Jaguar XJ12C "Broad" : un Copy Cat pour John Steed !
Si je parle un anglais hésitant (sauf au pub après quelques pintes, je deviens alors « fluent »), j’ai en revanche la capacité à comprendre tout ce que l’on me dit dans la langue de Shakespeare. La faute (ou grâce?) à une maman prof d’anglais qui nous parlait dans cette langue petits, mais aussi à une série télévisée, The Avengers, qu’un prof nous passait en version originale les jours où il n’avait pas trop envie de se fouler (c’est à dire souvent, durant les 3 années où je l’ai eu). Et ce qui est bien avec The Avengers (Chapeau melon et bottes de cuir en VF), quand on aime la bagnole, et particulièrement les anglaises des années 60, c’est qu’on y voit un sacré paquet de belles voitures.
Dans la première série, la plus connue du grand public, John Steed, le héros au chapeau melon, conduit une Bentley 3 litres (produite entre 1921 et 1926 à 1619 exemplaires), mais affectionne aussi les Rolls Royce vintages, tandis que sa fidèle acolyte Emma Peel, belle jeune femme bien dans son époque, circule en Lotus Elan. Diffusée entre 1961 et 1969, la série rencontra un grand succès, comme le prouveront ensuite les nombreuses rediffusion en Angleterre ou en France, et s’arrête en pleine gloire pour une bête histoire de gros sous : coût de production élevé, retrait d’un des producteurs américains. Les fans en sont pour leurs frais.
C’est justement parce que la cote d’amour de la série est encore au Zénith malgré les années que des producteurs malins décident de la relancer en 1976, sous le nom de « The New Avengers » (il suffisait d’y penser). Bien évidemment, la question automobile est au centre de l’affaire : quelle voiture allait-on faire conduire à John Steed. Si le héros britannique doit garder une certaine classe automobile, il convient de le faire rentrer dans la modernité. On se met donc en chasse d’un véhicule exclusif répondant à ces critères.
A cette époque là, Jaguar s’est engagé dans un programme sportif avec l’écurie de Ralph Broad, Broadspeed, pour promouvoir la Jaguar XJ et son dérivé coupé, la XJC (lire aussi : Jaguar XJC). Un monstre doté d’un V12 de 5,3 litres et 460 chevaux, la XJ12C Broadspeed, est aligné en championnat d’Europe groupe 2. Pourquoi ne pas offrir un dérivé civil à notre bon John Steed ?
Aussitôt, un accord est signé avec British Leyland (qui fournira à peu près tout ce qui roule dans The New Avengers, notamment son Range Rover qu’elle veut promouvoir particulièrement), et l’exemplaire n°12 de la XJC est prélevé des chaînes de montage pour s’en aller chez Mister Broad pour y recevoir un kit carrosserie en tout point identique à celui des XJ12C Broadspeed.
Cependant, elle garde une livrée civile : intérieur luxe, avec cuir et boiserie, peinture « Green British Racing », et son V12 originel, avec seulement 295 chevaux, ce qui à l’époque reste une belle cavalerie. Jusqu’en 1977, date du clap de fin de cette 2ème série des Avengers, elle restera la monture préféré du notre héros flegmatique « so british ». A peine la fin des tournages sonnée, elle sera rachetée par un collectionneur, puis revendue, pour atterrir dans une grange où elle vieillira (mal).
Sortie de grange pour une star de la télé !Retrouvée récemment, dans un état pitoyable comme en atteste les photos de H&H Auctions Cars, elle sera mise en vente le 14 octobre. Estimée à 12 000 £ seulement, elle pourrait être une bonne affaire pour qui se sent de bricoler un peu. Mais ce serait l’occasion d’avoir dans son garage un authentique collector, qui plus est star de la télévision !
L’état actuel de la XJ12C de John Steed