Opel Senator B : le haut de gamme façon "blitz"
Pour exister dans le « très haut de gamme », certains constructeurs généralistes ont usé d’une drôle de formule : maquiller une grande berline pour la faire passer pour ce qu’elle n’était pas, une berline de luxe puissante et racée. Certains constructeurs ? Enfin surtout un, Opel, qui, pour couvrir l’ensemble des marchés et concurrencer ses compatriotes « premium » BMW, Mercedes, et désormais Audi, proposa l’Opel Senator !
En fait, Opel présente sa première Senator en 1978, dérivée de la Rekord, un peu comme Audi sa 200 dérivée de la 100. L’idée est simple : proposer une voiture plus longue, plus statutaire, plus luxueuse, et surtout motorisée uniquement pas des blocs nobles : des L6 essentiellement. En 1987, Opel use du même stratagème en présentant la Senator « B », issue quant à elle d’une plate forme rallongée d’Opel Omega.
La stratégie est ambiguë puisque l’Omega dispose elle aussi du 6 en ligne de 3 litres. Elle est elle aussi spacieuse et imposante. Mais la Senator se veut d’un autre standing : la place à l’arrière est plus grande, l’équipement plus riche, la présentation plus « classe ». La calandre suffit à différencier les deux modèles, avec une « grille » luxueuse pour la Senator, tandis que l’Omega se limite à un léger passage d’air en dessous du capot moteur.
La Senator B apparaît en septembre 1987 avec un L6 de 3 litres, sans catalyseur, offrant 177 ch. Une puissance respectable à l’époque, sans en faire un foudre de guerre. D’autres version seront proposées dans les premières années : un L6 2.5 litres issu de la Senator A de 140 ch destiné uniquement à l’export ; un L6 catalysé de 3 litres et de 156 ch. En 1988, le L6 catalysé de 3 litres repasse à 177 ch, ouf !
C’est en octobre 1989 que les choses deviennent sérieuses. La Senator reçoit le L6 en version 24 soupapes, permettant d’obtenir 204 chevaux. C’est l’occasion pour recevoir un léger lifting. La Senator reste une voiture haut de gamme et propose du bois, et des équipements de communication comme le téléphone voire plus : la clientèle visée reste clairement les patrons de grosse PME allemands qui veulent du confort sans (trop) de signes extérieurs de richesse. Plutôt que le cuir, le velours est favorisé.
En mars 1990, on ne sait pas ce qui passe par la tête d’Irmscher. En même temps qu’une version exclusive de l’Omega est lancée (lire aussi : Opel Omega Evolution 500), le sorcier allemand se penche sur la Senator en lui greffant un 4 litres de 272 ch, un kit carrosserie, et un intérieur de grand luxe… Il faut croire qu’il y avait une clientèle pour cela. Cette même année, le 2.5 de 140 ch disparaît pour laisser la place à un 2.6 litres de 150 ch. Bon, pourquoi pas ?
L’Irmscher Senator offre 272 ch et un intérieur grand luxeMine de rien, la Senator B ne sera pas un four : certes, la Senator A se vendra deux fois plus (129,644 exemplaires entre 1978 et 1986), mais avec plus de moteurs disponibles et une version coupé (la Monza, lire aussi : Opel Monza). La Senator B, elle, rassemblera 69 943 clients, prêts à mettre la main au portefeuille pour se distinguer d’une simple Omega, fut-elle 3000.
La Senator s’éteindra en 1993, Opel considérant que l’Omega pouvait seule assumer le présence de la marque sur le haut de gamme… Une nouvelle version appelée Omega B assurera seule le rôle de flagship avec une version MV6. La Senator sera donc la dernière représentante de la marque au blitz dans la catégorie des limousines.
La Senator connaîtra aussi une carrière de taxi, mais aussi de voiture de police en Angleterre sous le blason VauxhallAvouons qu’aujourd’hui, la Senator peut faire de l’oeil à un amateur éclectique. Motorisation puissante (avec du couple à tous les étages), voire trop puissante en version Irmscher, intérieur de grand luxe, discrétion et distinction, et tarifs très abordables : autant d’argument pour s’offrir cette grande berline atypique qui n’a désormais plus cours chez les constructeurs généralistes. Rendez-vous sur le Bon Coin !