Berliet et Saviem « standard 11 mètres » RATP : t'as le ticket chic, t'as le ticket choc
Vous l’aurez peut-être remarqué mais j’ai une certaine tendance à la nostalgie du monde de mon enfance, qui n’était pas forcément mieux mais qui était le mien, et qui représente aujourd’hui une sorte de paradis perdu. De nombreuses voitures m’ont marqué pendant mes dix premières années, mais pas seulement: il y a aussi les bus !
Parisien (intra-muros) depuis mon plus jeune âge, j’ai été aussi marqué par les autobus de la RATP, ceux que j’ai vu disparaître petit à petit pour être remplacés par de modernes bus dont le bruit du moteur n’a plus rien à voir avec les vieux 6 cylindres diesel MAN, ce bruit de triple deux chevaux qui faisait vibrer toute la carlingue des Saviem Type SC10. Car le bus de mon enfance c’est celui-là, mais aussi le Berliet PCM-R (plus rare, seulement 20 % de la flotte de la RATP environ).
Au début des années 60, la RATP, alors équipée de nombreux types de bus, dont les plus modernes sont les Chausson APVU, Berliet PCP/PCS 10 ou Somua OP5-3, décide de lancer un appel d’offre aux constructeurs au nouveau « standard de 11 mètres ». Deux constructeurs, Saviem (Renault) et Berliet répondent à cet appel. Les contraintes imposées par le cahier des charges amènent les deux concurrents à proposer deux autobus très semblables esthétiquement (ils proposent tous les deux entre 65 et 75 places selon les versions).
Les Standards 11 mètres ne circuleront pas qu’à ParisTechniquement en revanche, les deux autobus sont assez différents, puisque le Saviem (qui sera le plus répandu) adopte une caisse poutre réalisée à l’aide de tubes profilés en acier, tandis que le Berliet utilise un châssis et une caisse séparée. En revanche, les deux autobus utilisent le même moteur, le 6 cylindres diesel MAN de 135 ch, puis 160, voire 170 ch sur le Saviem.
Ici, un SC10 circulant à Amiens !C’est d’ailleurs le Saviem qui se taillera la part du lion, avec plus de 3500 bus livrés entre 1965 et 1979, contre 750 pour le Berliet. En 1979, la RATP compte 3892 autobus, dont 382 Berliet PCM et 3262 Saviem SC 10.
Saviem proposera en outre une variante chère aux parisiens, le SC 10 à plate forme ouverte qui circulait sur certaines lignes (la 20 notamment). Cette version ne répond à aucune directive technique, mais juste aux vœux des parisiens de voir revivre ce qui faisait le symbole des autobus parisiens : la plate forme ouverte. Mais cela, c’est la version officielle. En réalité, un bus Saviem SC10 accidenté à l’arrière fut transféré pour réparation aux ateliers centraux de la RATP et l’un des techniciens eut l’idée de tenter une transformation du bus avec une plate forme, à l’ancienne.
Le résultat convaincant fût présenté à la direction qui y vit un coup de pub intéressant et fit donc fabriquer quelques exemplaires de ces bus à plate forme, 10 d’abord, puis 45 ensuite. Enfin, une plus grande commande permit d’équiper les lignes « touristiques », la 20 donc mais aussi la 27. Mais c’est bien connu, le parisien n’est jamais content, et critiqua le fait qu’on ne puisse plus attraper au vol le bus comme dans les années 50.
Ces bus PCM ou SC10 ont désormais disparu des lignes parisiennes, mais circulèrent jusqu’au milieu des années 90, et ont marqué toute mon enfance. On s’asseyait sur la rotonde arrière avec les copains, au retour du collège. On sentait bien les passages de vitesses, et le 6 cylindres résonnait d’un glouglou étonnant. Verts à l’extérieur, ils disposaient d’un intérieur en skaï orange du plus bel effet dans les années 70 et 80, assorti à la carte Orange qui nous permettait de circuler librement d’un bus à l’autre.
Cimetière des éléphants ?« T’as le ticket chic, t’as le ticket choc » disait le spot de pub que la RATP faisait passer à l’époque. Ouais, ils étaient chics et chocs nos PCM et SC10, qu’on se le dise !
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