CLASSICS
ALPINE
FRANÇAISE
RENAULT

Alpine A106 : la matrice !

Par - 04/05/2016

Comme l’histoire de l’A106 a déjà été largement évoquées dans le colonnes de Boîtier Rouge, cet article sera court, mais il aura au moins le mérite de réunir en son sein l’ensemble des liens permettant d’y voir clair dans l’histoire d’Alpine et de sa genèse ! Car si j’admire Jean Rédélé pour sa passion, son obstination à créer sa marque, et sa capacité à la faire perdurer, même si pour cela il fallut le soutien de Renault, notamment capitalistique, force est de constater que les débuts de la marque ne lui doivent que son génie commercial !

La "The Marquis" dérivée de l'Alemano, qui devait conquérir l'Amérique !La « The Marquis » dérivée de l’Alemano, qui devait conquérir l’Amérique !

Si vous suivez BR depuis longtemps, vous savez donc que Jean Rédélé, concessionnaire Renault à Dieppe (dans les pas de son père) a d’abord piloté, avant de tenter de se créer une voiture à la hauteur de ses ambitions sportives, certes, mais aussi professionnelles : quel fan de bagnole n’a jamais rêvé de créer sa propre marque ? Moi oui, sans autres débouchés que le rêve, mes talents d’ingénieur étant nuls, mes talents de mécanos presque aussi dramatiques, ceux de pilotes en devenir (du moins on l’espère) et mon entregent pour réunir de l’argent juste sur la foi d’une passion relativement limité.

La version dessinée par Alemano !La version dessinée par Alemano !

Rédélé n’était pas ingénieur, ni designer, mais il avait pour lui une vrai expérience du pilotage, quelques solides notions de mécanique, et une belle-famille puissante et désireuse, comme lui, de marquer l’histoire automobile (lire aussi : Le vrai berceau d’Alpine). Soyons honnête : Rédélé avait des ambitions et des idées, la preuve avec le coupé réalisé par Alemano et l’aventure américaine avortée de la « The Marquis » (lire aussi : Le rêve américain de Jean Rédélé) mais c’est bien à Chappe et Gessalin qu’on doit la petite A106, première d’une longue série d’Alpine.

Les A106, proposées par Chappe et Gessalin, lors de leur présentation à Renault, habilement colorées en bleu/blanc/rouge !Les A106, proposées par Chappe et Gessalin, lors de leur présentation à Renault, habilement colorées en bleu/blanc/rouge !

Mais rendons à César ce qui est à César, malgré l’aide indéniable (et la mise à disposition de leurs ateliers) de Chappe et Gessalin, ils ne réussirent jamais à faire mieux que leur meilleur ennemi Jean Rédélé et sa famille. Question de tempérament sans doute ! Bref, la première Alpine officielle, fut-elle construite pas C&G, c’est bien l’A106, qui tire son nom de l’association du A d’Alpine, et du 106, 3 premiers chiffres du type Mine de la voiture qui lui donne sa base, la 4CV (1060, 1062, et 1063, selon les versions).

A106 03

Côté look, on est avec l’A106 encore assez loin des mythiques A110… Il faudra d’abord passer pas l’A108 (nous y reviendront). Si la carrosserie et le dessin, plus bas et plus aérodynamique, ne sont pas désagréables, on est encore dans une logique 4CV plus que d’une A110 justement. Mais à l’époque (la voiture sort en 1955), la guerre n’était pas très loin derrière (10 ans), la France se reconstruisait juste, et les modèles, s’ils évoluaient, restaient assez classiques ! Seule la DS sortait vraiment du lot (apparition la même année) mais avec les moyens, l’ambition et peut-être l’arrogance des grandes marques. Pour un petit constructeur comme Alpine, à peine connue, l’idée était de séduire le plus grand nombre (!) avec une carrosserie consensuelle plutôt réussie pour l’époque.

A106 04

Son problème ? On la compare toujours à l’A110 qui décidément aura marqué toute une génération bien plus que l’A106 et l’A108 réunie. Mais que ces deux modèles là se rassurent, l’A110 aura pourri la vie de tous les modèles après elle… A310 (lire aussi : Alpine A310), GTA (lire aussi : Alpine V6 « GTA ») ou A610 subiront le même sort (la même malédiction ? Lire aussi : Alpine A610). L’A110 : Narcisse parfait, suffisant, imbu de lui même, tuant la mère façon Oedipe, et les enfants façon ogresse !

A106 02

Bon, l’article n’est plus si court que cela ! Comme quoi, sans même parler de moteur et de production, on en arrive à un long laïus ! Alors hop, quelques infos : avec son petit 747 cm3 issu de la 4CV, l’A106 n’est pas un monstre de puissance (de 21 à 38 ch, ça fait rêver)… mais elle pose les jalons, à la manière d’une Porsche 356, de ce que sera la marque Alpine par la suite : légèreté, moteur arrière, ligne ramassée ! Elle aura le droit à des dérivés, cabriolets ou coupés sport ! De quoi lancer la marque une bonne fois pour toute, avec 251 exemplaires fabriqués jusqu’en 1960, date de l’apparition de l’A108 ! Une première pierre d’un chemin jalonné d’embûche, d’une mort en 1995 et d’une résurrection en … 2017 ? A suivre !


Carjager vous recommande

undefined
Alpine A108 : la plus méconnue des Alpine
Quand on parle d’Alpine, c’est quasi systématiquement le nom de la mythique berlinette A110 qui revient aux oreilles. Et, bien que la marque ait produit d’autres modèles notables au gré de sa première vie, les néophytes oublient souvent la première berlinette d’Alpine : l’A108, dans sa version Tour de France.
Maxime Mouliney - 29/07/2022
Lire la suite
undefined
Alpine A110 Berlinette : une certaine idée de la France
L’industrie automobile française a produit quelques modèles mythiques depuis l’après-guerre, mais l’Alpine A110 a une place à part dans ce panthéon français. Est-ce dû à sa ligne, à son palmarès sportif, à son image artisanale ou bien aux 3 à la fois ? Une chose est sure, elle a marqué plusieurs générations différentes au point de donner naissance, lors de la renaissance, à une A110 nouvelle génération (lire à ce sujet notre essai). Retour sur l’histoire de cette petite sportive française pas comme les autres.
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 29/07/2022
Lire la suite
undefined
Alpine A310 4 cylindres : celle qu’on adore détester, à tort !
Ne cherchez plus ! La plus belle voiture des années 70, c’était bien elle ! L’Alpine A310, sortie en 1971, était une merveille de design : un chef d’oeuvre qui sera malheureusement dénaturé avec le passage au V6 en 1976 (lire aussi : Alpine A310 V6). J’ai lu tout et n’importe quoi sur cette voiture : le début du déclin d’Alpine ? Allons, voyons, cette hypothèse ne tient pas à l’examen des chiffres : la Berlinette (1962-1976) s’est vendue à 7176 exemplaires (soit 448 ex par an en moyenne), l’A310 (en 4 et 6 cylindres, 1971-1985) à 11 484 ex (soit 717 ex par an de moyenne) et la V6 Turbo « GTA » (1985-1991, lire aussi : Alpine GTA) à 6494 ex (soit 928 ex par an)… Le vrai déclin intervient en fait avec l’A610 à partir de 1991 (lire aussi : Alpine A610). Alors ? Que reproche-t-on vraiment à cette A310 ?
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 27/07/2022
Lire la suite

Vendre avec CarJager ?