Peugeot 205 GTI : "Mythologie" des années 80 !
Tout a été dit ou presque sur la Peugeot 205 GTI. En faire un article s’avère donc périlleux, aussi vais-je tenter d’en parler « autrement ». Les puristes m’en voudront peut-être de ne pas trop rentrer dans la technique (cela dit, cela n’a jamais été mon truc, même s’il faut bien parler de temps en temps de cylindrée, de puissance ou de couple, voire de certaines solutions techniques), mais je leur dirai qu’ils en savent sûrement plus que moi. Roland Barthes, dans « Mythologies » en 1956 mettait en avant jusque sur la couverture la Citroën DS, représentative « mythique » de son époque. S’il avait été encore vivant dans les années 80, sans doute la 205 GTI aurait-elle remplacé la DS !
A force de lire Boîtier Rouge, chacun aura compris dans quel caca se trouvait Peugeot après avoir eu les yeux plus gros que le ventres dans les années 70 avec le rachat de Citroën en 1975, puis de Chrysler Europe en 1978 (lire aussi : Rachat de Chrysler Europe). Rajoutons à cela une bonne crise pétrolière en 1979, et on se retrouve avec un fleuron de l’automobile française, réputé pour sa gestion de « bon père de famille », dirigé par une famille bourgeoise et protestante jusqu’au bout des ongles et réputée prudente, à deux doigts d’une faillite qui aurait laissé le champs libres aux « cocos de Billancourt » (lire aussi : Ta Beline est politique Camarade !). Heureusement, il y a avait dans les cartons de quoi se relancer, une voiture géniale comme un constructeur n’en a pas souvent : la 205. Les publicitaires ne s’y étaient pas trompés, en l’appelant aussi sec « le sacré numéro ». Numéro béni, à posteriori, numéro de la dernière chance à l’époque.
Conscients de l’importance du modèle, les « p’tits gars de chez Pigeot » n’avaient pas le choix : avec la 205, c’était la roulette russe, « ça passe ou ça casse ». Il faut croire que c’est au pied du mur qu’on voit le mieux le mur, car à tous les niveaux de la gamme 205, les mecs eurent « la vista ». La nouvelle 205 sortira en 1983, mais dès le 1er mars 1984, la 205 GTI (avec son 1,6 litre de 105 ch) est commercialisée. Bon ok, Volkswagen avait déjà bien défriché le marché, et surtout imposé un standard de performance sur le segment de la petite citadine sportive. Peugeot n’eut qu’à suivre le mouvement. Mais alors qu’aujourd’hui tout le monde pense ne pas pouvoir rivaliser avec les allemandes et les standards venus d’outre-Rhin, Peugeot eut l’outrecuidance de penser pouvoir faire aussi bien, si ce n’est mieux, que celle qui dominait le marché depuis belle lurette.
« De l’audace, toujours de l’audace » disait Danton. Une phrase que nos constructeurs français devraient suivre aujourd’hui, et que Peugeot prit à son compte à l’époque. Coupant dans les budgets, renonçant à certaines ambitions, sciant les branches mortes (la Talbot Tagora en est un exemple flagrant, lire aussi : Talbot Tagora), faisant de la place pour que son bébé prenne son envol (adieu BX 4TC mal fagotée, et possible concurrente de la 205 Turbo 16 en Rallye, lire aussi : Citroën BX 4TC), Peugeot faisait « tapis », et remporta la partie dont la 205 GTI en est l’illustration.
Confiant en son produit, la marche sochalienne n’hésite pas à mettre en avant sa petite sportive qui va tirer toute la gamme vers le haut, et faire de la 205 un best-seller, une machine à cash, qui permettra à la vieille entreprise doubiste de se refaire et de lancer dans la foulée un deuxième hit, la Peugeot 405. Epoque bénie, où tout souriait enfin, après avoir bien flippé au début des années 80. La 205 GTI est un symbole de ces années-là : chérie des golden boys « à la française », révolutionnaire (et pourtant sans chevron) par son positionnement (une petite voiture pouvait être un « signe extérieur de richesse », bien que Claude Brasseur dans le film éponyme préfère conduire une Jeep Cherokee), et surtout, son efficacité. Une sorte de compromis bien dans son époque, où sous un pouvoir socialiste le capitalisme prend son envol, où l’on montre sa réussite tout en restant chauvin, et où la vitesse et le sport en automobile restaient encore politiquement corrects.
Peugeot fera évoluer sa petite bombinette, le 1,6 litre passant à 115 ch… tandis qu’un kit PTS permettait d’obtenir 125 ch (lire aussi : Peugeot 205 GTI Kit PTS). Pendant ce temps-là, avec Jean Todt à la baguette, Peugeot-Talbot Sport s’impose avec maestria en Groupe B, puis Rallye-Raid, installant un peu plus la marque, son modèle phare, et sa GTI de série ! La preuve que, lorsqu’on a une stratégie, et que l’on s’y tient, tout sourit ! En 1986, la 205 GTI prend encore du coffre, avec une version 1,9 litre et 130 chevaux. En France, la GTI met au rencard sa concurrente au losange, la Renault Super 5 GT Turbo (lire aussi : Renault Supercinq GT Turbo), tout comme la Golf GTI. En Europe, elle fait mieux que se défendre, talonnant la Golf, la dépassant même notamment en Angleterre (qui sortira dans les années 90, entre autres, une version spécifique et désirable, la 1FM, lire aussi : 205 GTI 1FM).
Le passage au pot catalytique en 1993 entraînera l’abandon de la GTI 1,6 litre, tandis que la 1,9 litre verra sa puissance passer à 122 ch. Mais peu importe, la belle est en fin de carrière, tandis que Peugeot a déjà lancé une 106 vitaminée (la XSI, lire aussi : Peugeot 106 XSI) et prépare la 306 S16 ! D’ailleurs, les GTI ne sont plus au catalogue en 1994 ! Au total, plus de 330 000 exemplaires de ce petit modèle sportif et « couillu » (à l’époque il fallait oser ce pari jamais vraiment tenté par Peugeot, mêlant modèle de série performant, abordable et plaisant, avec une politique sportive audacieuse et adapée). Sans compter la sellerie rouge vif sur certain modèle, so eighties !!! Le problème avec la GTI aujourd’hui, c’est qu’elle aura tellement marqué son époque qu’elle en est devenue l’icône, du moins en France. Résultat, la moindre voiture en bon état finit par s’afficher à des tarifs indécents pour une voiture datant, pour la plus récente, de près de 22 ans (32 ans pour la plus vieille).
Aujourd’hui, la spéculation a gagné les couches automobiles les plus basses, et chacun croit avoir un trésor dans son garage. La mode des youngtimers a fait le reste, contribuant à une hausse des prix bien éloignée de la philosophie de la voiture à l’origine : mettre le sport à la portée de tous, dans un emballage valorisant. Certes, la 205 GTI s’adressait déjà à une clientèle aisée, et pour les plus désargentés à l’époque, il fallait se rabattre sur la Rallye (lire aussi: Peugeot 205 Rallye) ! Mais aujourd’hui, les deux modèles sont chers, voire inaccessibles ! Je ne vous parle même pas de la 205 Turbo 16 série 200, dont les prix atteignent des sommets (lire aussi : Peugeot 205 Turbo 16 Série 200). Si pourtant vous avez envie de casser votre tirelire pour vous offrir un bout de nostalgie, n’hésitez pas, et sautez le pas ! Plaisir assuré.
Sur le sujet, lire aussi : Peugeot 205 GTI Griffe et surtout, pour les amateurs de disctinction, Peugeot 205 i16v Gutmann. Les amateurs de tuning (même si c’est plutôt bien fait) se plairont à lire aussi ces deux articles : Peugeot 205 Dimma et La Peugeot 205 Dimma de Vincent !.