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Caisse de lecteur : la Mercedes SL 500 R230 de Michel

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 01/08/2022

Auteur de bouquins (AMG, Type E, etc.) chez ETAI et contributeur à Boitier Rouge depuis six mois, je n’ai eu aucun mal à accepter la proposition de Paul: composer une ode à mon SL 500 quinze ans d’âge, que je mets en vente après quatre ans d’idylle.

Une nouvelle « danseuse » c’est, parait-il, comme une nouvelle maîtresse, si tant est que je n’en ai jamais eue. Après un coupé 300 CE-24 noir et un break C43 AMG gris métal – déménageur dans tous les sens du terme –, ma troisième young’ est ce splendide SL 500 de novembre 2001 (oui, une SL500 de 2001, c’est bien youn’, NDLR). Une des toutes premières de cette cinquième génération dite « R230 » du mythique SL Toute de bleu topaze vêtue, la peinture métallisé étant « offerte » sur ce modèle trônant tout en haut de la hiérarchie Mercedes. Ça change du gris ou du noir, trop cliché pour une Benz ! Je l’ai « troquée » contre mon break AMG et une belle soulte à l’été 2013 auprès d’un cadre de Mercedes-Benz France. Voilà donc un roadster de bonne tenue et en bel état qui a fait mon bonheur quatre étés durant donc. Mais voilà, ça y est, je suis prêt à partir sur une autre aventure à roulettes.

Pour être honnête, je ne cherchais pas vraiment de cabriolet à l’époque. Mais j’avais toutes les peines du monde à revendre mon break AMG, pourtant bien suivi et même doté d’une boîte automatique neuve. Combien d’acheteurs pour un break V8 essence de nos jours ? Après plusieurs semaines à le proposer en échange sur le bon coin, un cadre de Mercedes France me contacte. Visiblement à l’abri du besoin, il s’était constitué au fil des ans une belle collection de voitures plaisir mais n’avais jamais eu d’AMG. Il me présente son SL (décapsulé ou pas, quelle ligne !) acheté deux ans plus tôt et nous faisons affaire. « Je travaillais à la direction marketing de Mercedes France à l’époque, en tant que chef des gammes G/S/CL et SL, dont j’ai orchestré le lancement » se souvient-il, nostalgique. « Elle a une allonge extraordinaire » ajoute-t-il. A raison, le gros V8 de cinq litres regorgeant de couple. A moi les ruées dès que quelques hectomètres de ruban noir se libèrent sur l’A13. De quoi vous donner la banane en vous rendant au travail !

Le bruit et l’odeur

Je découvrais alors les joies de la conduite « ouverte » avec cette voiture de vieux beau. Au printemps, qu’il est agréable de cruiser le long des quais de Boulogne, profitant des borborygmes du big block teuton tout en humant les fleurs… et les pots d’échappement. Le voyage prendra une toute autre dimension quand j’emmènerai Madame déjeuner à l’abbaye des Veaux de Cernay, empruntant les routes sinueuses de la Vallée de Chevreuse. Un véritable havre de paix à vous dégoûter de rallier la capitale après le pousse café… Sauf en SL bien sur ! Plaisir encore – et fierté – de mener ma fille crinière au vent au centre de loisirs sur l’île de Puteaux, une fois son siège enfant installé à ma droite. Ce SL moderne n’est en effet qu’une deux places, ce que je pris pour des strapontins derrière les sièges n’étaient que des petits coffres de rangement (notice – 846 pages ! -, chargeur CD). La cinématique du « toit robot » – comme disent mes enfants – me bluffe encore. A sa sortie, c’était sans doute le système le plus évolué du moment. 16 secondes suffisent pour passer de cabriolet à coupé, mais à l’arrêt seulement. Amusant: une longue pression sur la télécommande permet de lancer le ballet depuis l’extérieur. On se souviendra que c’est Mercedes qui, avec l’aide du bureau d’études Porsche, ressuscita le toit escamotable imaginé par Darl’mat dans les années 30 en lançant le SLK en 1996 (lire aussi : Mercedes SLK).

Coté technologie, on est servi. Le freinage SBC est sans liaison mécanique, une opération de rappel ayant fiabilisé le système à l’époque. La suspension est pneumatique et ce SL reçoit en série à partir des motorisations V8 le fameux contrôle antiroulis ABC, pour Active Body Control. Une vraie ventouse cette Merco, qui devient amusante à conduire sur tracé sinueux et qui fait – un peu – oublier ses 1850 kilos. Une belle et rapide enclume, malgré ses ouvrants en aluminium. Pour l’anecdote, je m’étais amusé à la comparer à une Porsche 944 Turbo lors d’un essai publié sur mon blog (Youngbenz) fin 2014. Si les vocalises déjà sympathiques du SL 500 ne vous suffisent pas, mettez 10 000 euro de plus (en VO s’entend) et passez à la pointure AMG (V8 5,5 litres compressé, 500 chevaux). J’en sais quelque chose: mon voisin réveille l’immeuble tous les matins lors qu’il escalade les rampes du parking !

Train de vie

Capote ouverte ou fermé, le confort à bord est total. Il y a de la place et les sièges ou plutôt les fauteuils sont amples et enveloppants, réglables en tous sens, électriquement bien sur. Ils possèdent trois mémoires, retenant en outre la position des rétroviseurs (y compris l’intérieur, sic) et du volant et vous réchauffent le séant au cœur de l’hiver. En option, ils pouvaient devenir « Multicontours », jargon Mercedes synonyme de renforts pneumatiques dynamiques, bluffant en virage. Le cuir bleu topaze semble indestructible et recouvre aussi le haut de la planche de bord, les contre-portes et le couvre-capote. La classe, assurément ! En hiver, on peut se permettre de décapoter et de pousser le chauffage et la musique de la sono Bose à fond. Ce beau roadster aux multiples assistances – dont le relevage de la capote repliée dans le coffre, pour faciliter le chargement – me semble au final trop moderne, pas assez old school. Aussi me rabattrai-je sans doute sur le coupé SLC produit entre 1972 et 1981, trois fois plus rare qu’un SL « R107 » trop vu dans les séries télé et devenu inaccessible (lire aussi : Mercedes R107).

En quatre ans, je n’ai rencontré que peu de soucis. Toutes les révisions ont été effectuées dans des garages Mercedes du réseau officiel ou spécialisés dans la marque. De même que la récente réfection du système antiroulis électronique ABC, qui m’a délesté de quelque 4 000 euros. Au moins le futur acquéreur est-il sécurisé quant à la fameuse crainte de l’électronique sur les anciennes. Eh oui, si le prix d’achat reste assez abordable – j’en demande 19 000 € (elle en valait plus de 100 000 neuve, hors options) -, il faut pouvoir suivre le train de vie de la belle. On n’est pas face à un CLK contemporain, même si ces deux Benz se ressemblent… Ma belle est prête à être (re)découverte, pour bien moins cher qu’une Mégane CC certes plus moderne mais loin d’incarner une telle légende mécanique…

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