BMW Z13 : la citadine sportive révolutionnaire !
BMW Technik Gmbh est une filiale de BMW destinée à explorer pour le compte du constructeur bavarois les champs du futur, une sorte de laboratoire exploratoire au service de la marque. La marque spécifique de Technik est le Z, pour Zukunft (« futur » en allemand). Dès 1985, Technik va travailler sur son premier projet, dénommé Z1, un roadster novateur qui ne restera pas à l’état de prototype puisqu’il sera finalement commercialisé en 1988 (lire aussi : BMW Z1). Mais BMW Technik n’est pas vouée à rester cantonné aux roadsters. Il s’agit d’être force de proposition pour la société mère, et c’est en toute logique qu’elle va s’orienter vers de nouveaux terrains vierges à l’époque pour BMW : le marché des citadines.
Les premiers travaux se dirigeront vers la citadine électrique. Ce parti-pris était assez audacieux alors que peu de constructeurs ne s’y intéressent (PSA dans le même temps prépare ses AX puis 106 et Saxo électrique, lire aussi : Peugeot 106 Electrique). Les équipes de Technik sortiront en 1991 la Z11 (rouge sur les photos) qui jette quelques bases stylistiques, puis la Z15 en 1993 (verte sur les photos), toutes deux connues sous le nom de BMW E1 (vous suivez toujours?).
La BMW Z15 électrique (dite aussi E1) de 1993 !Mais Robert Powell, récemment arrivé au design de BMW Technik, a une autre idée de ce que pourrait être la citadine du futur, et lance en parallèle le projet Z13. Ancien de chez Porsche, il continue à habiter Stuttgart, et fait le trajet tous les jours dans sa BMW Série 5 E34 de fonction. De quoi avoir le temps de réfléchir. Pour lui, une citadine siglée BMW se doit de proposer autant qu’une Série 5, rien que cela ! Cette idée va accompagner Powell dans son projet Z13, qui doit avoir « tout d’une grande » comme disait Renault pour sa Clio contemporaine.
La Z13 dessinée par Robert Powell.La Z13 sera donc suréquipée, avec une sono Harman-Kardon, un GPS, le téléphone GSM, le fax et la clim’. Pour l’époque, un tel équipement sur une citadine c’était révolutionnaire ! Mais il n’y a pas que cela : la Z13 propose un poste de conduite central, et deux places passages au deuxième rang, à la manière de la McLaren F1 (lire aussi : McLaren F1), étudiée en même temps et motorisée par… BMW. Lequel des deux partenaires aura influencé l’autre ? Mystère.
Les 3 places de la Z13, à la façon d’une McLaren F1 (ou l’inverse ?)Côté moteur, Powell avait dans un premier temps imaginé que la Z13 serait motorisée par un 4 cylindres Boxer, mais ce sera finalement un moteur de moto (BMW forcément, la K1100) de 1093 cm3 de cylindrée et 100 chevaux tout de même qui sera choisi, ce qui rapporté au poids plume de la Z13 (830 kilos) promet des performances honorables. Il faut dire que pour perdre du poids, la Z13 use de l’aluminium (châssis, mais aussi parties de carrosserie). Enfin, son architecture la rapproche d’une sportive, puisque le moteur est placé en position centrale arrière.
Malgré son logo très allemand, la Z13 ne sera pas fabriquée en Allemagne, mais à Turin, chez le carrossier italien Stola, solution plus économique et rapide pour réaliser un prototype. Pour BMW, il est clair que tout « show car » que soit la Z13, il faut qu’elle soit au niveau d’une voiture de production classique, et donc totalement fonctionnelle ! Le prototype est prêt début 1993, et sera présenté au Salon de Genève la même année.
La Z13 devient vite la vedette du salon, et rencontre un succès, réussissant à faire la synthèse de la sportivité, de la légèreté, de l’équipement pléthorique, du look et de la petite taille. Son regard est très BMW, mais novateur : il inspirera d’ailleurs celui de la Série 3 Compact E46 de 2000 (soit 7 ans après). Son cul est musclé, et sa ligne trapue donne une vraie impression de sportivité. Ses drôles de proportions (capot relativement plat, habitacle plutôt haut) lui offre une grande surface vitrée : on aime ou on aime pas, mais j’avoue être assez séduit par son look.
Le 2ème proto rouge fabriqué par le carrossier italien StolaLe succès de la Z13 auprès du public est tel que BMW commence à croire qu’il tient une pépite, et demande à Stola de réaliser un deuxième prototype, de couleur rouge cette fois-ci. Seuls quelques détails changent par rapport au proto bleu, mais aussi le moteur, puisque ce sera le 1171 cm3 de la K1200 qui prendra place à l’arrière. L’avenir semblait radieux pour la petite Z13 ! Pourtant, vous constaterez que jamais ce modèle n’aura atteint le stade de la production. Que s’est-il donc passé pour qu’un projet si prometteur passe finalement à la trappe ?
Une photo d’une Z13 grise: un troisième proto ?Au début des années 90, alors que Technik travaille sur ses projets de citadines, BMW, la maison-mère, commence à se sentir un peu seule et petite sur le marché. A tort ou à raison, la marque allemande considère qu’il va lui falloir grandir par croissance externe, mais les cibles potentielles sont rares. Bernd Pischetsrieder voit alors en Rover un parfait complément généraliste à sa marque spécialiste. Et c’est au nez et à la barbe de Honda que BMW rachète MG Rover en 1994. Dans la corbeille, les marques Rover, MG, Land Rover et Mini. Avec ce rachat, il ne devient plus nécessaire d’élargir la gamme BMW vers le bas. Et c’est Mini qui deviendra la marque dédiée aux citadines du groupe BMW à partir de 2001. Et si BMW revendra MG et Rover au fond d’investissement Phoenix, et Land Rover à Ford en 2000, elle conservera Mini qui s’imposera en ce début du 21ème siècle comme LA citadine tendance ! La Z13 avait ouvert la voie, mais ce sera Mini qui ramassera la mise.
l’i3 a quelque chose en elle des Z11/15 et Z13 vous ne trouvez pas ?Restent ces deux prototypes étonnamment modernes encore aujourd’hui, précurseurs mais à la carrière avortée. BMW descendra certes un peu en gamme avec les Séries 3 compact dérivées des Séries 3 E36 et E46, puis avec la Série 1, mais laissera toujours le terrain de la citadine à sa désormais hyper rentable filiale britannique jusqu’à l’arrivée de l’électrique i3, qui, avouez-le, a quelque chose en elle des Z11/Z15 et Z13 non ?