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Proton Suprima S : objectif export !

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 14/03/2015

L’industrie automobile de pays improbables m’a toujours intéressé, allez savoir pourquoi. Aussi voilà des années que je suis avec passion le duel que se livrent deux constructeurs nationaux en Malaisie, protégés dans leur lutte fratricide par de fortes protections douanières : Perodua et Proton. S’il fallait choisir un champion, j’opterai pour Proton pour des raisons pas forcément objectives. Si ses débuts furent fortement marqués par un accord avec Mitsubishi qui dura presque vingt ans, c’est aujourd’hui le plus occidental des deux constructeurs.

Suprima 05

Fondé en 1983 par la volonté politique de doter la Malaisie d’une industrie automobile, Proton est la doyenne des deux ennemies (Perodua ne sera fondé que dix ans plus tard). Sa saga commence d’ailleurs par la Saga, un modèle dérivé de la Mtisubishi Lancer de l’époque. Petit à petit, la marque fait son trou et apprend sur un marché totalement acquis à sa cause (forcément, toute voiture étrangère coûte au minimum 50 % plus cher). Mais dans les années 90, et pour faire face à l’arrivée de Perodua (en cheville avec le japonais Daihatsu), Proton décide de s’affranchir toujours un peu plus de son partenaire japonais. Tandis qu’elle rachète à un Romano Artioli en difficulté financière la firme anglaise Lotus, bien décidée à se servir notamment de son bureau d’étude pour son propre développement (lire aussi : Bugatti), elle noue un accord avec Citroën pour produire la Tiara (une AX simplement rebadgée, lire aussi : Proton Tiara).

Suprima 01

L’influence de Lotus ne commencera à se faire sentir qu’avec l’apparition des premiers modèles spécifiques de la marque à partir du milieu des années 2000, comme la Savvy, la Gen-2, la Personna ou la Satria Neo. Ces modèles relativement réussis (notamment la Satria Neo) furent même vendus en Angleterre, marché à conduite à droite comme la Malaisie. Désormais, Proton produit ses propres véhicules, dessinés en Malaisie, et dotés d’un moteur local, nommé Campro. Prochaine étape dans la montée en puissance de Proton (désormais filiale du groupe DRB-Hicom) : développer l’export.

Suprima 02

C’est dans cette optique qu’a été lancée en août 2013 un tout nouveau modèle, la Suprima S. Il s’agit en fait de la version « hatchback » de la Prévé à coffre lancée quelques temps plus tôt, en avril 2012, et basée sur la plate-forme P2 de nouvelle génération. Sous le capot, on trouve un moteur totalement malaisien, un « Campro » de 1,6 litres et 138 chevaux, et d’une boîte robotisée à 7 vitesses. Dessinée par Italdesing, réalisée avec la collaborations d’experts, ingénieurs et consultants italiens, français, allemands ou anglais, la Suprima S est un message envoyé au monde de l’automobile par Proton sur ses capacités technologiques.

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La Suprima S n’est sans doute pas la meilleure de voiture de sa catégorie, ni même la plus jolie (quoi que je la trouve physiquement fort agréable), mais elle montre bien les progrès réalisés par une marque comme Proton, sans doute grâce au savoir-faire technologique de sa filiale anglaise Lotus. Surtout, elle ne déparerait pas sur nos routes occidentales, offrant une intéressante alternative au low-cost façon Dacia. Sa priorité à l’export reste l’Asie du Sud Est et l’Océanie : elle a été lancée en Indonésie, en Thailande, à Brunei et en Australie fin 2013 et début 2014, rencontrant un certain succès.

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D’autres marchés sont visés, comme la Grande Bretagne, la Turquie, les émirats du Golfe ou l’Afrique du Sud, mais la France n’entre pas encore dans les plans de Proton. Cependant, la Suprima S est bel et bien un outil de conquête, puisqu’essentiellement destinée à l’export. En Malaisie, c’est la Prévé qui tient la dragée haute, les malaisiens préférant les coffres. A terme, la Suprima S, qui affiche clairement un look sportif, pourra disposer d’un tout nouveau CamPro de 2 litres plus puissant, ainsi que d’une boîte manuelle six vitesses.

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Si vous avez vraiment envie d’être un pionnier et de rouler en Proton Suprima S, vous pourrez toujours tenter d’en acheter une outre-Manche, à moins d’attendre une hypothétique commercialisation en France. Sinon, rabattez vous sur une Citroën AX d’occasion et achetez un blason Proton sur e-bay. Vous aurez l’impression de rouler en Proton Tiara !

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Il n’y a pas que Bufori en Malaisie (lire : Bufori Geneva), et pour tout dire il s’agit d’un tout petit acteur par rapport aux deux grands constructeurs malais, Perodua (créé en 1993) et Proton, qui se battent chaque année pour la place de numéro un du marché. Je vous parlerais prochainement de l’histoire de Proton, mais sachez qu’il s’agit d’un constructeur créé de toute pièce en 1983 sous l’impulsion étatique. A sa création, Mitsubihi en est actionnaire à hauteur de 16 % et fournit ses véhicules en CDK (completely Knock down, des kits d’assemblage en fait).
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 24/07/2014
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