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Peugeot 306 S16 : le lion ressort ses griffes

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 15/08/2022

A quoi reconnaît-on une voiture à succès ? Tout simplement au fait que, 15 ans après la fin de sa fabrication, et 24 ans après son lancement, elle fasse toujours partie du paysage automobile sans que personne n’y voit une vieille guimbarde. Qu’elle s’échange toujours en occasion et qu’il ne soit pas rare d’en croiser plus d’une dizaine en une journée, quel que soit l’endroit ! La Peugeot 306, lancée en 1993 et qui tira sa révérence 9 ans plus tard (pour ses versions break et cabriolet, les berlines 3, 4 et 5 portes ayant été retirées l’année précédente), fait partie de cette catégorie de voitures encore dans le coups bien des années après.

Car il faut bien l’avouer, la ligne toute en simplicité de cette berline compacte remplaçant la disgracieuse 309 est un modèle de réussite esthétique. Elle paraît bien plus moderne que sa descendante 307 aujourd’hui, plus râblée, plus agressive, plus tendue, plus universelle et intemporelle. La nouvelle 308 lui ressemble assez sur ce point là (lire aussi : 308 GTI), alors que Peugeot s’était perdu avec des 307 et 308 1ère version au design… disons spécial. Surtout, avec la 306, Peugeot avait décliné toute une famille de modèles permettant à chacun de s’identifier : 3 portes, 5 portes, 4 portes (à coffre donc), break, cabriolet (lire aussi : 306 Cabriolet) et enfin déclinaisons sportives, avec la XSI et la S16 qui nous intéresse aujourd’hui.

Peugeot avait déjà frappé un grand coup avec la 309 GTI 16 (lire aussi: 309 GTI 16), une 309 GTI à laquelle on avait greffé le 1.9 litres 16 soupapes de la 405 Mi16 et ses 160 ch. Certes, il fallait assumer rouler en 309, et sa finition précaire, mais quel talent ! Elle est aujourd’hui considérée comme une référence et entrée en collection. Bref, lorsqu’en 1993 la 306 est lancée, la gamme comprends évidemment une descendante, la S16, qui perd l’appellation GTI plus trop à la mode à l’époque (sauf en Belgique, en Angleterre ou en Australie), quelques chevaux au passage, passe aux 2 litres ACAV, mais qui récupère les qualités de la 306 : châssis au top, trains roulants au poil et direction précise, sans compter une spécificité partagée avec sa sœur Citroën ZX 16v : des roues arrières « auto-directionnelles » permettant d’enrouler les virolos avec plaisir.

Avec la S16, on perçoit toute l’expérience de Peugeot dans la réalisation d’un châssis exemplaire, après des années de course et de petites sportives (205, 309). Reste que la première version de la S16, dite ACAV (Admission à caractère acoustique variable), déçoit un peu. Avec la dépollution, le moteur de la 405 Mi16 descend à 155 ch. Enfin, officiellement, car en fait, beaucoup s’apercevront qu’il y en a encore moins, obligeant Peugeot à rectifier le tir et à annoncer finalement 150 ch… pas toujours là non plus selon certains. Pourtant, la S16 est une bonne voiture, mais frustrante : étant donné la qualité de son châssis et sa tenue de route, elle mériterait bien plus de chevaux. Il lui manque un caractère de vraie sportive, et son moteur n’est pas véritablement agréable (sans démériter hein, malgré la réputation qu’on lui a collé a posteriori).

En 1996, Peugeot va donc rectifier le tir en proposant une nouvelle S16. Désormais, son 2 litres 16 soupapes développe 167 chevaux qui sont là et bien là. Enfin, la S16 dispose de la cavalerie nécessaire pour exploiter ses talents. En outre, elle bénéficiera, au contraire de sa sœur ZX 16v 167, d’une toute nouvelle boîte à 6 vitesses. Mieux, en 1997, la 306 est habilement restylée . Souvent, le lifting est raté : avec la 306, c’est tout le contraire. Elle retrouve une seconde jeunesse et reste tout à fait dans le coup (c’est d’ailleurs cette deuxième version qui conserve aujourd’hui toute sa modernité, plus que la phase 1).

C’est donc la S16 phase 2 qu’il convient de rechercher en priorité, pour sa ligne, son moteur, sa boîte, son châssis. Cela dit, dans un esprit « collection de rareté », les dernières phase 1 de 1996 dotées du moteur 167 et de la BV6 sont réellement collector. Tout comme un des 400 exemplaires de la série Le Mans de 1993, célébrant les victoires de Peugeot en terre Mancelle. Ou bien, pour ceux que la conduite à droite ne rebute pas, une rare version Rallye vendue outre Manche avec les décos classiques vues sur les 205 (lire aussi: 205 Rallye) ou 106 (lire : 106 Rallye), fabriquée à 500 exemplaires en 1999, exclusivement pour l’Angleterre.

La 306 Rallye, uniquement disponible en Angleterre à 500 exemplaires

A la fin de sa carrière, la S16 s’offrait en deux finitions : Premium (pour qui voulait tous les équipements « classiques » de l’époque) ou Confort (une version dépouillée pour les puristes). A vous de voir laquelle vous ira le mieux. Aujourd’hui, on trouve encore un paquet de modèles à la vente sur Le Bon Coin. La difficulté sera surtout d’en trouver une en bon état, certains modèles étant passés par la case tuning avec plus ou moins de bonheur. Les « Acav » sont moins prisées, mais ne sont pas à mettre forcément de côté quand la bourse est moins grande. Sinon, pour les plus désargentés désireux de profiter de l’excellent châssis de la 306, il reste la XSI, disponible en 5 portes (contrairement à la S16), aux moteurs allant de 123 à 135 ch suivant les millésimes. Bref, vous avez l’embarras du choix !

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