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Renault 21 : back to the eighties !

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 02/12/2019

Au milieu des années 80, il se passait de drôles de trucs en France : après Ghostbusters en 84, Retour vers le Futur en 1985, Renaud lançait Miss Maggy (quel déglingo) en 1985 et Renault la R21 l’année suivante. Voyage Voyage. Comme une boule de flipper, la régie se voyait déjà conquérir l’Amérique (et ses états d’âme) avant de se rendre compte qu’elle avait déjà tout fumé les Craven-A, tandis que le voisin sochalien lançait sur le marché sa 405, un sacré numéro elle aussi ! Clac fait le verre en tombant sur le lino ! La guerre était déclarée…

Toute une époque, s’il en est, celle où même la très conservatrice maison Peugeot osait Talk Talk pour sa 205, celle où les deux constructeurs se tiraient la bourre aussi bien à la télévision qu’aux repas du dimanche dans les foyers français : “Papa est Peugeot, Tonton est Renault”, et cela voulait dire beaucoup (comme un piano debout). En 1986, année de la présentation de la Renault 21 qui remplace la R18, Peugeot ne cultive plus que la 205 avant de renouveler sa gamme : en face d’elle, Renault ne trouve que la vénérable 305. Heureusement, Citroën avait lancé en 1982 la BX qui, malgré son design clivant, réussissait à conquérir les citroënistes, mais pas seulement !

La 21, une anti-BX

La 21, c’est une 18 carrée… C’est une 25 conservatrice, c’est une anti-BX : froide, consensuelle, tricorps sans même oser la folie 25 (c’est dire : un hayon ! Heureusement la Régie en ajoutera un opportunément en 1989). La 21, c’est le choix de la raison face à la BX ou aux vieillissantes 305. C’est aussi le choix de la stratégie enclenchée par Georges Besse : la qualité avant l’originalité, ce qui donnera la 19 ensuite, la concurrente de la Golf sur le terrain de la Deutsche Qualität.

En 1986 (et non pas en 1990 comme le chantera plus tard Jean Leloup) sort la petite bombe de Billancourt encore active, la 21. Et croyez-le ou non, nous étions impressionnés, nous, jeunes garçons, devant ce design pourtant anodin signé Italdesign (aka Giorgetto Giugiaro). Et oui, c’était moderne une 21 en 1986, comparée à la 18 ou la 305. La 405 n’était encore que dans les starting blocks. Elle mettra un coup de vieux à la 21 dès son lancement en 1987, mais Renault rectifiera le tir en 1988 avec une R21 2 litres Turbo de derrière les fagots, qui entraînera le renouveau de la gamme par la suite.

Duel au soleil avec la 405

Peugeot répliquera avec la 405 Mi16. Renault, avec sa sportive, initiait le futur restylage (bienvenu). En attendant, la 21 avait pris ses aises sur le marché français et européen, avec notamment une Nevada à même de concurrencer la vieillissante 505 break en version 7 places. Sous le capot, que du classique (du “F”, du “Douvrin”, parfois longitudinal, parfois transversal) et cette explosive version Turbo dotée (comme d’autres modèles de la gamme, d’une transmission inédite dénommée Quadra, qu’on retrouvera sur l’Espace aussi).

Si la qualité tant espérée n’était pas au rendez-vous (malgré d’indéniables progrès), la 21 n’était pas là pour faire de la figuration. Avec le restylage, elle se présentait en version 4 et 5 portes, break, 4×4 et sportive, avec la 405 dans le viseur. Longtemps, la France se divisa en deux : ceux qui roulaient en 21, et ceux qui préféraient la 405. Avec le restylage (toujours) la 21 gagnait en virilité et en modernité, de quoi aborder les années 90 avec panache.

Quelle valeur sur le marché des Youngtimers ?

Qui peut aujourd’hui dire que la 21 était une mauvaise voiture ? Personne. Sûrement plus sexy dans ses versions “sportives” 2 litres Turbo ou TXi, mais surtout utilitaire en Nevada, robuste en diesel, quoi qu’il arrive la 21 “faisait le job”. Et c’est bien ce qu’on lui demandait, en somme. Voyage Voyage pour rester dans le thème, la 21 en donnait pour son argent et pour longtemps. Il en reste quelques-unes, roulant au gré des départementales du Berry, du Gers ou du Massif Central.

Aujourd’hui, il ne faut pas rêver : la 21 ne vaut rien, sauf dans ses versions turbo-compressées (ABS Bienzür) et ses rares versions Quadra. Elle rend pourtant encore beaucoup de services tel Bob Morane contre tout chacal, notamment la Nevada. Remplacée par la très sage Laguna (sauf dans sa très rare version Biturbo ou, mieux, BTCC), la bougresse aura tout de même trouvé un peu plus de 2 millions de clients. Sans compter les quelques exemplaires vendus aux States nommés Medallion (pourquoi ? nul ne le sait).

En collection aujourd’hui, la 21 n’a de valeur qu’en 2 litres turbo… Pour l’instant. Les Quadra devront, normalement, commencer à intéresser les avertis, les Medallion encore plus, sans parler de la rare version Olympique qui vaut son pesant de cacahuètes. En attendant, la 21 (surtout en Nevada) est un parfait daily : à vous de voir.

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