Volkswagen K70: la première traction avant de VW !
La Volkswagen K70 n’est pas à proprement parlé une inconnue, puisqu’elle s’est tout de même vendue à 211 127 exemplaires. Pourtant, même parmi les amateurs de voitures, peu la connaissent, sans doute parce qu’elle est née à une période compliquée, qu’elle fut pensée pour une marque mais vendue par une autre, coincée dans une gamme qui n’était pas la sienne et qui lui faisait parfois concurrence, et qu’elle était dotée d’un profil certes élégant et agréable à l’oeil, mais particulièrement passe-partout.
C’est en 1964 que le projet K70 débute dans les bureaux d’études de la marque allemande… NSU ! A cette époque, le constructeur de Neckarsulm réalise l’essentiel de ses ventes avec la petite Prinz, et cherche à monter en gamme. Il faut se rappeler que NSU, devenu producteur de moto, n’a repris la production de voitures qu’en 1957 en rachetant à son ex-partenaire Fiat le droit d’utiliser sa marque sur ses propres automobiles (Fiat-NSU devenant alors Fiat Neckar).
Pour ce développement de gamme, NSU voit grand, avec en haut de gamme l’ambitieuse Ro80 (qui sortira en 1967) dotée d’un moteur révolutionnaire développé par la Comotor, en co-propriété avec Citroën (lire aussi : Citroën GS Birotor), et en milieu de gamme la NSU K70 (K voulant dire Kolben, « piston » en allemand, par opposition à Ro, pour rotatif).
Les publicités NSU étaient prêtes !Pour développer ces deux modèles, NSU devra investir énormément, ce qui mettra à mal sa santé financière, tandis que le loup Volkswagen était déjà entré dans la bergerie à la faveur de recapitalisations successives. La Ro80, lancée en 1967, devient voiture de l’année en 1968, tandis que NSU s’apprête à présenter au Salon de Genève 1969 sa K70… Mais au dernier moment, la nouvelle NSU restera cachée : les actionnaires de NSU négocient alors avec VW le rachats de la totalité des actions. Pour ne pas gêner les plans du futur actionnaire, la NSU K70 ne sera jamais lancée, malgré 23 exemplaires déjà construits et des campagnes de publicité prêtes !
Si Volkswagen rachète NSU, c’est pour plusieurs raison. D’abord, la fragile santé financière de NSU l’avait conduit à se tourner vers des acheteurs potentiels, et notamment son ex-partenaire Fiat qui semblait prêt à racheter l’allemand. Pour éviter de se retrouver avec un encombrant et puissant concurrent sur son propre sol, VW est prêt à ouvrir sa bourse. D’autant que la marque NSU, malgré ses soucis financiers, est une belle prise : elle offrirait à VW la technologie de la traction avant pour sortir de sa monoculture du tout à l’arrière, une image un peu haut de gamme, une usine moderne à Neckarsulm, et un excellent bureau d’étude (qui deviendra celui d’Audi). L’opération est donc finalisée courant 1969.
En rachetant NSU, Volkswagen se retrouve avec un projet abouti, la K70 : l’outillage est prêt, la voiture est finalisée. Reste un soucis : VW veut faire disparaître la marque NSU au profit d’Audi. Il semble impossible aux dirigeants allemands de lancer une nouvelle NSU dans ces conditions. Si la Ro80 continuera tranquillement sa carrière confidentielle sous cette marque, la K70 elle intégrera finalement la gamme… Volkswagen, devenant ainsi la première traction avant de la marque de Wolfsburg. Détail amusant, le nom K70 sera repris tel quel, sans aucune cohérence avec les appellations VW.
La voiture sortira finalement en 1970, équipée d’un 4 cylindres refroidi par eau (chez VW!) de 1,6 litre et 70 chevaux. Elle recevra plus tard, en 1973, un 1,8 litre de 100 ch. Elégante, moderne, plutôt performante (surtout avec le 1800), la VW K70 ne rencontrera pas le succès. Etonnant ? Pas tout à fait. VW était intéressé par cette voiture pour introduire la traction avant dans la gamme et préparer le terrain : n’oubliez pas qu’une génération de nouvelles voitures se prépare avec la Golf, la Passat et la Polo (en fait un projet de petite voiture du bureau d’étude NSU, lire aussi : Audi 50).
La K70 Break ne sera jamais lancée pour ne pas concurrencer les 411/412 !La K70 servira en quelque sorte de teaser sans que VW se soucie vraiment des ventes. De toute façon, toute la phase d’étude et d’industrialisation avait été financée par NSU, ce qui enlevait à VW le poids de la recherche d’un retour sur investissement. Cela explique pourquoi VW maintiendra en revanche les 411 et 412 dans sa gamme, concurrentes directes de la K70 (en terme de gamme mais aussi de prix). D’ailleurs, VW refusera le projet de break K70 (pourtant dans les plans de NSU) pour ne pas nuire aux versions breaks des 411/412. La production de la K70 finira par s’arrêter en février 1975. A cette époque, VW avait lancé sa gamme « traction avant » (Golf et Passat, la Polo n’allant pas tarder) et n’avait plus besoin de ce souvenir de NSU. La Ro80 lui survivra tout de même jusqu’en 1977, mais sera la dernière NSU produite : désormais, il n’y aurait plus que des Audi et des VW !