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Simca 1307/1308/1309, Chrysler Alpine/150, Talbot 1510/Solara: à la conquête de l'Europe

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 31/08/2017

Il n’y a rien de plus embêtant qu’une voiture qui n’a pas de nom unifié, enfin, générique quoi. Avec le projet C6, Chrysler Europe donnait naissance en juillet 1975 à un modèle qui sera multi-marque, et doté de nombreuses appellations : Simca 1307/1308/1309 en France, Chrysler Alpine en Angleterre, Chrysler 150 en Espagne, Dodge Alpine en Colombie (oui oui!), puis à partir de l’été 1978 Talbot 1510 (France), Talbot Alpine (UK), Talbot 150 (Espagne) et enfin, Talbot Solara (partout) dans sa version tricorps. Bref, pas facile de nommer cette voiture, je parlerai donc le plus souvent de C6, comme son nom de code, par commodité !

Ces multiples appellations étaient, d’un point de vue marketing, une totale aberration que tentera d’ailleurs de corriger Peugeot en réunissant sous un même étendard, Talbot, les 3 entités européennes de Chrysler (lire aussi : le rachat de Chrysler Europe). Revenons à notre projet. La C6 doit remplacer dans la gammer Chrysler-Rootes-Simca-Barreiros les 1301 et 1501 datant de 1966. Le projet est lancé en 1972, avec la mise à contribution des équipes anglaises pour le design (Roy Axe et Keith Cockell) et des équipes de Poissy pour l’ingénierie. A l’époque, la berline à hayon est le summum de la modernité, c’est donc ce type de carrosserie qui sera choisie.

Côté technique, il s’agissait d’une traction, dérivée en partie de la 1100 (berceau, trains roulants avant) , et dotée de deux moteurs « Poissy » (eux aussi issus de la 1100) : un 1294 cm3 de 68 ch (1307), le même avec deux carburateurs double corps et 82 ch (1307 S), et un 1442 cm3 de 85 CH (1308 GT). En 1979, la 1309 SX est lancée avec un 1525 cm3 de 88 ch exclusivement accolé à une boîte automatique. La 1307 S devient 1308 S en récupérant le 1442 cm3 de la 1308 GT. Vous l’aurez compris, le dernier chiffre indiquait la puissance fiscale du véhicule, 7 cv pour la 1307, 8 pour la 1308 et 9 pour la 1309 : facile.

En Angleterre, on préférera une appellation plus simple : Alpine. Un nom évidemment impossible à utiliser en France ou en Espagne où la marque de Dieppe détenait les droits sur le nom. Histoire de simplifier les choses, les Espagnols choisiront le nom 150, allez savoir pourquoi. Pour satisfaire chacune des filiales, les C6 furent produites tant à Ryton, en Angleterre, qu’à Poissy en France ou qu’à Villaverde en Espagne. Elle fut aussi produite en Colombie par Chrysler Colomotores (sous le nom de Dodge Alpine), en CKD en Nouvelle Zélande, chez Todd Motors, mais aussi, plus étonnant, en Finlande, chez Valmet (tout comme l’Horizon, lire aussi : Talbot Horizon chez Valmet) de 1979 à 1985. Une voiture internationale on vous dit !

Alors qu’aujourd’hui les C6 ont pour la plupart toutes disparu de nos routes, il est difficile d’imaginer qu’elles firent un tabac à leurs débuts. Dès 1976, la C6 s’offrait le titre de « voiture de l’année », en plus de truster les ventes de sa catégorie en France. C’est d’ailleurs dans l’Hexagone que les 1307/1308/1309 eurent le plus de succès. En Angleterre, ce fut plus compliqué, notamment par manque de « gros moteurs » face à une concurrence installée (Vauxhall Cavalier, Ford Cortina par exemple). Malgré cela, les modèles C6 connurent une belle carrière commerciale, avec 818 834 exemplaires produits entre septembre 1975 et octobre 1979.

C’est à cette date que les C6 devirent officiellement des Talbot, sans grands changements par rapport à leurs devancières, malgré un léger lifting, et l’arrivée d’un 1.6 « super carré » de 88 ch. La 1510/Alpine/150 ne restera d’ailleurs pas longtemps au catalogue, disparaissant en 1982 après 75 553 exemplaires seulement. La vraie nouveauté viendra en 1980, avec la présentation de la Solara, une version tricorps au dessin agréable et plutôt moderne. Un dessin qui collait parfaitement avec la nouvelle grande berline de la marque, la Tagora présentée au Salon de Paris 1980 (lire aussi : Talbot Tagora). La Solara sera fabriquée jusqu’en 1985, à 184 076 exemplaires, et connaîtra diverses séries limitées, comme la fameuse Pullman, ou l’Executive (2400 exemplaires), mais aussi Escurial (en Espagne) ou Minx et Rapier (en Angleterre).

Avec les C6, qu’elles soient Chrysler, Simca ou Talbot, on tenait là des voitures efficaces, saines (si l’on excepte la rouille, mais c’est un peu le lot de toute voiture des années 70), aux mécaniques fiables et au style élégant (à l’époque). Aujourd’hui, il faut bien l’avouer, le dessin a (mal) vieilli, particulièrement en « hatchback », mais elles ont ce petit parfum de nostalgie pour les garçons de mon âge (le même âge que les C6 quoi). Elles ne cotent pas grand chose, mais malgré une diffusion assez large, ont quasiment disparu de nos routes et des petites annonces, tuées par la rouille ou les primes à la casse successives depuis les années 80. Il sera donc difficile d’en trouver une en bon état (on ne dénombre plus que 19 Alpine en circulation en Angleterre, c’est dire!), mais si vous tombez sur la perle rare (une « performante 1308 S ou GT, ou une Solara Pullman, par exemple), n’hésitez pas !

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