Cadillac Allanté : la Cadillac Spaghetti
Au début des années 80, Cadillac décide de concurrencer les Jaguar XJS et Mercedes SL qui rencontrent un grand succès sur le sol américain (Jonathan et Jennifer sont représentatifs de cette classe très aisée d’américains, roulant cheveux au vent en Mercedes SL R107). Pour affronter les européens sur ce terrain, il faut (selon les dirigeants de Cadillac et GM) un design européen : ce sera la Cadillac Allanté.
C’est tout naturellement que Cadillac fait appel au célèbre carrossier italien Pininfarina (qui dessine notamment les Ferrari) qui, partant d’une carrosserie d’Eldorado, dessine cet élégant cabriolet deux places équipé d’un gros moteur V8. GM reste mesuré dans ses ambitions, espérant 6 000 ventes par an. Tout le monde est enthousiaste, et le contrat avec Pininfarina prévoit une fabrication en Italie. Mais tout à coup, chacun s’aperçoit des problèmes logistiques que cela représente, les châssis courts sur la base de l’Eldorado étant fabriquée à Détroit. Un véritable pont aérien est créé, et trois Boeing 747, aménagés pour pouvoir transporter jusqu’à 56 Allanté chacun, font la rotation entre Détroit et Turin, où Pinifarina retravaille la carrosserie et installe le V8. Les Allante repartaient alors pour être terminées dans les usines de Cadillac. Un véritable casse-tête industriel qui bien entendu fait exploser la facture. La Cadillac Allanté devient le plus cher des modèles de la gamme (57 000 dollars en 1989, quand à la même époque l’étendard de la marque, la limousine Fleetwood, coûte 34 000 dollars).
Le pont aérien (image blog.hemmings.com)Prévue un temps pour être importée en France (au prix de 600 000 F, soit plus chère qu’une Ferrari Mondial Quattrovolve à 555 000 F, lire aussi: Ferrari Mondial), elle ne rencontrera pas le succès à l’exportation, si ce n’est quelques modèles au Canada, et d’autres en Allemagne notamment.
Jusqu’en 1992, le V8 4,1 puis 4,5 litres de 200 ch ne fait pas de l’Allanté un foudre de guerre. Les choses changent en 1992 avec l’introduction du V8 Northstar 4,9 litres de 295 ch qui enfin donne à l’Allanté les chevaux qui lui manquaient, mais trop tard. La production s’arrête en 1993 après 21 430 exemplaires sortis d’usine.
Aujourd’hui, on ne peut qu’admirer cette ligne qui détonne parmi la production américaine de l’époque. Mais l’incroyable organisation industrielle pour la produire a fait exploser les coûts et l’a empêchée d’être compétitive face à ses rivales désignées. L’arrivée d’un moteur doté d’une puissance suffisante se fit bien trop tard, et ne permit jamais à Cadillac de dépasser les 3 500 exemplaires par an (tombant même sous les 2 000 en 1992).
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