Elevé dans une famille où l’automobile n’est pas synonyme de simple « déplaçoir », (mon père ayant eu lorsque j’étais tout gamin dans l’ordre une Alpine A110, une Renault 5 Alpine, puis une Golf GTi Mk1, une 205 Gti…), arrivé en âge de conduire j’ai naturellement pris la direction des autos sportives et plus ou moins décalées. Après de petites autos sympas comme tous les jeunes permis à la fin des années 90, je suis passé à la Nissan 350z, puis la Mégane RS R26 (jaune sirius), et pour quelques mois encore la Focus RS Mk2.
Ma rencontre avec cette auto est celle d’un véritable coup de cœur, après avoir passé 2 ans au volant de la Mégane RS, j’ai apprécié son efficacité, mais son manque de fantaisie et de pur plaisir de conduite ont été les principaux griefs que j’ai à son encontre. Ainsi, lorsque la Focus RS fut présentée, moi qui suis passionné de rallye, j’ai immédiatement eu un coup de cœur.
Je n’envisageais pas une autre couleur que le vert austral, certains le trouveront trop criard ou flashy, mais avec une auto ayant le physique d’une petite WRC, je ne pouvais décemment pas envisager le blanc ou le bleu qui étaient aussi au catalogue, ce vert doté de reflets irisés et variant suivant la lumière m’avait hypnotisé. J’ai patienté 1 an avant de me jeter sur la bête, et j’ai craqué en juin 2011 pour un modèle ayant à peine 4000 km.
Le premier contact avec la bête est tout d’abord visuel, la gueule béante laissant apparaitre le gros échangeur, les ailes gonflées, l’aileron typé WRC, le diffuseur et les deux énormes sorties d’échappement, elle ne fait vraiment pas dans la discrétion, mais je m’en moque, j’adore, même si au début, les hommes en bleu sur le bord de la route m’arrêtaient plus pour discuter de l’auto qu’autre chose….
A l’intérieur, les sièges baquets Recaro en tissus et alcantara offrent une assise et un maintien parfait, pour le reste, c’est moins joyeux, le volant 3 branches se contente d’un simple badge siglé RS, le tableau de bord identique à celui d’un modèle standard est surmonté de manomètres (température d’huile, pression d’huile, et pression de turbo). Un discutable placage en faux carbone recouvre la console centrale, sur les contre-portes, des plastiques durs, qui font un peu tâche vu le prix de la voiture à sa sortie, mais tout cela importe peu, car au final, le plus intéressant n’est pas forcément visible…
Je veux parler bien sûr de la partie mécanique, et quelle mécanique ! Contrairement à sa rivale la Megane RS 3 (excellente auto au demeurant, mais fade, une fois encore….du moins à mon sens), la Focus RS MK2 n’utilise pas un 4 cylindres, mais un volubile 5 cylindres 2.5l d’origine Volvo. Cette architecture moteur est en passe de disparaître, et c’est fort dommage, ne subsiste plus que le moteur Audi. Le 5 cylindres en question développe 305 ch pour un couple très généreux de 45 Mkg, le tout dans une sonorité à faire dresser les poils, les changements de rapports sont selon le régime souvent accompagnés de détonations à l’échappement, un véritable bonheur. Le moteur permet de rouler à des allures tranquilles permettant des reprises balistiques, même en 6ème. A la pompe, en roulant très gentiment, elle se contente de 9.5l/100km, en étant plus expressif, on grimpe vite à 12l, il faut dire que le moteur est assez ancien et n’est pas doté des gadgets modernes qui font plaisir aux écolos.
Toute cette cavalerie ne passant que par l’intermédiaire des roues avant, il a fallu que Ford développe une technologue similaire aux pivots découplés utilisés par Renault. La motricité est présente, mais la physique reprend souvent ses droits, et les premiers à souffrir sont les pneus, la monte d’origine, en Continental est une erreur, en roulant sportivement mais pas à l’excès, impossible de faire plus de 8000 km avec un train de pneus, en passant sur du Michelin, changement radical, la voiture est transformée.
Même si le châssis n’a pas les extraordinaires capacités qui ont permis à la Megane de faire tomber les chronos sur la boucle Nord, l’auto permet de prendre un véritable plaisir au volant, mais attention, avec une telle cavalerie, il convient d’avoir quelques notions de pilotage pour ne pas finir dans un talus, car la belle sait parfois se montrer rebelle et peut entrainer des dérives du train arrière lors des transferts de masse ou au lever de pied. Une fois que le mode d’emploi est assimilé c’est un bonheur de chaque instant, et pas besoin de faire de préparation moteur ou de modifications. Les suspensions sont très fermes, et les jantes de 19 pouces montées de pneus en 235/35 font encore mieux ressentir la route, dos fragiles s’abstenir.
Après presque 5 années passées avec cette auto extrêmement attachante, et 35000 km parcourus, je suis toujours étonné du regard porté par les badauds, et la côte toujours forte me permet d’envisager de la remplacer par sa descendante qui promet encore plus de sensations….