Austin Maxi: la grande soeur discrète de la Mini !
Il y a certaines voitures qui réussissent à passer à la postérité, et qui deviennent même des mythes ! Et puis d’autres qui restent définitivement dans l’ombre, voire que tout le monde oublie ! Mais cela devient drôle quand, au sein d’une même marque, avec le même concepteur pourtant génial, et des noms proches rappelant leur parenté, deux modèles ont pu avoir deux destinées différentes, l’un au firmament, l’autre au purgatoire.
Voici donc l’histoire de l’Austin Maxi, dernière voiture conçue par Sir Alex Issigonis, dont le nom est un évident clin d’oeil à sa sœur Mini, au succès encore vivace aujourd’hui tant en collection qu’en version modernisée par BMW. A l’origine, cette voiture ne devait pas s’appeler Maxi, mais Austin 1500. British Motor Corportation (BMC) se rend compte au milieu des années 60 que sa gamme est incomplète, et qu’il manque un modèle s’intercalant entre l’Austin 1300 (ADO 16) et l’Austin 1800 (ADO 17). La 1300 était une sorte de Mini étirée, agrandie et dotée d’un coffre, mais toujours compacte, tandis que la 1800 était une berline relativement statutaire (enfin, façon de parler). Entre les deux, rien, nada, que dalle !
Sir Alec part donc sur sa planche à dessin pour offrir à BMC une voiture nouvelle, compacte certes, mais offrant un espace intérieur digne d’une gamme supérieure : nom de code ADO 14. Issogonis reste fidèle à ses principes : offrir beaucoup dans un gabarit réduit. Cette année là sort en France une voiture qui va inspirer ses travaux, la Renault 16 (lire aussi : Renault 16). Car si au départ le projet devait proposer plusieurs carrosseries (3, 4, 5 portes et break), l’ADO 14 ne sera finalement conçue qu’en 5 portes avec hayon. Les autres carrosseries feront l’objet d’un autre modèle pour relancer la marque Morris, la Marina (lire aussi : Morris Marina).
Bref, l’idée de départ va donc être de proposer une habitabilité hors norme pour le gabarit de la voiture. D’ailleurs, une fois la banquette arrière rabattue, la 1500 offre un coffre énorme à plancher plat ! C’est alors que vient l’idée de lui coller le nom de Maxi, clin d’oeil à la Mini, of course, mais résumant aussi très bien les qualités du projet ADO 14. Mais c’était aussi lui coller sur le dos beaucoup de responsabilités.
La Maxi est présentée à la presse fin 1969. Les ambitions sont là (on envisage une production de 6000 véhicules par semaine) mais les journalistes sont assez mitigés, pointant le manque de mise au point de la voiture mais surtout son manque de puissance, avec son 4 cylindres E Series 1500 de 74 ch, sa boîte de vitesse lente, et… son design ! Oui les anglais sont conservateurs, et le côté hatchback de la voiture semble ne pas jouer en sa faveur, malgré le côté pratique de l’affaire salué par les français sur les Renault de la même époque !
Dès 1971, la Maxi recevra un 1750 de 84 chevaux (puis 91 ch), mais le mal était fait. Le public boudera lui aussi cette rôle de voiture inclassable à leurs yeux. Surtout que, par souci d’économie, BMC (devenue British Leyland entre temps) avait modifié le dessin d’Issigonis pour coller les portes de la 1800 à la nouvelle Maxi. Une sorte de vilain petit canard hybride, ingénieux mais incompris par des britanniques plutôt conservateurs. En outre, la voiture était relativement chère : 979 £ contre 970 £ pour la Renault 16, 958 £ pour la Ford Cortina Estate, 949 £ pour la Vauxhall Victor et 851 £ pour la Hillman Minx deluxe. Bref, la plus chère du lot !
British Leyland va tout de même croire en son produit, et tenter de la faire percer chez son allié slovène IMV à novo mesto (lire aussi : Histoire de l’usine de novo mesto) ou quelques exemplaires seront produits pour le marché yougoslave. On est loin du succès international de sa sœur Mini toujours fringante malgré les années ! Malgré l’introduction de la 1750 HL avec son moteur de 91 ch en 1972 (année du pic de production), la mayonnaise ne prendra jamais. Elle restera pourtant en production jusqu’en 1981, British Leyland n’ayant pas les moyens de renouveler rapidement sa gamme. Pour ne vendre, au total, que 450 297 exemplaires.
Aujourd’hui, qui se souvient de la Maxi ? Sûrement pas grand monde. Pourtant, avec le recul, elle peut-être intéressante pour son pedigree (son papa Alec Issigonis et sa sœur Mini quoi!), son espace intérieur incroyable, et… sa rareté. Car il n’en reste plus beaucoup des Maxi ! En tout cas, ce pourrait être la prochaine pièce de collection d’un amateur de Mini désireux de se distinguer un peu de ses collègues non ?