Fiat/Bertone X1/9 : l'étrange italienne !
A une certaine époque, il était encore possible de faire rêver le grand public avec une voiture dont le moteur le plus puissant culminait à 85 chevaux. Autant dire que l’époque a bien changé puisque, désormais, il faut un sacré paquet de bourrins sous le capot pour espérer réveiller la libido des jeunes passionnés de voitures d’aujourd’hui ! A une certaine époque, et malgré des difficultés financières parfois conséquentes, un constructeur généraliste pouvait nous pondre une voiture sans rapport stylistique avec le reste de la gamme, et s’offrir le luxe d’un moteur en position central ! Cette époque, c’était les années 70, ce constructeur, c’était Fiat, et ce modèle incongru le X1/9.
Rien que son nom bizarre lui donnait un aspect futuriste. D’ailleurs, c’est sans doute le seul modèle que je connaisse qui ait gardé son nom de code interne en passant du stade de projet à celui de la production. X 1/9 signifie tout simplement qu’il s’agit du 9ème développement des projets X1 (X0 désignant les moteurs, X1 les véhicules particuliers et X2 les véhicules utilitaires). Pour mieux comprendre, le projet X1/1, c’était tout simplement la Fiat 128, tandis que le X1/2 donnera l’Autobianchi A112 (lire aussi : Autobianchi A112), le X1/3 deviendra Fiat 130, tandis que le X1/8 se transformera en X1/20 et deviendra la Lancia Beta Monte Carlo (lire aussi : Lancia Scorpion). Bref vous l’aurez compris, seule le X1/9 conservera son nom de code. Une façon de distinguer cet ovni du reste de la gamme Fiat !
Tout commence en 1969 lorsque Bertone présente au salon de Turin un étonnant concept, l’Autobianchi Runabout, sorte de canot automobile blanc fleurant déjà bon les seventies, et dont la mécanique issue de la Fiat 128 était placé en position centrale. Ce concept car sera remisé, mais donnera des idées à Bertone qui développera une version plus réaliste et la présentera à Fiat en 1971. La Fiat et Agnelli sont séduits par le projet, mais hésitent : les finances ne sont pas au mieux, et l’engin est on ne peut plus décalé. Pourtant, ils sauteront le pas et valideront le projet X1/9. Autre époque je vous dis !
C’est au salon de Turin 1972 que la Fiat X1/9 est présentée au public. Si aujourd’hui les gens continuent de s’étonner devant ce petit roadster, imaginez ce que ce fut à l’époque ! La sidération, un coup de maître signé Bertone qui réussissait l’exploit de transformer la très classique Fiat 128 en engin futuriste. Si les trains roulants et les mécaniques viennent bien de cette placide berline, tout est inversé puisque le moteur se retrouve en position centrale arrière, et que le X1/9 passe de la traction à la propulsion. Le tout avec une ligne très personnelle ne laissant pas imaginer une seconde sa filiation !
Stricte 2 places, la Fiat X1/9 est en fait une targa, avec son toit mobile (on l’enlève à la main, hein, on est dans les années 70, ne rêvez pas d’un quelconque mécanisme pour flemmards) teinté de noir. Côté mécanique, on trouve donc le 1,3 litre de 75 chevaux (mais 61 outre atlantique oui oui!), puis le 1,5 litre de 85 chevaux (pour l’Europe) ou 75 ch (pour les Etats-Unis) à partir de 1978. Car oui mes amis, en vérité je vous le dis, ce roadster lilliputien et poids plume (entre 880 et 962 kg selon les versions) rencontra le succès surtout aux USA ! A tel point que ce marché représente presque 70 % des ventes du X1/9 (voire la totalité à la fin de sa vie).
D’ailleurs, lorsqu’en 1982 Fiat décidera de quitter les Etats-Unis, le X1/9 continuera d’y être importé, notamment par Malcom Bricklin, créateur de la marque canadienne éponyme (lire aussi : Bricklin SV1). L’année 1982 est justement une année charnière pour le X1/9. Déjà restylé en mars 1976, ayant perdu son petit moteur 1300 en cours de route pour le 1500 et gagner 5 vitesses (en 1978), le X1/9 perd en mars 1982 sa marque Fiat pour devenir Bertone X1/9. Car Fiat, qui voulait faire un peu de place dans ses usines pour la Uno notamment, souhaitait en arrêter tout bêtement la production. Mais Bertone, fier de son bébé et persuadé qu’il existait encore, notamment aux Etats-Unis, de la place pour une telle voiture sur le marché, en récupéra la production (tout comme il récupérera aussi la production de la Ritmo Cabriolet en 1985, lire aussi : Fiat Ritmo Cabriolet).
Dès lors, Bertone fait évoluer son modèle fétiche et lui faisant monter en gamme : le X1/9 nouveau se doit d’être plus chic, plus classe, plus huppé et donc plus cher ! Séries spéciales à gogo (dont la dernière très recherchée Gran Finale), jantes en alliage, revêtements en cuir, équipements à la hausse, une Bertone se distingue vraiment d’une Fiat ! Cahin caha, le X1/9 continuera d’être fabriqué jusqu’en 1989, date à laquel il finira par tirer sa révérence après une longue carrière de 17 ans. Les chiffres de fabrication différent selon les sources, variant entre 160 et 174 000 exemplaires, dont 19 500 chez Bertone (voire plus?).
En tout cas, avec son look incroyable, ses petits moteurs, ses deux marques successives, ses versions spéciales et son hisoire particulière, le X1/9 est assurément très « Boîtier Rouge » mais sa cote commence déjà à monter après avoir traîner ses guêtres dans les eaux troubles de l’occasion durant toutes les années 90 ! C’est sans doute maintenant qu’il faut se décider à investir, avant qu’il n’en reste plus un exemplaire de valable ou à bon marché ! A vous de voir !