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Renault Mégane 2 R26-R : pistarde de collection !
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 21 déc. 2015Soyons honnête, la Renault Mégane 2 n’est pas un prix de beauté, mais reste tout à fait cohérente dans la galerie des bizarreries de l’ère Le Quément. Elle est révélée au monde ébahi en 2002 après l’apparition quasi mystique des ovnis Avantime (lire aussi : Renault Avantime) et Vel Satis (lire aussi : Renault Vel Sati). Avec le recul, on ne peut qu’admirer l’audace (ou l’inconscience) de Renault à lancer une telle gamme, mais aussi constater son échec. Pourtant, la Mégane 2 réussira à séduire 3 100 000 clients, ce qui n’était pas une mince affaire !
Amateur des rondeurs de ma petite Mégane 1 qui fit mon bonheur durant quelques années dans sa finition « luxueuse » RXT (on se satisfait parfois de peu), j’ai toujours regardé avec condescendance la Mégane 2, en berline comme dans sa version Scénic (un peu plus équilibrée cependant). Mais allez savoir pourquoi, quelques petits détails pourtant insignifiants réussirent à la rendre désirables à mes yeux dans ses versions sportives signées Renault Sport apparues à partir de 2004. Comme quoi, il suffit parfois de pare-chocs plus enveloppants, de phares antibrouillards, de passages de roues plus marqués ou de jantes spécifiques pour rendre désirable une voiture pourtant pas très sexy à la base.
C’est donc avec la Mégane 2 RS et son moteur 2 litres de 225 chevaux que j’ai commencé à apprécier le deuxième Opus de la série. Peut-être était-ce aussi parce que cette voiture vitaminée était construite à Dieppe, ce qui forcément fait tilter l’amateur de voitures en générale. Bon d’accord, il ne s’agit pas d’une Alpine à proprement parlé, mais elle aurait pu en porter le nom comme en son temps la Renault 5 Alpine.
Mais ce n’est pas de ce modèle précisément qu’il s’agit dans ce post, mais d’un autre encore plus rare : la Mégane 2 RS R26-R. Avec un nom pareil, anti-marketing (ou alors ultra-marketing, c’est au choix), on touche a priori au summum du sport. En c’est en quelque sorte vrai, avec une voiture totalement dédiée à la piste (mais homologuée sur route), disposant d’une puissance encore raisonnable mais finalement largement suffisante pour obtenir un cocktail détonnant.
La R26-R (rien à voir avec R2D2, bande de geeks fanatiques!), est en fait le bouquet final d’une gamme sportive qui aura discrètement ravi les amateurs. A partir de la RS de 2004, Renault va proposer une série limitée Trophy (500 exemplaires en 2005), puis en 2006 une série F1 Team célébrant la victoire en Formule 1, puis en fin d’année 2006 une F1 Team R26 gagnant 5 chevaux pour passer à 230 ch… Ce n’est qu’à la toute fin de la vie commerciale de la Mégane 2, en octobre 2008, que Renault Sport va offrir son ultime version, la Mégane R26-R !
Avec elle, on vend du rêve et du dépouillement : adieux les éléments de conforts, place à la chasse au poids, avec 123 kg de gagnés. Pour cela outre l’abandon des sièges arrières (transformant la R26-R en stricte 2 places), on perd dans la balance les airbags passagers, la climatisation régulée (elle devient manuelle, ouf, on va pas se les geler l’hiver), les antibrouillards et l’essuie glace arrière. Dans la même logique, le capot moteur est réalisé en carbone, les vitres de custode arrières sont en polycarbonate, les coques des sièges baquets sont en carbone, et les soubassements en aluminium, la ligne d’échappement est en titane, la caisse elle-même est allégée tandis que des arceaux de sécurité sont installés. Light is right !
Châssis et amortissements sont bien entendu typés « course », les freins sont renforcés, et le résultat de tout ces changements, c’est qu’on obtient une bagnole de dingue homologuée route mais totalement inutile pour aller faire ses courses ou se rendre au travail. En revanche, c’est une pistarde née, et elle fait foutrement envie malgré une décoration un peu voyante (notamment ses jantes rouge vif), comme si « circuit » impliquait « mauvais goût » !
Surtout, cette R26-R est la plus rare des Mégane 2 Renault Sport : Renault annonce une série limitée à 450 exemplaires, mais, tour de passe ou problème de calculette, ne mentionne que 230 exemplaires pour la Grande Bretagne, 126 exemplaires pour la France, 26 pour l’Espagne, 26 pour la Suisse et 26 pour l’Allemagne (ce qui si je compte bien fait 434 exemplaires, il en manque donc 16!). Mais peu importe, une telle voiture mérite qu’on se mette en chasse, avant qu’elle ne soit sauvagement modifiée par des tuners inconscients, détruite par des fous du volant, ou tout bonnement oubliée par le commun des mortels. Nul doute qu’elle ira très bien à côté de votre Clio V6. A vos chéquiers !