Caisse de lecteur: la Talbot Horizon LS d'Emile
Profitant de la parution de l’article sur la Tablot Horizon (lire aussi: Talbot Horizon), voici la « caisse de lecteur idéale: l’Horizon LS de 1984 d’Emile. L’histoire est amusante, Emile est passionné, et possède aussi une belle 2CV de 1959, rien que cela. Surtout, il est jeune et la preuve vivante que ces vieilles autos n’intéressent pas que les vieux grincheux. Mais laissons le plutôt en parler lui-même:
« Je l’admets, d’un point de vue parfaitement objectif, ma voiture n’a absolument RIEN d’exceptionnel. Mais qui a dit qu’en matière automobile il fallait être objectif ?
Le propre de la passion automobile, et de la passion en général d’ailleurs, est de s’attacher à des objets auxquels tout le monde n’accorde pas un intérêt immédiat. C’est exactement ce que je fais avec mon Horizon, loin d’être pour moi une banale voiture d’occasion, première voiture d’un jeune permis.
L’Horizon d’Emile, à côté de sa 2CV !L’histoire a commencé en 2012, je n’ai alors que 16 ans et suis en train de passer mon bac, déjà passionné de voitures, et propriétaire d’une 2CV de 1959 (au passage, les gens rient souvent quand je dis que j’aime aussi ma Talbot), je suis pourtant encore loin du permis. Ma sœur et son mari, eux, ont besoin d’une deuxième voiture. C’est alors que mon père leur parle d’un vieux monsieur de plus de 80 ans qui vend une Talbot Horizon.
J’avoue que si lui avait l’air très enthousiaste, eux n’étaient pas trop émus à l’idée de rouler en Talbot (marque quasi-oubliée de nos jours il faut l’admettre), et moi j’étais très Citroën et très Simca, mais Talbot, du Simca post-Simca, ne m’intéressait pas encore des masses. Mais l’occasion est trop belle, celle-là est neuve (elle sent encore le neuf), elle n’a que 34 000 kms au compteur et on n’en demande que 1000€. L’affaire est vite conclue, et je commence à m’intéresser un peu à cette voiture que tout le monde trouve trop carrée, trop bruyante, trop gourmande…
On voit dans le garage poindre le popotin de sa 4L d’étudiant !Vous allez voir comme le timing était presque parfait : j’obtiens mon permis en novembre 2014. Je fais alors mes études à St Sébastien en Espagne, et effectue souvent des voyages entre le Pays Basque et Bordeaux en… 4L, celle de mon père, une GTL certes, mais quand même pas le top pour faire beaucoup d’autoroute… En février, mon beau-frère m’annonce qu’il va changer la Talbot, c’est la révélation.
Pendant les jours qui précèdent le « changement de mains » (vous l’aurez compris je ne la laisse pas quitter la famille), je me passionne pour le modèle. Rendez-vous compte, une voiture qui a porté jusqu’à trois marques différentes à la fois, sans compter les versions américaines ; qui est quasiment oubliée, et donc rare malgré sa relative popularité à l’époque (j’en vois toujours pas souvent) ! Dîtes à un collectionneur à l’esprit de contradiction qu’il a un objet rare entre les mains, de surcroît oublié, et c’est le début d’une grande histoire d’amour.
Premier voyage, Bordeaux-St Sébastien, royal, la voiture ne bouge pas sur l’autoroute, elle est confortable, ne consomme que 7 litres environ, et surtout fiable. Premier, mais pas dernier. Depuis, elle m’a emmené jusqu’à Madrid, Salamanque, Tolède, Ségovie… 1700 km en Espagne en une semaine ! Elle a subi la neige dans les Pyrénées, les autoroutes désertiques de Castille, la pluie abondante du Pays Basque, sans sourciller une seule fois. Jamais une panne, jamais sur le bord de la route, même pas un petit joint de culasse malgré le changement de rythme entre son premier propriétaire et moi.
Aujourd’hui, elle a doublé son kilométrage (70 000 passés), et ne m’a coûté (presque) qu’un embrayage. Cette voiture, c’est ma perle rare à moi. Elle n’a rien d’une GT, rien d’exceptionnel, à peine un autoradio (d’époque), et pourtant, qu’est-ce qu’elle est attachante ! »