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Peugeot 306 Eden Park: « the french flair »

Par CLÉMENT-COLLIN - 01/08/2022

Souvent, les séries spéciales trahissent un besoin de déstockage, et le choix du co-branding peut parfois paraître un peu « cheap ». Pourtant, chez Peugeot, l’alliance avec une marque pour une série limitée dans les années 80 ou 90 a souvent été brillante, donnant naissance à des véhicules plutôt recherchés aujourd’hui. Normal, la marque au Lion s’appuyait alors sur des marques dans l’air du temps, et plutôt haut de gamme sans aller jusqu’au luxe: parfait pour rehausser l’image de véhicules de petite ou moyenne gamme. Après Lacoste, puis Roland Garros (toujours d’actualité), Peugeot s’appuyait sur la jeune marque (à l’époque) Eden Park pour rendre encore plus sexy sa 306 !

Les vainqueurs du championnat de France, le Racing, avec Franck Mesnel, créateur d’Eden Park… Une image revisitée par la marque quelques années plus tard

Depuis le lancement de la marque Eden Park par Franck Mesnel en 1988, le casual chic tendance polo de rugby envahissait les beaux quartiers. A la même époque, le polo Lacoste qui fut pourtant si chic dans les années 80 devenait un symbole des banlieues, aux dépends de son fabricant. Et puis, Peugeot se sentait bien dans cette univers du tennis et du rugby, sports considérés comme plus chics que le football. A part le sponsoring « obligatoire » de sa filiale FC Sochaux-Montbéliard, jamais Peugeot ne s’aventurera en terme marketing dans le domaine trop populaire du ballon rond. Le Rugby en revanche, quelle bonne idée ! Sport « so british », mêlant la classe à l’anglaise et le bon sens du Sud-Ouest, il est le trait d’union entre le populaire et le chic, la bonne éducation et le « fighting spirit ».

L’intérieur d’une Eden Park 2ème série, avec la sellerie « tartan »

Pour Eden Park, tout a commencé avec cette finale perdue en finale de la coupe du monde de Rugby en 1987. Dans ce stade Eden Park d’Auckland, les noeuds pap’ roses font leur apparition. Une facétie reprise l’année suivante en finale du championnat de France (perdue) puis en 1990 (gagnée). La marque de fabrique de Mesnel et de ses compères (Eric Blanc, Jean-Baptiste Lafond) était lancée, et Eden Park sur les starting blocks. En 1995, le « french flair » (slogan de la marque) leur aura permis de s’imposer dans les dressings des beaux quartiers.

Pour accompagner sa 306 pas encore en fin de vie, Peugeot va s’intéresser à cette marque montante et lui proposer une série spéciale, un appel du pied accepté par Mesnel (qui gère particulièrement la com et le marketing). La 306 Eden Park était née. En janvier 1995, elle arrive en concession à grand renfort de publicité, pour une série limitée à 1500 exemplaires.

Selon Christian Peugeot, directeur du marketing de l’époque chez Peugeot (Challenges):

C’est l’application de la notion de sociostyles qui a conduit à créer des véhicules spécialement adaptés à une clientèle partageant les valeurs d’une marque associée

A cette époque, le diesel était encore roi, et ce premier opus s’offre une unique motorisation, un 1.9 litre Turbo Diesel de 92 chevaux. Rien de bien excitant. C’est plutôt côté décoration et équipement que l’Eden Park s’offrait du sex-appeal. En premier lieu, des jantes 14 pouces en alliage issues des Xsi, peintes couleur crème. Rien de tel que des jantes pour se distinguer de la plèbe en enjoliveur. La teinte unique proposée est le « bleu d’Arabie », tandis que des logos Eden Park viennent prendre place sur les flancs et à l’arrière du véhicule. Un liseré doré rehausse le tout, tandis que des phares anti-brouillards s’intègrent au pare-choc avant. La classe.

Le catalogue de la 2ème série

A l’intérieur, les sièges sport proviennent de la S16 (lire aussi : Peugeot 306 S16) mais récupèrent d’amusants appuis-tête en forme de ballon de rugby. La sellerie est un mix entre le cuir crème et un tissu vert et bleu marine, très « casual chic » justement. Les sur-tapis sont eux aussi siglés Eden Park, et le volant gainé de cuir. Enfin, on peut opter soit pour la climatisation, soit pour le toit ouvrant, mais pas les deux en même temps, le tout pour 10 000 francs (toit ouvrant) ou 15 000 frans (climatisation) de plus qu’une Turbo Diesel « classique ». Le semi-luxe se paie !

Malgré cela, les 1500 exemplaires sont tous écoulés en un temps record. Le succès est tel qu’il va donner des idées à Peugeot : tout d’abord en s’impliquant dans le rugby, en devenant le sponsor du Stade Toulousain en 1996 ; puis en réalisant une deuxième série Eden Park en 1997. Cette fois-ci, la gamme devient (un peu comme la série Roland Garros) intégrée à la gamme (même si c’est ponctuel), et élargie à d’autres modèles : alors qu’elle n’était disponible en 1995 qu’en 3 et 5 portes, désormais, il faudra aussi compter sur le break nouvellement lancé. Le 806 récupère lui aussi le logo, tout comme la petite 106.

Cette fois-ci, la sellerie évolue légèrement, le tissu s’apparentant plus à un tartan écossais. La teinte devient Bleu de Rhodes, et surtout, le choix de motorisation s’élargit au moteur essence 1.8 litre 16 soupapes de 112 chevaux. Et puis, on remet ça en 2000, histoire d’écouler les stocks de 306 en fin de vie. On passe aux jantes de 306 S16, et l’équipement enrichi du genre capteurs de pluie, et tout le tralala qui commence à envahir nos voitures à cette époque-là ! Difficile de savoir combien de voitures ont été produites dans cette configuration en 1997 puis 2000.

Si le partenariat entre Peugeot en restera là, Peugeot continuera à sortir des versions spéciales « Rugby », soit à l’occasion de la coupe du Monde, soit pour fêter les 15 ans du sponsoring du Stade Toulousain avec une série spéciale limitée à 100 exemplaires de la 207. De son côté, Eden Park va « bosser » avec Toyota, avant de se rapprocher de Lande Rover pour un Range Sport SDV6 très sobre…

Aujourd’hui, la 306 Eden Park est un must have devenu rarissime en bon état. Entre les départs à la casse, les accidents, les tunings malheureux et le mauvais entretien, ces voitures ont quasiment disparu de nos routes, ce qui fait qu’un bel exemplaire pourrait coûter bonbon. Pour preuve la difficulté à trouver des images sur le web ou ailleurs : tout le monde s’en souvient, mais personne n’en a conservé de beaux documents. Si un lecteur attentionné pouvait m’en fournir, je suis preneur !

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