Saipa Xantia : histoire d'une Citroën iranienne !
Aujourd’hui, c’est un dimanche gris et pluvieux, un temps à rester chez soi, au coin du feu, la tablette sur les genoux, en lisant Boîtier Rouge. Et quoi de plus agréable en lisant BR de découvrir une nouvelle pépite, dont quelques photos circulent sur le net, mais pas autant qu’on l’aimerait. Car si beaucoup d’entre vous ont entendu parler de la Saipa Xantia, les informations sur ce modèle sont relativement rare.
D’abord, en Iran, l’accès à l’information n’est pas si facile que cela. Pour trouver une estimation de production, voire même des photos, c’est la croix et la bannière. D’ailleurs, on peut facilement faire un lien entre production réelle et production rêvée au moment de la signature du contrat par le peu de photos disponibles : un véhicule de très grande diffusion se trouverait en plus grand nombre sur Google Image.
Mais parlons donc de cette fameuse Xantia produite chez nos amis iraniens. L’histoire de Citroën en Iran débute en 1966, avec une filiale de distribution, qui commencera à produire à la fin des années 60 la Dyane en CKD (lire aussi : Citroën Dyane) qui prendra le nom de Jyane sur place (je vous en parlerai plus tard). A ses côtés, on trouvera aussi la Baby Brousse, fabriquée localement elle aussi (un article viendra prochainement sur ces modèles spécifiques). La société perd peu à peu son origine française, (Saipa signifiant, en « français dans le texte » Société Anonyme Iranienne de Production Automobile), pour tomber sous la coupe du ministère de l’industrie (IDRO) en 1976. A partir de là, Saipa ne se gênera plus pour produire d’autres modèles, comme la Renault 5 (lire aussi : Sepand PK) ou la Renault 21. Les liens avec Citroën prendront définitivement fin en 1980.
Pour expliquer cela, il faut se rappeler qu’à la fin des années 70, PSA a racheté Chrysler Europe, et notamment Rootes en Angleterre (lire aussi : Le rachat de Chrysler Europe). Rootes était en cheville avec Iran khodro, qui produisait des Hillman Hunter en CKD sous le nom de Paykan. Iran Khodro devient alors le principal partenaire de PSA en Iran, délaissant les vieilles accointances avec Saipa. Pourtant, les discussions entre les deux vieux partenaires, Citroën et Saipa, vont reprendre à partir de 1994. Citroën désire trouver un partenaire pour fabriquer la Xantia afin de conquérir les pays du moyen-orient et de l’Asie Centrale. Iran Khodro n’a pas de place sur ses chaînes pour cette nouvelle voiture, et Saipa (qui s’est allié notamment avec Kia) possède un l’outil industriel, mais il faudra attendre 6 ans avant qu’il hausse le niveau de qualité de fabrication à des standards acceptables. Ce n’est qu’en 2000 qu’un contrat est signé pour la fabrication de Xantia sur place, en CKD.
Le contrat signé lie pour 5 ans Saipa et Citroën. Ce contrat stipule une production de 18 000 exemplaires par an en vitesse de croisière, dont une large part servira à l’export vers les pays limitrophes. La première année de production, 10 500 Xantia sont prévues. Impossible cependant de retrouver les chiffres réels de production entre 2001 et 2010. Ils sont sûrement largement inférieurs aux prévisions. Citroën fournira à Saipa les outillages nécessaires, et 40 % des composants devront être iraniens.
Projet de restylage non retenu du centre de design de SaipaLa Xantia vendue en Iran est à l’origine strictement identique à la Phase II française. Elle n’est disponible qu’avec le 2 litres injection de 135 chevaux. Une version haut de gamme dénommée 2000 SX sera proposée, avec, comble du luxe, un lecteur CD ! Mais avec l’arrivée de la C5 I sur les lignes d’assemblage de Saipa (lire aussi : Citroën C5 MkI), il devient nécessaire de proposer une nouvelle version plus sexy de la Xantia. C’est le bureau de style interne de Saipa, l’AIRIC (Automotive Industry Research & Innovation Center), créé en 1993, qui va s’en charger. Partant d’abord vers un design proche de la C5, il finira par se rabattre sur des phares avant rappelant la C6 produite en France (mais indisponible en Iran). C’est ainsi que sortira la Xantia III, en 2009… Pour quelques mois seulement, la production cessant rapidement. D’ailleurs, il se peut que très peu d’exemplaires aient été réellement vendues (véhicules de pré-série seulement?). Avec l’arrivée sur les chaînes de Saipa de la C5 II, la C5 I descend en gamme et prend naturellement la place de la vieillissante Xantia, fut-elle restylée. La gamme C5 prendra du plomb dans l’aile en 2012, lors des accords PSA-GM, interrompant les relations avec le constructeur français sous la pression américaine.
Bref, si jamais vous allez en Iran, ouvrez bien vos yeux, vous pourriez peut-être apercevoir ces drôles de Xantia restylées, et peut-être même en négocier une à bon prix ? Elle aurait en tout cas toute sa place dans votre collection, aux côtés d’une belle Activa (lire aussi : Citroën Xantia Activa) ou d’une Xantia tout court (lire aussi: Citroën Xantia).
Plus de photo ici: Sacerdoce à ronger ! Saipa Xantia