BMW 850 CSi E31 : 12 cylindres siglés du M !
La BMW Série 8 E31 est une voiture particulière, et d’une certaine manière inclassable. Le cul entre deux chaise, hésitant entre le coupé bourgeois et la supercar, elle n’eut pas le succès escompté par nos amis teutons ! Enfin, relativisons : avec 31 062 exemplaires au compteur, et compte tenu du prix de la bête, bien des constructeurs auraient crié victoire. Mais chez Béhème, l’échec était cuisant, puisque 1,5 milliard de marks avaient été dépensés pour développer ce grand coupé qui devait conquérir l’Amérique !
La première série 8 sera équipée d’un moteur V12. Dénommée 850i, elle proposait à la clientèle un superbe M70 de 5 litres développant 300 chevaux. Pas mal, certes, mais la bestiole était lourde, touchant du doigt les deux tonnes ! Dans un premier temps, BMW réfléchit donc à une version M plus bestiale, la M8 (lire aussi : BMW M8), avant de revoir sa copie et proposer en 1992 une 850 Csi moins radicale !
Il est vrai que la 850, malgré ses 12 cylindres, restait une voiture relativement placide et qu’un peu de watts supplémentaires n’étaient pas superflus. Avec la M8, c’était sans doute trop, et pas tellement raccord avec la philosophie de l’E31. Tandis qu’avec le V12 S70 de la Csi, on donnait un peu de nerf tout en restant dans le concept du grand coupé bourgeois voulu par BMW et conçu pour dominer le marché nord-américain.
Prototype de l’E31, datant de 1987 !Passé entre les mains de Motorsport, le V12 sortait alors 380 ch pour une cylindrée de 5.6 litres ! Car oui, si la 850 Csi ne porte pas le M mythique, il s’agit bien d’une Motorsport ! Mais, pas assez sportive pour prendre le nom de M8, elle restera anonyme, préférant les trois lettres tout aussi mythiques de CSI. En tout cas, 80 chevaux de plus ce n’était pas rien, surtout qu’à l’époque, tutoyer les 400 chevaux n’était pas si courant !
Pourtant, malgré cette puissance largement raisonnable, la 850 Csi, produite entre 1992 et 1996, restera marginale, avec seulement 1510 exemplaires produits (dont 57 qui serviront de base à l’Alpina B12 5.7). Les raisons de ce semi-échec étaient simple : la 850 Csi était bien plus chère que la 850i. Surtout, celle-ci cédait sa place en 1994 à une 850 Ci au V12 revisité (5.4 litres et 326 ch), moins chère que la Csi pour des performances approchantes. Entre temps, BMW avait cédé aux sirènes du V8 en lançant une 840 de 4 litres et 286 ch, bien moins gourmande, moins lourde, et finalement aussi véloce ! Dès lors, quel intérêt de s’offrir la 850 Csi ?
En 1992 d’ailleurs, BMW avait réfléchi à lancer une 830 à moteur V8 de 218 ch, sans dépasser le stade des prototypes (18 exemplaires, tous détruits après les essais). Bref vous l’aurez compris, lancée uniquement avec un V12, l’E31 donna du fil à retordre à Béhème qui tenta par tous les moyens de relancer son bébé, soit par le bas (830 morte-née, 840), soit par le haut (850Ci, 850 Csi, et même M8) sans vraiment trouver la martingale.
C’est aujourd’hui qu’on peut redécouvrir l’E31. Ils sont rares les V12 accessibles et la 850 en fait partie (attention, la danseuse est chère à entretenir), qui plus est en version Csi ! Et puis regardez cette ligne époustouflante. Rappelez-vous qu’elle date de 1989, et que son prototype aux lignes figées date quant à lui de 1987 : quelle modernité (le dessin est signé Klaus Kapitza) ! 27 ans plus tard, on lui trouve encore un air futuriste.
Se payer le futur et 12 cylindres pour le prix d’une Clio diesel ? C’est possible oui. La Csi sera en revanche plus difficile à trouver, étant donnée sa faible production, mais si vous tombez sur la perle rare, n’hésitez pas. Monstre de technologie (pour l’époque), étudiée par Motorsport, elle saura vous faire goûter aux joies du V12 pour peu que votre portefeuille supporte sa soif d’or noir et son entretien coûteux… Alors tentés ?