Alfa Romeo 75 6V : des relents de 60's dans une caisse 80's... et un Busso au milieu
Contrairement à d’autres, mon intérêt pour les Alfa ne remonte pas aux années 70, aux Sprint, Giulia ou Alfeta, mais plutôt aux années 80. J’aimais particulièrement l’Alfa Romeo 75, qui, bien qu’elle soit un tantinet tarabiscotée, me séduisait par sa ligne. Oui vous avez bien lu. Je la trouvais très agressive à l’époque (encore aujourd’hui d’ailleurs), avec sa ligne plongeante, son arrière ramassé et surélevé, et son petit côté carré, musclé quoi ! Et puis, avouons le tout de go, ce dessin bizarre avait un petit côté Saab pour moi !
Que dire quand en plus se cachait sous le capot le V6 Busso de 3 litres, développant 188 ch, et même jusqu’à 192 ch à partir de 1991. Avoir dans une berline de ce gabarit un tel V6 quand une Peugeot 405 se contentait de 4 cylindres, fussent-ils à 16 soupapes, voire turbo, c’était pour moi un vrai luxe.
Apparue en 1985, la 75 n’a pourtant rien d’une voiture révolutionnaire, puisqu’elle reprend quasiment tout de la Giulietta, qui elle même reprenait tout de la Giulia. Autant dire que si son look sonne très 80’s, sa conception est quasi 60’s : une ancienne moderne quoi. A l’intérieur pourtant, ne cherchez pas l’ambiance des années 60 : tout est carré, tout est en plastique, et un ordinateur de bord « d’époque » vous indique si tout va bien.
En bonne italienne qui se respecte, la finition laisse à désirer, et les petits pépins ne sont pas rares. Mais disposer du Busso mérite quelques concessions. Ce n’est qu’à partir de 1987 qu’Alfa proposera le V6 sur la 75. En France, seul sera disponible le 3 litres, mais en Italie, il existait une version 2,5 qui fut plus largement diffusé (9 526 ex du 3 litres contre 12 072 ex du 2,5 litres). La 6V 3 litres existe en trois versions, normale, « America » (avec des pare-chocs à soufflet aux normes américaines comme sur une Saab 900 ou Saab 9000) ou « Potenziata » (doté du V6 porté à 192 ch).
Autant vous dire que trouver une Alfa Romeo 6V en bon état sera un vrai jeu de piste. Mais quand vous aurez trouvé la perle rare, vous serez conquis je pense par le chant du Busso, qui deviendra votre drogue, d’autant plus qu’il est très fiable. La 75 n’expérimente pas de solutions techniques novatrices, pas de soucis majeurs à craindre côté mécanique, à condition d’un entretien suivi.
Vous serez sans doute bluffé par les performances de cette berline qui cache bien son jeu, et vous vous ferez même parfois peur sur le mouillé, n’oubliez pas que c’est une propulsion avec des chevaux sous le capot hein ! Après, tout le monde n’appréciera pas forcément sa ligne, mais les connaisseurs eux sauront tout de suite à qui ils ont à faire. Tout cela pour peanuts (pour l’instant). Alors ? Convaincus ?