Renault "Olympique 92": une série spéciale mythique
Si vous êtes de la même génération que la mienne, alors vous avez été marqué par les Jeux Olympiques d’Albertville de 1992, dont les deux co-présidents, Jean-Claude Killy (célèbre champion de ski) et Michel Barnier (à l’époque président du Conseil Régional de la Savoie) nous vantèrent les mérites avec brio. Quel rapport avec l’automobile me direz-vous ? Trois fois rien, si ce n’est une série spéciale devenue presque mythique par sa rareté (quel que soit le modèle) et pour son point d’orgue, l’Alpine A610 : les Renault « Olympique 92 ».
A l’époque, toute la France soutenait l’idée des jeux Olympiques d’hiver dans notre belle région savoyarde (rattachée pourtant tardivement à la France en 1860, je vous le rappelle). Et malgré la tendance « de droite » de Michel Barnier, le gouvernement comme le Président de la République François Mitterrand appuieront le projet dès le dépôt de candidature en 1984. Albertville est sélectionné en 1986 et dès lors, tout ce que la France compte de bonnes volontés ou d’entreprises emblématiques va soutenir les Jeux d’hiver organisée à nouveau en France après Grenoble en 1968 (où Killy sera médaillé d’or).
Enfin, ce sont surtout 12 « top entreprises » qui soutiendront et bénéficieront des Jeux : IBM, le Crédit Lyonnais (aussi partenaire de Surya Bonaly, mais si, rappelez-vous, le saut périlleux arrière), Bis, les AGF, la SNCF (dont les TGV porteront les logos des JO d’Albertville), Evian, Candia-Yoplait, Alcatel, France Télécom, Thomson, La Poste, et enfin et surtout, Renault, qui nous intéresse ici : que des entreprises qui sentent bon la France, grosses, étatiques ou emblématiques, dont certaines ont disparu aujourd’hui (du moins sous leur nom de l’époque).
Renault, c’est « le » partenaire automobile et à ce titre, il va avoir du pain sur la planche pour transporter tous les officiels, athlètes, Vip etc des lieux de transports ou d’hébergement (gares, aéroports, hôtels, village olympique) jusqu’aux stations et aux différentes épreuves. On imagine pas bien ce que cela représente, mais au total, ce sont 1500 véhicules qui seront « fournis » : voitures particulières et monospaces, 4×4 (des Jeep Cherokee), des utilitaires (des Express, lire aussi Renault Express, mais aussi des Trafic, lire aussi Renault Trafic) et enfin (surtout?) des cars provenant de chez Renault Véhicules Industriels, le local de l’étape puisque son siège est à Lyon !
Tous ne seront pas des séries spéciales « Olympique 92 » : ces véhicules sont blancs, et reçoivent des autocollants adequats. En revanche, dès octobre 1991 (soit 3 mois avant les jeux), Renault avait lancé cette fameuse série « Olympique 92 », qui concernait toute la gamme : Clio (la plus diffusée avec 1800 exemplaires, sur base RT 1.7 92 ch), 19 (500 ex sur base TXI 1.7 107 ch), 21 (300 ex sur base TXI 2.0 140 ch), 25 (300 ex sur base TXI 2.0 140 ch), Espace (100 ex sur base V6 2.8 153 ch), et Jeep Cherokee alors encore distribuée par Renault (49 ex sur base 4.0 L6 de 189 ch, lire aussi : Jeep Cherokee XJ).
Et l’Alpine me direz-vous ? Oui, deux exemplaires « Olympiques 92 » de l’Alpine A610 (lire aussi : Alpine A610) furent réalisés, mais sans réelle volonté d’en commercialiser une série. C’était juste pour transporter certains « very » VIP et faire de l’image pour soutenir (si peu) l’A610 déjà en perdition. Ces deux modèles seront revendus comme des occasions après les jeux, faisant le bonheur de leurs heureux propriétaires, touchant ici au graal des 610 (bien plus encore que la Magny-Cours, lire aussi : Alpine A610 Magny-Cours).
Les Renault « Olympique 92 » étaient toutes basées sur le « presque haut de gamme » de chacun des modèles (RT ou RXI pour les modèles courants) voire haut de gamme (RXE V6 pour l’Espace, Cherokee, et ne parlons pas de l’Alpine). Hormis la Clio qui disposait d’enjoliveurs (blanc), toutes les autres recevaient des jantes en alliage peintes en blanc, et de strips Olympiques 92 ainsi que du logo à l’arrière. La sellerie en cuir gris et les rétroviseurs dégivrant électriquement (bah ouais, la montagne, ça vous gagne) complètent l’équipement déjà riche. Au total donc (en tenant compte des A610), 3051 exemplaires furent proposés et vendus plus ou moins facilement tout au long de l’année 1992. Aujourd’hui, les survivantes se font rares, mais surgissent de temps en temps, à la vente ou en présentation sur des forums auto. Au moins une des A610 Olympique 92 est connue (peut-être même les deux, à confirmer).
Bref, si vous cherchez de la « young » bien équipée, rare, reliée à un événement historique et sportif d’importance, quoi de mieux qu’une Olympique 92, surtout qu’il y en a pour tous les goûts. A vous maintenant d’en trouver une : il y aura toujours une place dans les « caisses de lecteurs » de Boîtier Rouge pour votre nouvelle monture !