Renault 6 : la besogneuse !
La Renault 6 a toujours été pour moi un mystère. Dans ma campagne berrichonne, où je passais mes week ends et vacances, j’en croisais sans arrêt au début des années 80. Son look si pauvre, ni rétro ni moderne, sans aucun sex appeal, n’empêcha pas (je ne l’appris qu’après) la R6 de rencontrer le succès à l’ombre de ses sœurs plus modernes ou plus emblématiques que furent les R4 ou R5.
La R6, c’est un peu la discrète, la besogneuse, celle en laquelle on ne croit pas mais qui malgré tout fait son bonhomme de chemin. C’est un peu l’enfant aux talents bien cachés qui finit par réussir à force de ténacité. Lancée en 1968, elle est à des années lumières de la révolution de la jeunesse qui naît en même temps qu’elle.
En vérité, elle n’a rien d’une révolutionnaire (malgré son hayon qui devient la marque de fabrique de Renault). La R6, c’est une voiture moyenne, de moyenne gamme, pour classe moyenne. Et contre toute attente, ça marche : entre 1968 et 1980, date de l’arrêt de sa production, ce sont pas moins de 1,7 millions d’exemplaires produits. Et cela alors que Renault ne fera jamais de grands efforts pour la vendre. Cette super 4L n’aura jamais l’aura de sa petite sœur, mais soyons honnête : pour une voiture sans vrai concept (si ce n’est sa place dans la gamme Renault), qui n’évolua jamais vraiment, et plutôt délaissée par les commerciaux de la marque au Losange, le score de vente est plutôt pas mal.
Alors bien sûr, la R6 n’aura pas marqué l’histoire de l’automobile, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais fut-elle un échec pour la Régie ? Sûrement pas. Pourtant, malgré son succès la R6 a petit à petit disparu de nos routes : pas assez intéressante pour survivre aux différentes primes à la casse qui se sont succédées.
Surtout, la R6 c’est un retour en enfance (à mon enfance), celle où les nationales étaient encore des axes de voyage, celle où l’on en voyait passer dans les chemins vicinaux, conduites par l’agriculteur du coin séduit par la robustesse et la simplicité de cette berline décidément très rurale (sans péjoration). Si les R4 et R5 trouvèrent un public citadin, la R6 se cantonna essentiellement au monde rural, plus conservateur.
Aujourd’hui, on peut se payer un petit peu de nostalgie de ces années 70 pour une poignée d’euros, avec un maximum de 1500 euros pour un exemplaire en très bon état. Parfois je me demande si je ne me paierais pas ce petit plaisir. Parce que franchement, aujourd’hui, la R6 est tellement décalée qu’elle semble presque « classe ».
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