Peugeot 607 Pescarolo : le coup d'épée dans l'eau !
J’ai toujours regretté qu’aucun constructeur français, malgré les réussites en compétition, n’ai jamais proposé une alternative aux puissantes berlines allemandes. Renault avait bien tenté le coup dans les années 90 en présentant la Safrane Biturbo (lire aussi : Safrane Biturbo) réalisée en collaboration avec Hartge et Irmscher, mais elle ne rencontrera jamais son public. Trop chère, trop pointue, trop lourde, pas assez noble, elle ne sera vendue qu’à 806 exemplaires. De quoi dégoûter ses concurrents français de se lancer dans pareille aventure.
Les grandes berlines françaises continueront donc dans les années 90 à culminer avec 200 petits chevaux tirés du vieux V6 PRV ou du nouveau V6 ES9/L7X. Pas de quoi sauter au plafond ni concurrencer les premiums allemandes. Pourtant, j’ai eu un espoir en 2002 quand Peugeot présenta au Salon de Paris sa 607 Pescarolo. Lancée en 2000, la Peugeot 607 est l’archétype de la berline sérieuse et discrète, dans la tradition bourgeoise et provinciale de Peugeot (lire aussi : Peugeot 607). Surtout pas de vague, pas d’agressivité, et en haut de gamme, le V6 ES9 qui arrive à cracher 210 chevaux pour 3 litres de cylindrée. Je n’espérais donc pas grand chose d’elle.
Mais avec la Pescarolo, la donne changeait. Son nom déjà lui donnait un parfum sportif indéniable. « Pesca » est un spécialiste du Mans, et faisait courir sous le nom de Pescarolo Sport des Courage C60 à moteur Peugeot justement. La ligne ensuite ne laissait aucun doute : tout en préservant « l’esprit 607 », le dessin est subtilement retravaillé dans l’idée d’une plus grande agressivité. Sans trop d’effets de style, le but est atteint et cette 607 Pescarolo respire la puissance, campée sur ses roues de 19 pouces.
D’ailleurs, ses deux sorties d’échappement laissent présager autre chose qu’un simple V6. Reprenant l’idée de la Safrane, c’est un moteur Biturbo qui prend place sous le capot. Et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de celui de la Courage C60 qui courre au Mans, un ES9 porté à 3,2 litres, gavé par deux turbos et développant 400 ch.
A l’intérieur, c’est le grand luxe. Cuir prune à tous les étages, équipements vidéos, l’habitacle de la 607 se transforme en limousine anglaise. Allait-on voir revenir un constructeur français sur le devant de la scène avec un haut de gamme digne de ce nom ? Et bien non ! Je ne sais pas si Peugeot a d’ailleurs seulement imaginé produire cette 607 en série. Mais je ne comprends pas bien l’intérêt de ce concept, à part peut-être tenter de dynamiser les ventes plutôt ternes de la grande sochalienne.
Bref, vous l’aurez compris, cette 607 survitaminée restera lettre morte. De toute façon, les mauvaises langues diront que passer 400 ch sur le train avant d’une traction, c’était mission impossible. Soit. Mais c’en était fini des rêves de grandeurs des constructeurs français. La 607 n’aura pas de remplaçante, tandis que la C6 (lire aussi: Citroën C6) battra les records de méventes, et que la Vel Satis tentera sans succès d’explorer une 3ème voie (lire aussi : Renault Vel Satis). Il ne reste plus qu’à espérer que DS nous ponde un jour sa grande berline DS9, avec peut-être un peu plus d’ambitions cette fois !