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Nissan Santana : l'apprentissage du premium à l'allemande !
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 9 mars 2015Un bon deal est généralement un deal « win/win »… Si l’un des deux partenaires n’y trouve pas son compte, c’est donc un mauvais deal. Or au début des années 80, Nissan et Volkswagen signèrent un bon deal. Nissan cherchait à apprendre et voulait proposer une voiture de qualité « à l’européenne ». Dans l’idée de la création de la marque premium Infiniti, s’inspirer des allemands n’était pas idiot. De son côté, Volkswagen voulait contourner les taxes douanières japonaises et imposer son blason au pays du soleil levant.
Un deal gagnant/gagnant on vous dit ! Toujours est-il que Takashi Ishihara, le président de Nissan de l’époque, est persuadé que produire la Santana permettra à Nissan de franchir un cap. Les négociations commencent donc entre Nissan et Volkswagen dès 1981, pour aboutir au lancement de la Nissan Santana (nom de code M30), une Passat deuxième génération (B2), qui garde cependant son blason VW, et récupère un petit blason Autosun à l’arrière (l’un des réseaux de distribution de Nissan).
Avec la Santana, Nissan et Volkswagen pensent exploser le marché avec une automobile aux standards allemands, mais retravaillée pour le marché japonais : conduite à droite bien sûr, mais aussi une taille un peu plus fine, afin de satisfaire à la législation fiscale japonaise qui taxe selon la longueur des voitures. L’accent est mis sur la qualité de fabrication, et Nissan ne cache pas l’origine allemande de sa M30 (voir les publicités en fin d’article).
Côté équipement, on est proche de l’allemande : « noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir », mais avouons le, même fabriquée à Kanagawa, la Santana ne perd pas en qualité ! Un point commun que partagent japonais et allemands. Côté moteur, toute la gamme y est : turbo diesel 1,6 litres (72 ch), 4 cylindres essence 1,8 litres (100 ch), 5 cylindres 2 litres (107 ch, un moteur très Audi), et, sommet de la gamme dans sa version Xi5 Autobahn DOHC, le 5 pattes de 2 litres porté à 140 chevaux ! De quoi séduire l’inteligentsia japonaise, sensible aux valeurs européennes et pleine aux as !
Hélas, entre les intentions et la réalité, il y a parfois un gap ! Prévue pour être produite à 4000 exemplaires par mois, la Nissan Santana M30 ne se vendra qu’à 50 000 exemplaires en 7 ans de production, jusqu’en 1990. L’accord signé avec Volkswagen se poursuivra avec la Nissan Passat (une Passat 3ème génération, dite B3), mais qui ne sera fabriquée qu’une seule année (1990-1991) : il faut dire que ces félons d’allemands passeront à la concurrence, pour bosser avec le rival Toyota !!!
Un 5 cylindres de 140 ch pour cette Nissan Santana Autobahn Xi5 DOHCSi la Santana n’a pas été un succès, nul doute qu’elle a grandement contribué à l’apprentissage par Nissan du haut de gamme, donnant une expérience intéressante dans la gestation de la nouvelle marque Infiniti, lancée en 1989 avec la Q45 (lire aussi : Autech Nissan President Royal Limousine) et la Nissan President, son pendant japonais !
Reste cependant une curiosité automobile, qui peut avoir son charme si, comme moi, vous êtes des malades mentaux adeptes des séries spéciales et des modèles exotiques ! Plus fine que la « Passat » allemande, moins longue, plus rare aussi, avec des finitions particulières, la Nissan Santana Xi5 Autobahn DOHC peut s’intégrer sans problème dans votre collection de voitures atypiques ! La chasse est ouverte !
Merci à Nissan pour ses photos rarissimes !
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