Peugeot 405 US : la dernière des françaises aux Etats-Unis
La Peugeot 405 est une voiture tellement européenne qu’il est difficile de l’imaginer sur la route 66 ou dans les rues de San Francisco. Et pourtant, c’est sur cette berline moyenne que Peugeot Motors of America (PMA) compte pour s’imposer et prendre le relais de la 505 sur le marché nord-américain (USA et Canada) en 1988.
Malgré un certain succès avec la 505 (lire aussi : Peugeot 505 Coupé et Cabriolet et Peugeot 505 USA) et un pic de ventes en 1984 avec 20 007 ventes (cela ne s’invente pas), Peugeot perd inexorablement des parts de marchés, faute d’une réelle adaptation des produits, malgré l’idée des coupés et cabriolets 505. Le lancement réussi de la 405 en Europe laisse penser aux dirigeants sochaliens qu’elle pourrait épauler à moindre frais son aînée aux States.
Contrairement à Renault, qui produisait certains de ses modèles sur le sol américain via son allié AMC (lire : Eagle Premier), notamment des dérivés de R9 et R11 (Alliance ou Encore, lire aussi: Renault Alliance / Encore), Peugeot Motor of America importe directement ses voitures d’Europe, après modifications et mise aux normes américaines. Mais la déconfiture de Renault aux USA, et les propres problèmes de fiabilité de Peugeot plombent l’image des voitures françaises.
La 405 est lancée aux Etats-Unis en septembre 1988 avec deux motorisations : le 1,9 de la Sri de 100 ch (contre 125 en Europe, la faute au catalyseur), et celui de la Mi16 (qui tombe à 150 ch pour les mêmes raisons). La mise aux normes américaines fait prendre 140 kg aux 405. Mais c’est sur la Mi16 que Peugeot compte réellement pour redresser la barre, avec notamment un équipement très riche. Malgré l’arrivée du break peu de temps après, la Peugeot 405 n’arrivera pas à s’imposer. PMA propose pourtant une garantie trois ans.
Pour l’année-modèle 1989 (juillet 88/juillet 89), seuls 6 095 exemplaires sont immatriculés (405 et 505 comprises), pour tomber à 4 292 en 1990 et 2 223 en 1991. Quelques centaines à peine seront vendues pour l’année-modèle 92 (à compter de juillet 91), avant que PMA soit liquidée. La 405 a-t-elle précipité la chute de Peugeot aux USA ? Difficile de le dire. La 405 n’était sûrement pas adaptée au marché américain, mais la 605 n’était pas encore sortie à cette heure, et les problèmes liés à son lancement n’arrangèrent pas les choses. Heuliez envisagea bien un coupé sur la base d’une 405 Mi16 américaine, resté sans suite (lire aussi: Peugeot 405 Coupé).
Pour promouvoir la marque, dans la continuité des succès en rallye et rallye raid, Peugeot engage la 405 T16 aux mains d’Ari Vatanen dans la montée de Pikes Peak deux années de suite (88 et 89), battant les records deux fois, sans effet sur les ventes de la voiture de série.
Sans vouloir mettre de moyen, avec une voiture inadaptée (soit trop petite, soit trop grande, quoiqu’il arrive trop chère), devant lutter contre les préjugés américains sur les voitures françaises et surtout devant affronter des concurrents japonais agressifs, sans l’image décalée d’un Volvo ou d’un Saab, il était écrit d’avance que l’aventure 405 se terminerait en fiasco. Elle devait sans doute assurer la transition, mais les ventes chutèrent trop vite pour envisager le succès.