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Jaguar Mark 2 : la plus belle berline du monde ?

Par Paul Clément-Collin - 29/07/2022

La Jaguar Mark 2 est l’une des rares voitures immédiatement reconnaissables y compris par ceux qui n’en ont strictement rien à faire de l’automobile. Identifiée au premier regard comme une anglaise par le premier béotien venu, la Mark 2 aura marqué son époque tant pas ses performances que par sa plastique avantageuse, inventant même un segment de marché au passage, celui des berlines de sport et de luxe de taille moyenne. Étrangement, la Mk2 ne sera jamais directement remplacée, les berlines suivantes de chez Jaguar s’avérant, comme la XJ6, plus grandes. Il faudra attendre 1999 et la S-Type (X200) pour retrouver dans la gamme un équivalent de la Mk2. Retour sur cette icône des sixties.

Subtile évolution de la Mk1

Si la Mk2 va révolutionner le monde automobile, ce n’est pourtant pas une nouveauté à proprement parlé : elle n’est finalement qu’une évolution de la Mark 1 (qui ne prend ce nom qu’a posteriori). Lorsque cette dernière sort en 1955, elle fait descendre le luxe à l’étage inférieur aux côtés des grandes Mark VIII et IX (notez la différence d’écriture). Plus ramassée, plus aérodynamique, plus moderne aussi, la Mk1 est en outre la première monocoque de la marque. Dotée du moteur de la XK, le 6 cylindres en ligne de 2 483 cc (mais curieusement appelé 2.4 litres), elle offre des performances de premier plan avec ses 112 chevaux (SAE). D’autant plus qu’en 1957, elle reçoit aussi un 3.4 litres poussé à 210 chevaux (SAE) : une belle cavalerie pour une berline à l’époque.

La Mk1 est un succès, mais curieusement, l’histoire retiendra le nom de son évolution, la Mk2, présentée au public en 1959. Elle conserve les deux moteurs déjà présents sur la Mk1, mais propose aussi une version plus puissante encore : 3.8 litres et 220 chevaux. De son côté, le 2.4 litres est porté à 120 chevaux, ce qui n’était pas du luxe. Mais c’est surtout stylistiquement que la Mk2 évolue. Bien que gardant la même silhouette générale, elle semble s’affiner, grâce à de plus grandes surfaces vitrées et quelques modifications mineures, mais bienvenues (comme les anti-brouillards à la place des “grilles”). Il suffit de peu de choses, parfois, pour changer le physique et rendre encore plus sexy une voiture qui l’était déjà à la base.

Un délicieux parfum british 

À l’intérieur, la Mk2 distille ce parfum britannique si particulier, grâce à son habitacle singeant parfaitement le Centaur Club : ronce de noyer, cuir, ne manque plus qu’un plaid en tweed et une bouteille de gin pour s’y croire. C’est tout le génie de Jaguar et de William Lyons : avoir su transposer les codes des grandes voitures de luxe dans une berline de taille intermédiaire. Mis à part la 2.4 un peu courte en performances, les 3.4 et 3.8 font merveille sur les routes britanniques ou continentales, et même américaines puisque la Mk2 sera l’outil de la conquête des USA pour Jaguar. La tenue de route est bonne, le freinage aussi (enfin tout est relatif, l’auto est lourde) et la Mk2 peut rapidement se targuer du titre de “berline la plus rapide du monde” malgré une boîte de vitesse obsolète (une 4 vitesses à première non synchronisée, et overdrive optionnel). On peut par ailleurs booster le moteur 3.8, en option, jusqu’à 285 chevaux.

Rapidement, la Mk2 va s’imposer dans le paysage automobile, s’incrustant dans les films ou les bandes dessinées, faisant rêver le père de famille comme le bambin accro aux rubriques de Starter. Certes, la Citroën DS cartonne elle aussi en France, mais sa technologie ne suffit pas à concurrencer la Mk2 dans l’imaginaire des amateurs d’automobiles : il lui manque un moteur, et il lui manque le luxe qu’offre la féline Jaguar. Cependant, malgré son gabarit “intermédiaire”, la Mk2 reste chère et ne peut prétendre à des volumes de ventes identiques aux berlines plus roturières.

Même la police anglaise eut droit à ses Jaguar Mk2

Succès commercial et cote d’amour

Malgré cela, la Mk2 va se vendre au-delà des espérances, poursuivant sa carrière presque dix années avant d’être remplacée par la XJ6. Elle va en outre connaître quelques dérivés. Dès 1962, Daimler désormais intégré à Jaguar va proposer sa vision avec la V8 qui, comme son nom l’indique, troque les 6 cylindres contre 8. En 1963 apparaît la S-Type (uniquement en 3.4 et 3.8 et à la suspension arrière plus élaborée). Enfin, en fin de carrière en 1967, le nom Mk2 disparaît pour celui de 240 (avec le moteur 2.4) et 340 (avec le 3.4), des versions plus accessibles et moins luxueuses aux côtés des S-Type qui perdurent encore. Au total, 110 933 exemplaires, toutes variantes confondues, seront produits à Coventry.

A partir de 1967, la Mk2 deviendra 240 et 340.

Aujourd’hui, la Mk2 est particulièrement recherchée par les amateurs d’automobiles britanniques : encore utilisable au quotidien (ou presque), toujours taillée pour les longues distances, elle fait toujours autant tourner les têtes. Voilà pourquoi ce mythe automobile a toujours la cote. Si elle reste relativement accessible (notamment les 240 et 340 pourtant rares), c’est une valeur sûre de la collection et demande malgré tout une mise de départ non négligeable, surtout en parfait état. Laissez-vous tenter par son charme so british, enfilez votre Barbour et votre pantalon de velours côtelé, glissez vos gants de conduite, direction les Highlands en Jaguar Mk2. Sachez enfin qu’elle est éligible à bien des rallyes historiques comme le Tour Auto, ce qui en fait véritablement une voiture à tout faire dans le plus grand des conforts !

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PAUL CLÉMENT-COLLIN - 05/09/2022
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