Fiat/Bertone Ritmo Cabrio: la citrouille qui se voulait carrosse !
En mettant la Fiat/Bertone Ritmo Cabrio sur ma petite liste, j’étais loin d’imaginer dans quel désert d’informations j’allais tomber. Alors que les Ritmo Abarth 105, 125 et 130 TC semblent réunir les amateurs (lire aussi : Fiat Ritmo Abarth 130 TC), la version découvrable ne déchaîne pas les foules. Faut croire que le scorpion d’Abarth était plus fort que le b de Bertone.
A vrai dire, il suffit parfois d’un moteur pour transformer une citrouille en carrosse, tandis qu’enlever le toit de la citrouille la fera toujours rester citrouille, surtout lorsqu’en face, la concurrence s’appelle Volkswagen Golf cabriolet. La Ritmo Cabrio traînera toujours comme un boulet son physique ingrat, sa piètre qualité de fabrication et son coût élevé. Fallait vraiment être un tifosi de la Fiat à l’époque pour préférer la Ritmo pour rouler cheveux au vent.
Tout commence en 1978 avec le lancement de la Ritmo dessinée par Bertone pour remplacer la Fiat 128. Son style est franchement « étonnant » (c’est le moins qu’on puisse dire), voire rebutant pour certains. Mais Nuccio Bertone l’aime son bébé, et puisqu’il est devenu constructeur avec la Fiat X 1/9, il veut pouvoir faire tourner ses lignes de production. C’était l’époque où les grands constructeurs n’avaient pas assez de souplesse industrielle pour fabriquer des modèles destinés à de moins grands volumes, et sous-traitaient à des carrossiers comme Bertone ou Pininfarina. Aussi, Bertone propose à Fiat en 1981 une étude d’une version cabriolet de la Ritmo, qui y voit un moyen de dynamiser sa compacte. Banco ! La Ritmo Cabrio entrera en production en 1982.
C’est cette année-là que la Ritmo reçoit son premier facelift, qui réussira l’exploit d’enlaidir encore plus la voiture. Les tout premiers modèles de la Ritmo Cabrio sont à rechercher en priorité (ils sont rares) car ayant échappés au massacre et conservant leurs petits phares ronds. Ils n’en sont pas pour autant des prix de beauté car pour rigidifier la caisse (comme cela se faisait beaucoup à cette période), les cabrios recevront un arceau qui alourdit encore un peu plus la ligne de la belle (la bête?). De toute façon, si la berline ou les versions sportives de la Ritmo arrivent à se vendre correctement (surtout en Italie), la Cabrio elle se vend très peu. Fiat décide donc de jeter l’éponge en 1985 après un peu moins de 4000 exemplaires produits sous sa marque. Mais l’aventure ne s’arrête pas là. A l’instar de la X1/9, Bertone en continue la fabrication sous sa propre marque, et cette fois-ci avec un moteur plus puissant.
Au lieu du 4 cylindres 1,5 litres de 82 chevaux (puis 85 et enfin 86 au fil des ans), c’est désormais un 1,6 litres de 105 chevaux qui prend place sous le capot. Adieu les logos Fiat, place aux logo Bertone, tandis que le modèle se dénomme désormais Supercabrio. Pour maintenir les ventes à un niveau raisonnable, Bertone multiplie les séries spéciales richement dotées. Mais la Supercabrio reste chère, et malgré le réseau de distribution Fiat, ne se vend toujours pas très bien. Surtout, le 3ème petit facelift l’enlaidit encore plus !
Finalement, Bertone stoppera l’aventure en 1988, après en tout et pour tout 15 544 exemplaires produits sous les deux marques. Fiabilité aléatoire, qualité de fabrication moyenne, corrosion, et capote compliquée et fragile auront fait disparaître nombre d’exemplaires au rythme des primes à la casse. Dommage car finalement, avec le recul, j’ai fini par la trouver jolie cette Ritmo Cabrio. Et puis son physique « pas facile » est devenu une qualité aujourd’hui, car il permet de rouler original, et surtout pas cher (à partir de 3000 euros). En revanche, sa rareté peut vous empêcher de toucher à ce symbole mi-tôle mi-plastique des années 80. Aussi, ne vous laissez pas rebuter par sa drôle de tronche en tombant sur un bel exemplaire à vendre !