Renault Avantime : un nom prémonitoire...
Avantime ? Un nom prémonitoire pour l’un des plus cuisants échecs de l’industrie automobile française. En ce début de siècle, Renault prend plusieurs décisions : d’une part, rapatrier la fabrication de l’Espace dans ses propres usines, avec le passage à la carrosserie en métal et non en fibre de verre, et lancer un « coupé-space » pour le remplacer sur les chaînes de son partenaire Matra.
Au départ, tout semble rouler. Matra conserve une production d’un coupé moderne, novateur, et surtout haut de gamme. Renault propose une alternative originale sur le segment premium européen en proposant la Renault Vel Satis d’une part, l’Avantime, et l’Espace d’autre part, et se positionne comme un constructeur innovant.
Mais créer un marché n’est pas chose aisée, surtout dans le haut de gamme où la clientèle est réputée conservatrice. La Vel Satis sera un échec, et l’Avantime plus encore. Pourtant, la proposition de Renault avec ce monospace coupé n’était pas idiote. Encore eut-il fallu lui laisser plus de temps pour s’installer, et permettre aux acheteurs potentiels de s’habituer à ses lignes, à son concept et à ses couleurs vives.
Mais Renault, paniqué devant les chiffres de vente catastrophiques, arrêtera les frais moins de 3 ans après le lancement de l’Avantime. Lancée en 2001, elle disparaîtra en 2003, scellant le sort de Matra par la même occasion, qui ne s’en remettra jamais. Avec l’Avantime, c’est donc la fin d’une épopée bien gauloise qui aura vu naître près de Romorantin les Murena, Bagheera, Rancho, ou Espace.
C’est à se demander si l’Avantime (et donc Matra par ricochet) n’a pas joué de malchance. Tout d’abord, son lancement a du être retardé pour cause de problèmes techniques sur les portières à double articulation, mais aussi sur le toit panoramique. Au début, seule la version V6 est commercialisée, gourmande et chère (3 litres et 210 ch). Elle sera rejointe par un 2 litres turbo plus adapté (175 ch) et par un diesel 2,2 Dci (150 ch) pas exempt de tout reproche non plus.
Au total, seulement 8 557 exemplaires sortiront des chaînes de Romorantin. Pourquoi Renault a-t-il fermé si vite la boutique ? Pas d’explication si ce n’est l’échec commercial. Pourtant, le physique particulier (mais non dénué de charme) et l’originalité de l’Avantime demandait du temps, afin que le public s’habitue, et que le véhicule se bonifie au fil d’améliorations ou de restylages successifs. La création d’un segment de marché demande parfois une persévérance que Renault n’a pas eu. Le projet low cost Dacia demandait sans doute trop d’investissements pour maintenir l’Avantime sous perfusion ? Dommage en tout cas pour cet éphémère « coupé-space » attachant.
Aujourd’hui, il continue de faire le bonheur des collectionneurs, car sa relative rareté l’a vite fait basculé de l’occasion à la collection. On peut en trouver à des tarifs très intéressants, et profiter de l’incroyable espace à bord, de son toit panoramique, de son look atypique et de ses moteurs essences finalement agréables. Alors à qui le tour ?
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