Audi RS3 Sportback : la compacte endiablée
Il y a des propositions qu’on ne peut pas refuser. Aussi, quand on vous invite à essayer une petite bombe comme la nouvelle Audi RS3 Sportback en Alsace et dans les montagnes Vosgiennes, impossible de dire non ! Il faut dire que j’ai encore en mémoire la première de la série RS, la superbe RS2 datant de 1994. J’étais tombé amoureux à l’époque de ce break au 5 cylindres enchanteur (315 chevaux) qui initiait la série des berlines ultra performantes d’Audi.
A l’époque, Audi s’était associé avec Porsche pour développer et produire ce merveilleux modèle aujourd’hui très recherché (lire aussi : Audi RS2). Désormais, c’est en solo que la marque d’Ingolstadt réalise ses modèles « haute performance » sous le sigle RS (pour RennSport). Si à l’époque de la RS2 mettre autant de puissance sous le capot d’un break de cette gamme (l’Audi 80 dont elle dérive luttait à l’époque contre les Peugeot 405 ou Renault Laguna) était novateur, proposer 367 chevaux sous le capot d’une compacte l’est tout autant aujourd’hui.
Pour ceux qui n’auraient pas suivi, la RS3 est donc la version sur-vitaminée de la compacte A3 (il existe aussi une version S3 plus accessible), et c’est dans le parking souterrain de la gare de Strasbourg que nous rencontrons les petits monstres. Un endroit parfait pour démarrer le moteur qui vrombit tout seul sans même avoir à appuyer sur les gaz ! Parlons en de ce bruit d’ailleurs. J’avais encore en mémoire le son mélodieux du V8 de la Jaguar F-Type (lire aussi : Jaguar F-Type), mais les vocalises du 5 cylindres 2,5 litres de l’Audi tiennent largement la comparaison. On se surprend d’ailleurs à accélerer sur quelques mètres rien que pour l’entendre chanter.
Le choix de l’Alsace pour essayer la bombinette n’était pas anodin de la part d’Audi : l’Allemagne toute proche offre des Autobahn avec des portions sans limitations de vitesse. En pleine accélération, les sensations sont immenses, et l’on est collé au siège, mais à haute vitesse stabilisée, on croirait rouler à 90 ! Mais croyez-le ou non, moi l’autoroute même à fond les ballons, ça ne me fait ni chaud ni froid : je préfère largement les petites routes sinueuses. Ca tombe bien car les Vosges en regorgent.
C’est dans ces conditions que l’engin se révèle démoniaque. Enrouler les virages en épingles à des vitesses que vous n’auriez jamais imaginé, c’est assez jouissif. Entre un moteur enchanteur, gorgé de puissance et de couple, une transmission intégrale « Quattro », et des freins endurants et mordants, descendre ou monter les cols relevait du pur plaisir. Sans compter le son du moteur résonnant dans les montagnes. Cyclistes ou touristes ont pu admirer la cohorte de bestioles rouges, bleues, ou grises, vrombissant dans les virages, faisant claquer les vitesses, et les doublant en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire (le 4,3 secondes au 0 à 100 ne semble pas usurpé, tellement il paraît facile de doubler).
A l’intérieur, rien à dire : c’est du Audi. C’est sobre, de qualité, noir, que du classique quoi ! N’attendez pas un intérieur chaleureux à l’anglaise ni de luxe démesuré. Tout y est, tout tombe sous la main, tout est efficace, mais sans une once d’originalité. Mais à vrai dire on s’en moque un peu. Ce qui compte en fait, ce sont ses accélérations démoniaques et le plaisir qu’elle procure. Mais une fois retrouvés les embouteillages strasbourgeois à l’heure de la sortie des bureaux, la RS3 redevient une A3 comme une autre. Pour faire durer le plaisir, on se surprend à laisser avancer un peu la file pour avoir quelques mètres et jouer encore un peu avec ce moteur étonnant et faire claquer l’échappement.
Le précédent Opus, lancé en 2011, s’est vendu à 399 exemplaires en France. Autant dire qu’il s’agit plus d’un véhicule d’image que de volume. Pour vous faire ce petit plaisir et faire partie des happy few au volant de cette RS3 Sportback, il vous faudra débourser 56 900 euros tout de même : cher pour une compacte, mais pas chère vue les performances. A vous de voir. Sinon, il y a toujours la RS2 qui s’offre à vous pour 25 000 euros.
Le chant du 5 cylindres, en version Groupe B (Audi Quattro) vs RS3 Sportback
Photos: Paul Clément-Collin