Alfa Romeo Nuova Giulietta Turbo Autodelta: rareté indispensable !
Un plan produit incohérent, à moins que cela ne soit l’inconséquence de certains constructeurs, conduit parfois à des lancements de modèles hasardeux. Il existe une flopée modèle dans ce cas là, dont Boîtier Rouge est particulièrement friand. C’est le cas notamment de l’Alfa Romeo Nuova Giuletta Turbo Autodelta, qui fut présentée en 1983, et vendu entre 1984 et 1985.
A l’origine, cette version vitaminée de la Nuova Giulietta (lancée en 1977), n’était pas vraiment prévue au programme, mais la concordance de deux événements permit à ce modèle particulièrement séduisant aujourd’hui de venir au monde. Tout commence avec un mécanicien auto du nom de Gian Franco Mantavoni-Waine, qui décide de se confectionner une version haute performance de la Giulietta, sympathique petite propulsion italienne au physique un peu ingrat, mais tellement attachante. Avec l’aide d’Autodelta, le service compétition de la marque milanaise, il greffe un turbo Avio sur le 4 cylindres chantant de 2 litres et 130 ch de la Giulietta Ti.
Avec cette greffe, le moteur passe à 170 ch, et promet de belles performances sportives à la berline de milieu de gamme d’Alfa. Cette voiture ne passe d’ailleurs pas inaperçu, et l’état-major d’Alfa Romeo voit en elle un bon moyen de remplacer à bon compte en compétition la vieillissante GTV (lire aussi : Alfa Romeo GTV6). A cet effet, une série de 500 exemplaires destinés à l’homologation fut donc lancée en 1984.
Pour différencier cette version très spéciale du reste de la gamme, Alfa va l’équiper d’une sellerie spécifique rouge et beige, d’un appui tête évidé, d’un manomètre de pression du turbo, d’un petit volant course Momo et d’équipements plutôt haut de gamme pour l’époque : ordinateur de bord, vitres électriques à l’avant ou fermeture centralisée des portes. Côté look, elle se pare d’une peinture bicolore (noir dans sa partie supérieure, bronze dans sa partie inférieure, avec un liseré rouge), d’un logo « Turbo Autodelta », de jantes alus de 15 pouces et de phares antibrouillards, entre autres.
Côté performance, le moteur est bouillant (mais son turbo Avio fragile), et les 205 km/h sont en ligne de mire. Mais pour profiter de tout cela, il fallait débourser 15 millions de lires, soit 50% de plus qu’une Giulietta Ti ! Le prix de l’exclusivité. D’autant qu’en fait d’une série de 500 exemplaires, il n’en sortira que 361 des ateliers d’Autodelta. Car si Alfa avait dit « banco » pour cette série d’homologation, elle avait sans doute oublié que la 75 allait bientôt sortir, en 1985 (lire aussi : Alfa Romeo 75 6V). La sortie du nouveau modèle rendait caduque l’arrivée en compétition de l’ancien, et le programme fut stoppé !
Ce sera finalement en 1987 que sortiront les 500 exemplaires de la 75 Turbo Evoluzione nécessaires à l’homologation en Groupe A, et la Nuova Giulietta ne connaîtra donc jamais la course automobile. Résultat, la Turbo Autodelta se retrouve être une des plus rares Alfa modernes, la rendant encore plus désirable. Surtout qu’aujourd’hui, son look à mi-chemin entre les 70’s et les 80’s qui semblait démodé à l’époque la rend furieusement tendance aujourd’hui !
Le plus dur sera cependant d’en trouver une, vue la rareté du modèle, et bien entendu en bon état (cela reste une italienne du début des années 80, avec tout ce que cela implique). Surtout que le turbo est bien fragile (il a souvent été remplacé par d’autres turbos, KKK notamment) ! Mais si vous tombez sur ce graal, alors vous pourrez avoir le sentiment d’être un privilégié, faisant fi des pékins incultes qui ne verront en lui qu’une banale vieille Alfa vieillissante et sans doute se moqueront : « Seigneur, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23-34).
PS: jamais importée en France malheureusement !