Audi Sport Quattro : "transmission" intégrale !
Je n’ai pas été élevé à l’Allemande en matière d’automobiles, et contrairement à beaucoup, qui furent séduits dès leur plus jeune âge par les BMW E21 puis E30, ou par le grands luxe des Mercedes de l’époque, mon premier coup de cœur « germanique » sera du à Audi. A cette époque, le sport automobile comptait pour moi (c’est moins le cas aujourd’hui), et du haut de mes 8 ans en 1983, je regardais avec plaisir ces monstres de la route glisser sur les chemins boueux ou enneigés à des vitesses folles.
En 4 années d’existence seulement (entre 1983 et 1986, date de son arrêt, jugé trop dangereux), le Groupe B deviendra mythique pour tous les petits garçons de l’époque. On y voyait des voitures ultra-performantes se défier à haute vitesse, mais réellement dérivées de véhicules de série. L’Audi Sport Quattro fut la première à ouvrir le bal, bientôt suivie par la mythique 205 Turbo 16. Deux voitures qui marquèrent profondément ma jeunesse.
Le règlement du Groupe B imposait aux constructeurs que le véhicule engagé en course dérive d’un modèle de série produit au moins à 200 exemplaires. Ce point de règlement donna naissance à toute une série de véhicules de course homologués pour la route. La Peugeot 205 eut sa Turbo 16 série 200 (lire aussi : Peugeot 205 Turbo 16 Série 200), la BX eut droit à sa 4TC, reniée par Citroën (lire aussi : Citroën BX 4TC). La sublime Audi Quattro eut droit quant à elle à la Sport Quattro de (petite) série.
Dérivée du Coupé, la Sport Quattro a un empattement plus court (qui la rend encore plus belle à mon sens), et propose des extensions d’ailes discrètes mais musclées qui la classe d’entrée de jeu dans la catégorie des « méchantes » voitures. Malgré l’engagement dès 1983 en Groupe B, la Sport Quattro de série ne sortira qu’en 1985. Chez Audi, contrairement à ses concurrents, pas question de bricolage : la perfection est déjà dans la mire du constructeur aux anneaux. Loin de l’artisant d’Heuliez par exemple, l’Audi, fabriquée à Ingolstadt, justifie sa réputation d’allemande bien née.
Contrairement aussi à ses concurrentes françaises, pas question de proposer un moteur trop dégonflé. La 205 Turbo 16 se contentait de 200 ch ? La Sport Quattro en offre 306, rien que ça, tirés d’un 5 cylindres (architecture dont Audi se faisait le champion) de 2,1 litres, 20 soupapes, et gavé par turbo. Bien sûr, l’Audi se dote (d’où son nom) de la transmission intégrale permanente Quattro, fierté de la marque. Le tout pour une voiture ultra efficace, malgré sa qualification de « civile ».
Soyons clairs, il s’agit là d’une petite bombe, capable d’atteindre les 250 km/h en toute sécurité (ABS, direction assistée), pour un 0 à 100 km/h en dessous des 5 secondes (chiffre remarquable encore aujourd’hui), parties de carrosserie en kevlar. Déjà réservée à une élite automobile (ou financière), elle l’est encore plus aujourd’hui, car il vous sera difficile d’en trouver une à moins de 140 000 euros !
Bon il faut dire qu’elle est aussi rare que ses consoeurs de la série « 200 » issues de l’homologation Groupe B : 214 exemplaires et pas un de plus. Cependant, si l’on y réfléchit bien, posséder un morceau d’histoire automobile, aussi performante que bien des GT modernes, efficace, bien finie et bien équipée, vaut bien quelques sacrifices. Surtout, cette quasi-supercar est totalement utilisable au quotidien malgré sa mécanique de course. Si ce n’est la profondeur de votre portefeuille et la rareté de la bête à la vente, rien ne vous retiendra.
Malheureusement, mon portefeuille à moi étant percé, je me contenterais de celle qui fait mon bonheur depuis 33 ans : ma Sport Quattro Majorette, qui désormais enchante mon fils de 3 ans et demi, c’est cela aussi la « transmission intégrale » !