Willys Interlagos AW380 : l'épine dans le pieds d'Alpine !
C’est l’histoire d’une triple renaissance qui embête bien Alpine, et dont le boss Bernard Ollivier se serait bien passé. Après avoir démarré en fanfare un partenariat avec l’anglais Caterham, sous l’impulsion du passionné Carlos Tavares (devenu depuis PDG de PSA), et divorcé cette année sans vraiment en donner les raisons, le projet Alpine, bien que maintenu, semble avoir du plomb dans l’aile (ndlr : il est aujourd’hui bien réel, lire aussi : Alpine A110 2017, l’essai).
Pourtant, le patron de la société Alpine reste confiant, avançant la sortie de la future Alpine pour 2016, avec seulement un an de retard sur le programme initial. Selon certaines sources, un premier design aurait été retoqué par un panel de clients, et depuis, plus vraiment de nouvelles, si ce n’est une tournée des popottes journalistique régulière de Monsieur Ollivier pour rassurer : oui une Alpine verra bien le jour.
Mais pendant ce temps là, la marque dieppoise laisse le champs libre à d’autres nostalgiques. La carrosserie Viotti (qui renaît 50 ans après sa première disparition), et la carrosserie Maggiora (disparue elle en 2003 et qui refait surface cette année), ont présenté au Salon de Bologne une interprétation de l’A108… de Willys Interlagos (lire aussi : Les cousines exotiques de la Berlinette !), l’AW380 (A pour Alpine et W pour Willys?)
Les promoteurs de ce projet ont donc tout bonnement joué sur 3 renaissances coup sur coup. La carrosserie Vioti s’était faite un nom avant-guerre et dans les années 50, employant des designers comme Frua, avant de fermer ses portes en 1964. La carrosserie Maggiora elle reste dans le cœur des passionnés puisque c’est elle qui fabriqua les derniers exemplaires de la Lancia Delta Intégrale au début des années 90 (lire aussi : Lancia Delta HF Intégrale), avant de fabriquer pour Fiat la Barchetta puis mettre la clé sous la porte en 2003.
La Willys Interlagos quant à elle, était dérivée de l’Alpine A108, et fabriquée par une filiale du célèbre fabricant de Jeep sous licence, à une époque où Jean Rédélé avait cruellement besoin d’argent, et peu de temps avant l’entrée de Renault dans son capital. 822 exemplaires en version berlinette, coupé et cabriolet furent fabriqués au Brésil, et l’A108 fut considéré par tous les brésiliens comme une sportive nationale !
Profitant du flou entourant le projet de Renault pour faire renaître la marque, les deux carrosseries proposent donc aujourd’hui pour se faire un nom une ré-interprétation de cette A108 exotique, tout en sachant très bien que le parallèle sera fait avec Alpine. Un bon coup de pub pour cette berlinette néo-rétro utilisant un flat 6 biturbo d’origine Porsche avec 600 ch sous le capot arrière. Nul ne sait si le châssis est maison, certains parlant d’une base Porsche Cayman.
Les promoteurs du projet espèrent commercialiser leur Berlinette dès janvier prochain, pour une série limitée à 110 exemplaires (référence sans doute à la plus connue des Alpine, alors qu’au Brésil, ce sont essentiellement des A108 qui furent fabriquées), au prix de 380 000 euros l’unité. Le premier exemplaire serait déjà vendu. Le design rappelle aussi clairement l’A110, un peu trop « revival » à mon goût mais assez réussi il faut l’avouer.
Tout cela ne fait pas les affaires d’Alpine, qui n’a pour l’instant rien à présenter au public, et n’avait vraiment pas besoin de cela. La tension monte un peu, et les références à cette Berlinette ne plaisent pas à la firme de Dieppe, qui parfois le fait savoir, arguant « que cela brouille l’image de la marque », notamment sur Twitter. Mais la filiale de Renault, qui n’a pas de compte Twitter et sans doute pas de Community Manager, se retrouve sans moyen de rectifier en ligne et de communiquer : ballot ! A l’heure où l’information se propage à vitesse grand V, ne pas disposer des moyens d’occuper le terrain est un handicap, et Alpine s’en mord les doigts aujourd’hui, car ils ne l’avaient pas vu venir ce coup là !
La carrosserie Viotti fabrique aussi, en (très) petite série, la Lykan Hypersport