Ferrari 456 GT Venice : le pouvoir de l’argent !
Disposer d’un compte en banque sans fond, d’une carte bleue virant plutôt vers le noir, et créant chez votre interlocuteur une déférence immédiate, et d’une certaine patience permet des extravagances pas toujours de bon goût, mais la certitude de rouler de façon totalement unique. Et puis quand on aime, on ne compte pas, c’est bien connu !
Le Sultanat de Brunei est un petit état enclavé en Malaisie, ancien protectorat britannique indépendant depuis 1984. Outre une jungle fournie et une faune incroyable, ce petit pays dispose d’une importante réserve de pétrole qui explique l’immence richesse du Sultan en place, Hassanal Bolkiah, qui a du mal à distinguer sa fortune personnelle d’avec celle du pays (après tout, il est le chef non?) : c’est pratique lorsque l’on est fan d’automobiles, et accessoirement acheteur complusif. Depuis le temps qu’il achète tout ce qui roule, ce sont plus de 5000 voitures qui garnissent d’immenses hangars pas tous climatisés, et qui parfois pourrissent, au grand dam des amateurs.
Au milieu des années 90, le Sultan se décida à se faire réaliser des voitures sur-mesure, qui sortent vraiment de l’ordinaire : c’est ainsi qu’il se fit livrer 6 exemplaires du 4×4 Bentley Dominator (lire aussi : Bentley Dominator) en 1996, et de nombreuses marques confidentielles survécurent à la crise grâce à des commandes spéciales de ce type. On soupçonne le Sultan d’avoir commandé 6 breaks et 6 berlines de l’Aston Martin Virage par exemple (lire aussi : Aston Martin Virage Shooting Brake).
Bref, ce que le Sultan veut, n’importe quelle marque automobile le fait. Comme nombre de clients et d’amateurs (ou non) de Ferrari, il tomba en amour total devant la superbe Ferrari 456 GT (lire aussi : Ferrari 456 GT). Après en avoir acheté des exemplaires « classiques », il s’adresse alors à Pininfarina pour lui réaliser ses petits joujous : il commande 7 versions break (baptisées Venice), 4 versions berline (baptisées Venice Sedan), et 2 versions cabriolet (baptisées Venice Spyder). Ferrari donna son accord, et Pininfarina sauta sur l’occasion de se faire un peu de cash à bon compte. Pourtant, jusqu’alors, Ferrari n’avait jamais cédé aux sirènes de la berline malgré un test dans les années 80 (lire aussi : Ferrari Pinin). Le carrossier/constructeur suisse avait proposé un temps une drôle de version break de chasse de la 400i, baptisée Croisette (lire aussi : Felber Croisette), mais sans l’accord de Maranello, et avec peu de succès.
Cette fois-ci, c’est très officiellement que Ferrari et Pininfarina cédèrent aux exigences du Sultan. L’empattement sera rallongé pour les Venice estate et sedan, tandis que les portes avant seront raccoucies, et qu’une toute nouvelle partie arrière (portes et hayon pour l’estate, coffre pour la sedan) sera rajoutée. Si la sedan n’est pas la plus jolie, j’avoue que la version Estate est assez réussie (mais bon, les goûts et les couleurs). Un exemplaire de la Sedan sera aussi vendu à un riche client en Belgique, tandis que, sans que l’on sache pourquoi, le Sultan ne prit livraison que de 6 Estate, le 7ème exemplaire étant vendu à un client inconnu.
La version Sedan, produite à 5 exemplairesConcernant le Spyder, les deux exemplaires reçurent un arrière spécifique dessiné par Pininfarina, ce qui les distingue des versions Straman (2 à 3 exemplaires) qui reçurent les phares arrière de la 456 GT Classique.
La Venice Estate derrière la Venice Spyder à l’arrière spécifique !Depuis que la Sultan s’est rendu compte que sa collection pourrissait, et qu’il valait mieux en vendre quelques exemplaires, on voit circuler notamment à Londres ces versions si spéciales, notamment des Estates, tandis qu’un Spyder fut plusieurs fois exposé à des manifestations. Il vous sera donc possible, si vous avez l’âme d’un enquêteur, d’en retrouver une et de faire une offre. Récapitulons : 7 versions Estate, 5 versions Sedan, et 2 versions Spyder, soit 14 exemplaires siglés Venice, si c’est pas de la rareté ça ?