Peugeot Oxia : la supercar du futur en deux exemplaires !
Si aujourd’hui j’ai parfois du mal à m’extasier devant des concept-cars trop futuristes, ou trop exagérés, cela n’a pas toujours été le cas. En 1988, alors que je n’avais que 13 ans, j’avais été profondément marqué par un concept-car qui allait ancrer un peu plus encore ma préférence pour les production sochalienne : la Peugeot Oxia.
Malgré un nom un peu alambiqué inspiré du point zero de la planète Mars (à moins que ce ne soit la planète Oxo de notre ami La Denrée ?), l’Oxia fut pour moi la preuve de l’outrageant réveil de Peugeot en ces années 80. Remettons-nous dans le contexte : après avoir frôlé la faillite, Peugeot, porté par un sacré numéro, la 205, volait de succès en succès. Succès commerciaux d’abord avec la 205 bien sûr, mais aussi la 405 ; succès sportifs ensuite, avec les victoires en Groupe B, au Paris-Dakar et même à Pikes Peak. Surtout, Peugeot préparait une nouveauté importante : la Peugeot 605 qui n’apparaîtra qu’en 1989.
C’est au Salon de Paris 1988 qu’est présentée l’Oxia. Admirez son style novateur et complètement crédible : à l’époque, se préparent la Cizeta V16 et la Lamborghini Diablo. L’Oxia est dans la même veine, mais en plus moderne encore, poussant à l’extrême le design Peugeot à la mode à l’époque. Pour tout dire, elle n’a pas tellement veilli aujourd’hui, preuve d’une certaine pertinence du trait ! L’Oxia fait d’ailleurs la synthèse entre la 405 (les feux arrière s’en inspire en étirant un peu le dessin) et la future 605 puisqu’elle en possède les optiques sans modification : il s’agit en quelque sorte d’un teaser annonçant la grande berline de Peugeot à venir. L’immense pare-brise réalisé par Saint-Gobain est à lui seul une œuvre d’art !
Côté moteur, elle est équipée du V6 PRV de 2,8 litres, 24 soupapes (annonçant sans doute le 3 litres PRV 24 soupapes qui équipera le haut de gamme 605, la SV24), mais doté de deux turbos pour proposer la « modique » puissance de … 680 chevaux ! Une puissance incroyable pour l’époque. Présentée à la presse sur circuit (car l’Oxia est roulante et opérationnelle), elle atteindra la vitesse de 349 km/h avec à son volant le pilote d’essai de chez Michelin.
Visionnaire, l’Oxia l’est aussi par son équipement. L’ordinateur de bord se veut ultra moderne, relié à un radio-téléphone, gérant les paramètres de la voitures d’un côté, et les paramètres de navigation de l’autre (à l’aide d’une base de données). Un GPS avant l’heure quoi ! Si aujourd’hui cela peut faire sourire, c’était vraiment nouveau en 1988 ! Des capteurs photovoltaïques sont aussi placés sur la base du pare-brise avant : bref un concentré de technologie qu’on ne peut qu’admirer à posteriori : les ingénieurs de la Garenne-Colombes avaient eu le nez creux !
Bon vous allez me dire : « oui mais bon, c’est un concept-car », on l’aura jamais ! Et bien détrompez-vous, tout est possible. Car Peugeot n’a pas construit un exemplaire, mais bel et bien deux. Jusqu’en 2009, les deux étaient conservés au musée de l’Aventure Peugeot. Mais cette année-là, afin de dégager du cash pour racheter des pièces majeures de son histoire, le musée mit en vente un certain nombre de doublons, dont le 2ème exemplaire de l’Oxia. Il s’est vendu cette année-là au prix de 141 500 euros à un acheteur américain. C’est donc aux Etats-Unis que vous pourrez toujours retrouver l’Oxia, et pourquoi pas faire une offre à son propriétaire ?