Volkswagen Golf V8 "Artz" : une 928 en guise de citadine !
Les clichés ont la vie dure, et on s’imagine souvent nos amis teutons très sérieux, carrés, somme toute pas fantaisistes pour un sou. La rigueur de leur production automobile en est l’exemple le plus flagrant. Pourtant, c’est aussi outre-Rhin que l’on trouve les préparateurs les plus fous, transformant de placides berlines en bombes de la route, ou bien en comble du mauvais goût. Gunther Artz fait partie de ceux-là, s’amusant à transformer à peu près tout ce qui roulait dans les années 70 et 80.
Gunther Artz est le boss d’un distributeur automobile de Hanovre, Nordstadt. Si l’ami Gunther et son équipe ont toujours voulu épater la galerie avec des modèles tous plus fous les uns que les autres (sa Porsche 928 Kombi, produite à 2 exemplaires, ou sa Porsche 924 Turbo Kombi, produite elle à 20 exemplaires, en sont des exemples frappants et connus), c’était pour mieux promouvoir l’activité rémunératrice de vente de flottes d’automobiles aux entreprises.
C’est dans cette optique qu’Artz eu l’idée loufoque d’une Volkswagen Golf à moteur V8, rien que cela. Il s’agissait de promouvoir la vente de flottes, et ceux qui avait commandé au moins 100 voitures bénéficiaient alors du droit à acheter cette Golf V8, proposée tout de même à 150 000 DM, un tarif démesuré à l’époque (mais il se murmure que la Golf V8 coûtait 180 000 DM à fabriquer). 10 exemplaires de cette fabuleuse machine devaient être produits. Artz avait déjà réalisé pareille folie dans les années 70 avec une Cox dotée du flat 6 d’une Carrera RS développant 210 ch.
En fait de Golf, il s’agit plutôt d’une Porsche 928 re-carrossée puisqu’elle utilise le châssis et le moteur de la Porsche, sur laquelle une carrosserie de Golf est greffée. La 928 étant bien plus large que la frêle Volkswagen, il faudra élargir cette carrosserie de 30 cm environ. Seule, la Golf « 928 » semble très classique, malgré sa double sortie d’échappement, mais il suffit de la mettre à côté d’une Golf classique pour que sa largeur vous saute aux yeux !
Puisqu’elle utilise une base de 928, la Golf V8 d’Artz est donc une propulsion, avec son moteur V8 à l’avant. A l’intérieur, tout est aussi élargi, avec 4 fauteuils en cuir : ne cherchez pas, il s’agit bel et bien d’un intérieur de 928 là encore. Sous le capot avant, le V8 4,5 litres de 240 ch (elle devait recevoir ensuite une version 4,7 litres et 300 ch) de la Porsche est là, prêt à vrombir.
Selon Nordstadt, 10 voitures devaient être construites : 2 avec une transmission manuelle 5 vitesses Porsche, et 8 avec une transmission automatique. Sur les 10, 6 étaient prévues pour l’Allemagne, 2 pour l’Autriche, 1 pour la Suisse et 1 pour… la France. Impossible de savoir si ces dix exemplaires furent réellement fabriqués. Un peu partout sur le net, on ne trouve trace que de 2 exemplaires produits, l’un en 1979, et l’autre en 1980.
Longtemps, les fans de Golf, ou de 928, ou des deux, cherchèrent les 8 exemplaires manquant, mais il semble sûr aujourd’hui que seuls 2 exemplaires auront été produits. En fait, il semblerait que des problèmes internes au sein de la société Nordstadt, notamment avec les actionnaires, et les coûts trop élevés du projet, aient mis un terme à la production ! Pas la peine donc de se mettre en chasse malgré les rumeurs de 6, 11 voire 20 Golf V8 produites : vous ne les trouverez jamais. Les 2 exemplaires sont en Allemagne, dont l’un au Musée Volkswagen, preuve du sérieux de l’entreprise malgré son côté totalement déjanté !