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Volkswagen SP2: fausse sportive mais gueule de squale

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 14/08/2016

Les lourdes taxes sur les véhicules d’importation permirent au Brésil dans les années 60 de se constituer une véritable industrie automobile, fut-ce par l’intermédiaire de constructeurs étranger (Volkswagen, Ford, GM ou Willys Overland), mais surtout permirent l’éclosion d’un sacré paquet de petites sportives, aux destins commerciaux variables, mais toujours intéressantes !

Depuis 1962, Volkswagen do Brasil produit la Karman-Ghia (en haut) puis sa version modernisée TC à partir de 1970 (en bas)Depuis 1962, Volkswagen do Brasil produit la Karmann-Ghia (en haut) puis sa version modernisée TC à partir de 1970 (en bas)

Karman Ghia 02 TC

Plantons un peu le décor : avec le développement économique, le marché automobile « explose », et avec lui les désirs à 4 roues. Forcément, un créneau apparaît évident pour les gros comme les petits constructeurs : puisque les Porsche ou autres sportives européennes sont hors de prix à cause des droits de douane, il y a donc une place à prendre sur cette niche, petite mais sûrement rentable et porteuse d’image.

En 1972, VW do Brasil lance les SP1 et SP2En 1972, VW do Brasil lance les SP1 et SP2

C’est sans conteste la Willys Interlagos qui peut se targuer du titre de 1ère sportive brésilienne, avec un début de production datant de 1961 : il s’agit ni plus ni moins qu’une Alpine A108 construite sous licence (lire aussi : Willys Interlagos). Pourtant, Volkswagen ne mettra pas longtemps à réagir puisqu’en 1962, la marque allemande lance au Brésil son Coupé Karmann Ghia, fabriqué localement par une filiale de Karmann, lire aussi : Land Rover Defender Karmann-Ghia). En 1964, c’est Brasinca qui se lance avec une 4200 GT ressemblant fort à une Jensen (lire aussi : Brasinca 4200 GT). En 1965, c’est au tour de DKW de présenter sa GT Malzoni (lire aussi : DKW GT Malzoni), mais cette même année, Volkswagen rachète DKW au Brésil, et tue dans l’oeuf cette sportive originale pour préserver la Karmann-Ghia. Le projet renaîtra sous la marque Puma qui aura un certain succès d’estime (lire aussi : Puma GT).

SP2 06

SP2 07

Si les années 60 voient naître un paquet de modèle comme on peut le voir, le marché n’est pas si florissant qu’on l’imagine. Willys stoppe l’Interlagos en 1966, Brasinca s’arrête en 1967, et Puma vivote. Seul Volskwagen s’en sort bien avec sa Karmann-Ghia (41 689 exemplaires produits entre 1962 et 1975). Pourtant le modèle commence à dater un peu même si la TC (une version modernisée uniquement pour le Brésil) prend le relais en 1970. Les dirigeants de Volkswagen do Brasil en sont conscients et dès 1969, ils lancent le projet X avec l’objectif de construire une nouvelle petite sportive à moteur arrière au style plus moderne que la Karmann-Ghia TC.

SP2 08

Ce projet X donne naissance à deux modèles : la SP1 et la SP2 (SP pour Sao Paulo, où sont produits les deux coupés). Ces deux modèles partagent la même carrosserie élégante et allongée, et la même face avant de squale, avec ces phares typiques qui inspireront d’autres modèles VW. Ils diffèrent cependant par le moteur, un 1600 pour la SP1 développant 54 ch, et un 1700 pour la SP2, offrant plus de puissance (65 ch). Les SP1 et SP2 sont présentés à la foire de Hanovre en mars 1971 et la production débute en fin d’année.

SP2 10

Sur le marché, il ne reste plus beacoup de concurrents : seul Puma nargue encore le géant Volkswagen avec des ventes honorables mais surtout des performances supérieures à la SP2 grâce à sa légèreté (due à sa carrosserie en fibre de verre). La SP1 fait d’ailleurs un bide, en ne trouvant que 162 acheteurs (sa production cessera vite). Quant à la SP2, si ses ventes sont supérieures à la Puma GT (grâce à un prix de vente inférieur et un réseau de distribution bien plus organisé et puissant), elle déçoit par rapport à la Karmann-Ghia TC dont la production se poursuit toujours chez Karman do Brasil. Une SP3 plus puissante (100 ch) fut un temps étudiée, mais le projet fut stoppé, tout comme la production de la SP2 en 1976, après 10 205 exemplaires produits (dont 670 furent exportés vers l’Europe).

SP2 03

SP2 01

Aujourd’hui, ce ne sont sûrement pas ses performances qui peuvent vous intéresser, mais bel et bien sa ligne et sa rareté sur nos terres européennes et encore plus françaises. Avec une telle gueule, vous ne passerez pas inaperçu, et soyez sûr de voir la surprise des passants en découvrant le logo Volkswagen sur cette petite sportive élégante et racée. Et puis rouler dans une voiture brésilienne, ça a quelque chose de très BR, malgré ses origines allemandes. Encore faut-il en trouver une car même dans son pays natal, elle n’est pas si courante que cela désormais, le temps ayant fait son œuvre et réduit le parc inéxorablement.


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