Dacia D6 : une Estafette roumaine rarissime !
On connaît bien sûr la Dacia Logan, et on redécouvre aujourd’hui la Dacia 1300 et ses dérivés, version roumaine de la vénérable Renault 12 (produite à Pitesti jusqu’en 2006), mais certains modèles de la marque roumaine sont restés plus discrets. Je vous avais déjà présenté la Dacia 1100, la première des Dacia, ou bien la Dacia 2000 réservée au pouvoir et à la Securitate et même de la petite Dacia Lastun qui se rêvait citadine à la fin des années 80, mais je ne vous avais pas encore parlé de la Dacia D6. Ce sera donc chose faite !
Tout d’abord, veuillez excuser la piètre qualité des photos, voire l’utilisation d’image Renault pour illustrer cet article car la Dacia D6, déjà rare à l’époque, a quasiment disparu totalement des routes de Roumanie. Même l’usine Dacia de Pitesti n’en dispose pas d’un exemplaire. Il faut dire que sa production sera bien courte, de 1975 à 1978, à seulement 642 exemplaires, bien loin des scores de son frère français lancé en 1958 !
En même temps, la Dacia D6 n’était pas destinée au grand public, mais aux administrations et surtout à la Poste roumaine. Il s’agissait d’une production en CKD (kits venus de France) de la fameuse estafette, dans une usine dédiée à l’origine dans la production de boîtes de vitesses (l’usine de Pitesti tournait à plein régime pour produire les 1300), mais disposant tout de même de quelques pièces d’origine roumaine.
Une rare photo de Dacia D6De nombreuses légendes circulent autour de la faible production et de l’arrêt de la fabrication de la D6. Certains pensèrent que sa qualité de véhicule hippie en France dans les années 70 le rendit trop subversif aux yeux du régime communiste en place. D’autres assurèrent que Renault n’était pas au courant et que la Régie força Dacia à en stopper la production. Mais parfois la réalité est plus simple.
La Dacia D6 était bien une production en CKD sous licence Renault officielle. Des ouvriers se rendirent même en France, à Cléon, pour y être formés. Deux raisons majeures conduisirent à l’arrêt de la D6 : la fin des accords avec Renault en 1979. Si la 1300 atteignait 100 % d’utilisation de pièces fabriquées localement, ce n’était pas le cas de la D6. Faute de fourniture par Renault, difficile d’en continuer la production. En outre, les constructeurs automobiles roumains étaient des sociétés d’état aux rôles bien établis : à Aro les 4×4, à Dacia les véhicules particuliers, et à Rocar les utilitaires type fourgonnettes.
Devant les difficultés à continuer à produire la D6, et pour laisser Rocar sur son marché, la version roumaine de l’Estafette fut donc condamner, devenant par là-même l’un des modèles les plus rares aujourd’hui de la production roumaine. Aussi, si vous tombez un jour sur un exemplaire de la D6, fût-il en mauvais état, sautez dessus, ne laissez pas passer l’affaire. A bon entendeur !
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