de versions dont cette étonnante version HPE (pour High Performance Executive) prenant la forme d’un break de chasse à l’italienne.
On la croirait dérivée de la Beta Coupé : elle utilise pourtant l’empattement de la berline mais récupère la face avant du Coupé. L’arrière est en revanche inédit et permet l’accès à un large coffre. Avec sa banquette arrière, la Beta HPE offre la possibilité de partir en week-end entre amis.
Comme son nom l’indique, la Beta HPE (qui deviendra par la suite HPE tout court) se veut l’exécution haut de gamme Beta et s’offre donc les deux plus gros moteurs disponibles. Au départ, il s’agit du bloc 1 600 de 100 chevaux et du 1 800 de 110 chevaux. Très rapidement, la HPE récupérera un nouveau 1 600 de même puissance et un 2 litres de 119 chevaux. En 1980, le 2 litres devient disponible avec l’injection (122 ch) puis, en 1982, apparaît la version VX (un 2 litres Volumex porté à 135 chevaux). Des puissances tout à fait respectables pour l’époque.
Au total, 71 257 exemplaires (dont 2 369 unités de la VX) de la HPE auront été produits entre 1975 et 1984. Malgré une large production et un succès certain, la rouille a souvent fait des ra