Alfa Romeo Milano : quand le trèfle s'attaquait à l'Amérique !
Je m’étais toujours demandé quelle mouche avait piqué le service marketing d’Alfa Romeo pour donner le nom d’America à certaines de ses 75 dans les années 80 (lire aussi : Alfa Romeo 75 6V), sans trop creuser la question (oui je sais, j’ai parfois de drôles d’idées qui me traversent l’esprit). Et c’est par hasard que j’ai trouvé la réponse, me donnant l’occasion de faire un petit article sur un modèle connu (par sa ligne) mais peu connu (par son nom) : l’Alfa Romeo Milano.
Sergio Marchione a annoncé l’année dernière le grand retour d’Alfa aux Etats-Unis avec la Giulia (lire aussi : Nouvelle Alfa Romeo Giulia) tandis que déjà les 4C étaient distribués chez nos amis ricains depuis quelques mois, mais dans les années 80, la marque au trèfle avait déjà quelques ambitions nord-américaines. Et déjà la situation était un peu la même : Alfa Romeo, au milieu de cette décennie, ne vendait à ses clients yankees que des GTV ou des Spider (lire aussi : Alfa Romeo Spider) dans un réseau riquiqui, et ce malgré une présence officielle depuis 1961.
Aussi l’état major d’Alfa décide-t-il d’introduire sur le marché une berline qui permettrait d’atteindre de plus grands volumes. L’Alfa Romeo 6 venait de disparaître en 1986 (lire aussi : Alfa Romeo 6) tandis que l’Alfa 90 s’apprêtait à le faire (1987). Restait donc, comme berline de taille « suffisante » la 75, apparue en 1985 et dotée d’un moteur V6 2.5 convenant, selon eux, parfaitement aux besoins des américains. Alors banco.
C’est donc à partir de la fin de l’année 86 que les premiers modèles de 75 seront exportés vers les Etats-Unis. Pour l’occasion, un nouveau nom lui sera trouvé : ce sera Milano, disponible en 3 finitions, Silver, Gold et Platinum. Rien que ces noms montrent le positionnement que veut avoir Alfa aux USA : on est clairement dans le l’univers du luxe (enfin, on s’y croit!). Comme d’habitude lorsqu’il s’agit d’un véhicule européen vendu aux States, un certain nombre de modifications seront faites pour satisfaire la législation américaine (et pour plaire à une clientèle un poil différente dans ses exigences).
Les inévitables « bumpers » à l’américaine et à soufflets font donc leur apparition… Ces pare-chos, nous les connaîtrons nous aussi avec la version 75 America, lancée en 1987 pour célébrer le lancement de la 75 aux Etats-Unis : elle aussi en disposera. Etait-ce réellement pour « fêter » ça, ou bien fut-ce la solution pour écouler des stocks de modèles a priori destiné à l’export outre-atlantique mais restés en Europe faute de ventes suffisantes ? Nul ne le sait. Les Milano étaient aussi renforcées au niveau des portes, leur réservoir se trouvait sous le coffre (réduisant au passage la contenance). Elles disposaient d’un équipement (selon les versions) assez pléthorique pour l’époque : régulateur de vitesse, sièges et rétroviseurs électriques, et bien entendu climatisation. En option, on pouvait choisir la boîte auto 3 vitesses ZF.
Les ventes commencent fin 86 et se poursuivront jusqu’en 1989. D’abord proposée en version V6 2.5 de 158 chevaux, elle reçut ensuite (à partir de fin 87) le V6 3 litres de 188 ch, prenant alors la dénomination de Milano Verde. Etrangement, si la version 2.5 s’arrêtait en Europe en 1987, elle continua aux USA aux côtés du V6 3.0 ! Et curieusement, c’est elle qui se vendra le mieux, avec environ 3300 exemplaires contre seulement 800 pour la Milano Verde entre 1986 et 1989. Autant dire qu’une Milano aujourd’hui, c’est plutôt rare. On en trouve quelques unes à vendre cependant.
Si la Milano arrêta assez rapidement sa carrière aux Etats-Unis, sur un relatif échec: pas assez grande, et trop typée européenne, elle ne réussira qu’à séduire une petite frange d’amateurs. C’était certes trop peu, ces 4100 ventes, mais cela représentait une part non négligeable de la production des modèles V6 (21 598 exemplaires au total pour les 2.5 et 3.0). Ce n’est cependant pas la Milano qui clotura l’aventure Alfa Romeo outre-atlantique, mais la 164, introduite en version V6 quelques mois après, fin 1990. Elle y sera venue jusqu’en 1995, survivant à Peugeot (lire aussi : Peugeot 405 USA) qui, lui, avait jeté l’éponge début 1992 ! Voilà désormais vous connaîtrez l’existence de cette Milano, et les raisons de la 75 America.