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Acadian et Beaumont : deux marques éphémères pour le Canada

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 15/02/2017

Du Canada francophone, on parle surtout du Québec. Il existe pourtant une province, au nord et sur la côte Atlantique du Nouveau Brunswick, qui elle-aussi constitue l’héritage français au Canada : l’Acadie. Cette Acadie n’a jamais cessé de faire des allers et retours, tour à tour anglaise puis française suivant les guerres et les traités, mais la fin du XVIII° siècle voit les anglais prendre le dessus. Durant environ 60 ans, les Acadiens francophones subiront ce que l’on appelle le « grand dérangement », dont le point d’orgue sera leur déportation, soit vers la Nouvelle Ecosse, soit vers la Louisiane, les Antilles ou le Québec. Ce court résumé pour situer ce qu’est l’Acadie, qui inspirera les constructeurs automobiles.

En France, ce sera l’Acadiane (lire aussi : Citroën Acadiane), la version fourgonnette de la Dyane (lire aussi : Citroën Dyane) et version moderne de l’AK (la fourgonnette sur base 2CV) : un joli jeu de mot permettant un clin d’oeil à l’Acadie (AK + Dyane = Acadiane). Au Canada, c’est le tentaculaire groupe GM qui utilisera l’appellation anglicisé pour nommer une toute nouvelle marque lancée en 1962 : Acadian !

L’Acadian Beaumont Convertible de 1963

La stratégie de gestion ou création de marque de GM a toujours été un mystère, même pour les amateurs d’automobiles. C’est sûrement le groupe qui a possédé, tué, ou créé, le plus de marques au monde, avec une certaine constance dans l’échec. Au Canada, les taxes d’importation rendaient les voitures américaines dites « compactes » peu compétitives si elles n’étaient pas fabriquées sur place. Pourtant, le réseau de « dealers » Pontiac-Buick au Canada souhaitait pouvoir lutter à armes égales sur ce créneau du marché.

Il fallait donc construire les véhicules compacts sur le sol canadien, pour être exonéré de la fameuse taxe d’importation. Pour satisfaire le réseau Pontiac-Buick, on décida de construire la nouvelle Chevrolet Chevy II dans l’usine d’Oshawa, dans l’Ontario. Mais plutôt que de lui laisser son badge Chevrolet, ou de lui en mettre un Buick ou Pontiac, GM préféra lancer une nouvelle marque à l’identité canadienne : Acadian.

Au programme, une série de berlines, breaks, coupés et cabriolets proposant une palette de moteurs allant du 4 cylindres au V8 en passant par le 6 cylindres. Au débart, les Acadian basiques côtoient les Beaumont plus luxueuses mais identiques. Mais à partir de 1964, les Beaumont changent pour devenir des dérivés de Chevelle, avec un 6 cylindres de 120 ch, et deux V8 (195 et 350 ch). Les Acadians restent quant à elle dérivées des Chevy II, et leurs versions « deluxe » prennent le nom de Canso (vous suivez toujours ? J’espère parce qu’ensuite, ça devient un beau bordel).

La Beaumont Coupé SD

Avec GM rien n’est simple. En 1966, le groupe américain décide de donner son independance aux Beaumont : ce nom très français devient donc une nouvelle marque au côté des Acadian, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Beaumont s’offrira une version sportive dérivée de la Chevelle SuperSport sous le nom de Coupé SD (pour Sport Deluxe), dotée d’un V8 poussé à 396 ch, puis assez rapidement, la finition SD sera proposée sur les autres motorisations. Chez Acadian, la Canso recevra cette définition (et un V8 poussé à 350 ch) sous le nom de SS350 !

La Canso de 1967

Une marque, puis deux, s’ajoutant à Buick et Pontiac, c’était peut-être un peu ambitieux. Dès 1969, la marque Beaumont est stoppée pour laisser la place à la Pontiac LeMans, dans un souci de plus grande cohérence. Acadian quant à elle perdurera jusqu’en 1971, avant d’être remplacée par la Pontiac Ventura. Avouez que c’était tout de même plus simple que de chercher à imposer deux nouveaux blasons, malgré leurs consonnances très « Canada francophone ».

La SS350 (en haut) et l’Acadian 2 doors 1970 (en bas)

Il faudra attendre 1989 pour voir une nouvelle marque « GM » être créée au Canada : Passport, qui ne durera que deux ans pour céder la place ensuite à une autre nouvelle marque, Asüna (lire aussi : Asüna). Il faut croire que GM n’a jamais vraiment appris de ses erreurs, embourbé dans ses envies de marketer et segmenter, au point de s’éparpiller et de finir par négliger l’ensemble de son portefeuille ! Aujourd’hui, le groupe commence à se réduire de plus en plus, après la fin d’Oldsmobile, Pontiac, Saab, Saturn, Hummer, et la vente d’Opel/Vauxhall au groupe PSA. La preuve que l’accumulation de marque est un art que seul VW semble maîtriser réellement.

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PAUL CLÉMENT-COLLIN - 16/05/2016
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